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VRS n°354 08/2003

VRS1 août 2003

Dossier : la crise de la recherche


L’édito de Jacques Fossey, secrétaire général du SNCS-FSU : 700 000 chercheurs en plus pour l’Europe

Depuis un certain temps on assiste à une campagne idéologique contre la recherche publique française,
orchestrée, entre autres, par le mensuel La Recherche et son ex-rédacteur en chef, Olivier
Postel-Vinay (OPV). À lire ce dernier, le système français est le plus cher et le plus nul qui soit, bloqué
par la lourdeur de l’administration et des syndicats archaïques ultra puissants. Pour mener à
bien sa démonstration, OPV n’hésite pas à manipuler les indicateurs (voir les articles d’Audier et
de Chaouat). Il revendique que nous passions immédiatement au modèle anglo-saxon.
Nous ne pouvons pas éviter un débat en profondeur concernant le devenir de notre système de
recherche. Nous ne pouvons pas non plus nous limiter aux quelques anathèmes habituels. Nous
devons parfaitement apprécier les arguments des adversaires du modèle français pour mieux les
combattre. C’est la raison pour laquelle nous avons volontairement donné la parole à ceux qui
réclament «des solutions pour que la France reste un grand pays scientifique et d’innovation industrielle
» (voir l’article de Rémi Barré) et qui, pour cela, sont prêts à soutenir certains aspects de
l’analyse d’OPV.

Certes, l’Europe, et la France en particulier, a besoin de réaliser un énorme effort d’investissement en moyens et en hommes pour amener son potentiel scientifique au niveau de celui des États-Unis. Ce qui est conforté par un rapport de la Commission européenne. D’ici à 2010, l’Union européenne
a besoin, quel que soit le modèle d’organisation, de 700 000 chercheurs supplémentaires.

Pour cela il faudrait, dès 2004, embaucher chaque année, en Europe, 150 000 chercheurs dont 100000 au titre des emplois supplémentaires, et environ 50 000 pour compenser les départs à la retraite. Soit un taux de recrutement annuel de 9%. Il y a actuellement 1,6 million de chercheurs
dans l’Union européenne. Pour respecter cette proportion, le CNRS devrait embaucher 1000 chercheurs par an. Soit trois fois plus qu’actuellement. On mesure là l’ampleur de l’effort nécessaire.

Il est évident que le gouvernement tourne le dos à ces prévisions. En 2003, il a annulé 30% des crédits
(hors salaires) versés aux organismes de recherche publique, et a supprimé 150 postes de chercheurs. Pour 2004, selon les premières fuites, le BCRD (Budget civil de recherche et développement technologique) n’augmenterait que de 2%. Insuffisant. Compte tenu de la masse salariale
et de l’inflation, ces 2% d’augmentation entraîneront une nouvelle dégradation des moyens des laboratoires. De plus, le nombre de chercheurs bénéficiant d’emplois statutaires stables continuerait à baisser, alors que les emplois scientifiques à statuts précaires (postdocs ou équivalents)
continueraient à croître. De toute façon, on sera loin des 9% réclamés par l’Europe.

Dès le budget 2004, les enjeux pour l’avenir de notre système de recherche public sont énormes. Ils doivent s’inscrire dans l’espoir, non dans le renoncement. Pour construire durablement cet espoir, faites connaître largement cette nouvelle formule de la VRS auprès de vos collègues.VRS n°354



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