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Saclay : le bal des sectaires qui se prennent pour des sphinx : SNCS-HEBDO 11 n°13 du 12 juillet 2011

VRS12 juillet 2011

Un an après le vote de la loi sur le « Grand Paris », les manœuvres continuent sur le plateau de Saclay. Rien ne va bien sûr assez vite pour l’instigateur en chef de « l’opération d’intérêt national ». L’échec piteux de l’IDEX saclaisienne, que nous avons raconté le 6 avril dernier (cf. SNCS-Hebdo 11 n°6) a provoqué la nomination par le Premier ministre d’un « chargé de mission temporaire », chargé de « finaliser » (sic) le projet Saclay. La Vie de la recherche scientifique (VRS n°385, p. 10) a déjà rappelé qui est ce condottiere autorisé, tel le général Massu à Alger, à « utiliser les méthodes [qu’il] juger [a] les plus appropriées » pour arriver à ses fins. Ajoutons seulement à son palmarès que Jean-Marc Monteil a été, en tant que premier président de l’AERES, un ardent constructeur du système de pilotage autoritaire et stérilisant qui étouffe aujourd’hui la vie scientifique de notre pays. Les structures de gouvernance autoritaires mises en place sur le plateau de Saclay procèdent évidemment de la même logique. Cette logique suscite, de plus en plus en France, une résistance légitime de la communauté universitaire contre les IDEX. Le SNCS appelle ses militants à organiser partout la résistance contre cet autoritarisme dévastateur !

Christophe Blondel, trésorier national du SNCS-FSU

SNCS-HEBDO 11 n°13 du 12 juillet 2011


Merveilleuse à plus d’un titre, la lettre de mission de François Fillon à Jean-Marc Monteil mérite qu’on y revienne un instant. Cela commence par du béton : « le gouvernement a dégagé des moyens importants pour réaliser des opérations immobilières structurantes » ; cela finit par du béton : « lever les éventuels obstacles y compris en matière d’urbanisme et d’infrastructure ». Entre les deux, les incantations habituelles à la « haute technologie » (qui n’est stricto sensu, par opposition aux techniques, que l’art d’en parler …) Le béton est l’alpha et l’oméga de la pensée gouvernementale.

Lorsque les chefs de ce plateau présidentiel daignent paraître devant le pauvre peuple universitaire, comme à la cérémonie d’anniversaire de la loi « Grand Paris » le 4 juillet à Orsay, on a bien l’impression que c’est du béton liquide qui coule dans leurs veines. La communication entre chercheurs n’est dans leur bouche qu’une affaire de trottoirs (parfois), de routes (peu), de métro (beaucoup – le marché doit être plus juteux) et d’hypothétiques parkings souterrains (quand on les pousse à l’avouer). Que la communication et l’économie même puissent passer de plus en plus par des médias immatériels n’est tout simplement pas pris en compte : il faut rapprocher physiquement chercheurs et industriels et pour cela il faut bé-ton-ner !

Le gouvernement de l’opération Saclay par une « fondation de coopération scientifique » (FCS) se précise. La représentation démocratique des personnels y est évidemment réduite à la portion congrue. L’IDEX saclaisienne doit être conçue par des scientifiques avant tout excellents, tellement excellents que le « sénat académique » local est composé dans le plus grand secret ! Ce putsch académique a tout de même une apparence : un quarteron composé du chef de commando Monteil, du président de l’établissement public, du président et du directeur de la FCS. Autour d’eux, pour le palmarès des discours qui font froid dans le dos, c’est toujours le président du conseil d’orientation de Paris-Tech, Bertrand Collomb, qui tient la corde avec son désormais fameux « nous ne voulons pas d’une république universitaire » ! La communauté des chercheurs et enseignants-chercheurs de l’université Paris-sud, traitée par ces barons avec la plus grande désinvolture, se rend de mieux en mieux compte à qui elle a affaire : des féodaux en passe d’obtenir le label universitaire – « université Paris-Saclay » – sans avoir introduit une once de bonne pratique universitaire dans leurs établissements.

Quant à la recherche, elle est évidemment plus menacée que jamais d’être vendue par appartements. Sous prétexte de rendre l’IDEX 2 encore plus excellent que l’IDEX 1 (qui a raté), la menace s’affirme de n’en faire bénéficier que 30% des thématiques/labos/équipes (rayer les mentions inutiles). Ces déviances et l’oubli, dans la précipitation qui a présidé à tous ces échafaudages, des procédures obligatoires de consultation des instances représentatives, nous donnent heureusement des armes pour résister. La résistance contre l’EXclusion et contre la privatisation par les FCS s’étend naturellement et va en s’amplifiant.

Ceci bien sûr n’est conçu que pour notre bien, pour nous donner, encore plus largement, le chauffage et la lumière ! Mais quel gâchis, quelle erreur, quel anachronisme de vouloir recréer, à Saclay ou ailleurs, de l’esprit de clocher … L’image de marque se crée aujourd’hui, au minimum, à l’échelle d’un pays entier ; c’est la qualité allemande qui fait la force de l’Allemagne. La recherche du XXIème siècle ne sera pas de Saclay ou d’aucun autre pôle particulier, elle sera, au moins, nationale. C’est pourquoi nous avons tant besoin des organismes de recherche nationaux, dont l’étouffement méthodique, par le gouvernement actuel, est un crime. C’est à l’échelle du pays, en attendant de le faire peut-être un jour au niveau mondial, que nous reconstruirons, dès l’année prochaine, dans la liberté académique, la république des savants.



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