Le groupe « Marc Bloch » : charge héroïque ou résistance de la 25ème heure ? (13/07/11)

mmSNCS-FSU13 juillet 2011

par Spartakus *

Comme chaque fois avant des élections présidentielles, de hauts fonctionnaires s’expriment sous un pseudo. La dernière fois c’était « Les Gracques », cette fois c’est « Marc Bloch ». Ce groupe, qui réunit « 59 présidents d’université, directeurs d’établissement d’enseignement supérieur et de recherche et hauts fonctionnaires » a publié dans Les Echos une tribune intitulée : « Universités : pour en finir avec les tours de passe-passe budgétaires ». Enfin ! http://lecercle.lesechos.fr/node/36212

Ce texte acte le naufrage de la politique de Pécresse …

En lisant ce texte, et surtout son titre, on est d’abord plein d’illusions, même si les auteurs ont eu la délicatesse d’attendre le départ de V. Pécresse pour s’exprimer enfin sur le double truandage budgétaire de celle-ci, qui dure depuis 2007, en mettant en exergue :

 D’une part, l’intégration progressive des retraites dans le budget de l’ES-R : « pour une part, cette augmentation est versée au titre des cotisations patronales… que l’Etat se verse à lui-même, pour les pensions ».

 D’autre part, les changements de périmètres : « les dividendes versés par Areva au CEA seront cette année pris en compte dans le budget » . Et de conclure que « Quant au budget 2011 de l’ES, sa hausse est limitée à 1,3 %. C’est moins que l’inflation. ».
Merci de valider en 2011 ce que beaucoup écrivaient depuis 2007. Mais c’est grâce à eux que Le Monde a publié ces informations … avec le même retard

On ne peut aussi que se féliciter quand les auteurs affirment, même si c’est trop tardivement :

 « Cinq ans après [le lancement du Plan campus], les universités n’ont perçu que 70 millions d’euros. Un peu plus de 1 % de la somme vantée par Valérie Pécresse à longueur de communiqués ».

 « Comme l’ont montré de nombreux observateurs, dont la Cour des comptes et les commissions des Finances des deux assemblées, cette réforme a conduit à des stratégies d’optimisation fiscale et à des effets d’aubaine, sans effets significatifs sur la croissance des dépenses de recherche des entreprises ». Le fait que « Marc Bloch » acte auprès du grand public le naufrage de la politique Pécresse est un acte de vérité.

… mais minimise l’ampleur du désastre

Mais, ce texte minimise l’ampleur du désastre. Se peut-il que, sur les ravages du Grand emprunt, « Marc Bloch » n’ait seulement à dire que « les sommes à verser d’ici mai 2012 seront modestes » ? Et quand il y a 50000 précaires dans l’ES-R, n’y a-t-il pas d’autres propositions courageuses à faire que de « rompre avec le dogme de la diminution du nombre des fonctionnaires » ? Se peut-il qu’ils aient oublié jusqu’au nom du CNRS ?

Se peut-il qu’à force de côtoyer Pécresse, les auteurs ne sachent, eux aussi, plus compter ! Car enfin si, comme il est dit dans le texte, la promesse de Sarkozy (faite bien avant les élections et non arrachée par la CPU comme il est sous-entendu) était de 1 milliard de plus par an pour l’enseignement supérieur, il ne faut pas oublier qu’elle était aussi de 800 millions par an de plus pour la recherche. Soit, au total, 9 milliards de plus au bout de 5 ans ! Dans ces conditions, comment est-il possible d’affirmer que, depuis 2007, « le solde [la croissance budgétaire] s’élève à peine à 1,7 milliard d’euros. Le tiers de ces engagements solennels », alors ce pauvre 1,7 milliard de plus depuis 2007 [en fait 1,4] ne reflète que l’inflation ! Même, pour les seules universités, un milliard de plus par an, cela aurait donné 15 milliards investis en 5 ans (1+2+3+4+5=15). Cela se serait vu !

http://www.sncs.fr/article.php3?id_article=2627
http://blog.educpros.fr/henriaudier/2010/11/15/l’illusion-par-excellence-entre-2007-et-2011-la-croissance-budgetaire-reelle-a-ete-negative/

L’objectif est-il de limiter l’ampleur des changements aujourd’hui nécessaires ?

Pourquoi ces silences et ces minimisations ? Pour faire oublier que, du fait d’un corporatisme institutionnel, la majorité des membres de « Marc Bloch » a accepté (inspiré ? négocié ? approuvé ?) l’ANR, l’AERES, la destruction des organismes de recherche, l’explosion des CDD et, corrélativement, cautionné la LRU et cette autonomie-croupion qui fait de chaque président, bon gré malgré (certains ont résisté), des obligés du ministre.

Ce groupe est sans aucun doute hétérogène et ne rassemble pas tous les présidents. Certes, un haut fonctionnaire est tenu à un certain devoir de réserve. Certes, le chantage permanent qu’a exercé Pécresse sur les présidents d’universités a pu brider leur expression. Aussi, ma critique vise-t-elle le contenu de ce texte. Faut-il voir dans ce texte à la fois la volonté de faire oublier la passivité (l’hostilité ?) de beaucoup de ses auteurs lors du grand mouvement de 2009 et celle de limiter l’ampleur des changements aujourd’hui nécessaires ?

Car, au-delà de ces critiques, si texte pose un problème, c’est parce qu’il a l’apparence d’un lobbying organisé par de hauts fonctionnaires et des présidents d’université. Envers qui : contre le pouvoir en place ? Ou envers ceux qui, depuis 2007, se battent contre la démolition et l’asphyxie financière de notre système d’enseignement supérieur et de recherche et espèrent en un changement significatif ?

Le dialogue est encore possible ; il est même indispensable. Mais il doit être clair que le temps où les pauvres grouillots de base se battent et se débattent, dénoncent, analysent et proposent tandis que d’autres écriraient le programme du futur, ce temps là est terminé. On ne va recommencer l’expérience Allègre.

* Après une longue enquête, il semble que derrière ce pseudo se cacherait l’un de ces grouillots, nommé Henri Audier.



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