VRS n°401 07/2015
ACTEURS DES METIERS TECHNIQUES ET ADMINISTRATIFS
DANS L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET LA RECHERCHE
Ils se qualifient parfois d’invisibles. Ils ? Les techniciens, les ingénieurs, les personnels de l’administration, des bibliothèques, des secteurs sociaux et de la santé… ceux qui font vivre la formation et la recherche dans l’université et les établissements scientifiques. C’est que « beaucoup reste à faire pour qu’ils soient associés à la formulation des objectifs du service public, à la conception des projets d’établissement… pour qu’ils aient accès à l’expertise indispensable à la mise en oeuvre des projets de formation, de recherche, de gestion des entités et des personnels, d’amélioration du cadre de vie » comme nous l’écrivions déjà en 2009(1) .
Dans le même temps, ils sont en première ligne face à l’explosion des contraintes administratives et techniques, dont le volume va croissant, alors que la pénurie des postes, la précarisation de l’emploi, la sous-traitance et l’externalisation de certaines missions explosent. Quant aux outils logiciels performants qui font désormais partie de leur quotidien, ils requièrent des compétences qui n’ont plus rien à voir avec des tâches d’exécution.
Tous parlent de cette bureaucratisation exponentielle qui les empêche de se consacrer autant qu’ils le souhaiteraient à leur coeur d’activité, du manque de reconnaissance et de valorisation de leurs compétences, de l’absence de perspective professionnelle. Mais tous racontent aussi leur enthousiasme, voire leur passion, pour leur métier et leur engagement dans l’oeuvre collective de l’enseignement supérieur et de la recherche publics.
Ils prennent la parole ici, dans toute leur diversité.
Chantal Pacteau
(1) Mensuel LE SNESUP n° 576, juin 2009, p. 9 (http://www.snesup.fr/Presse-et-documentation?cid=380&ptid=5&aid=4237).
ÉDITO
En Europe, l’austérité obère l’avenir de la jeunesse et le développement de nos pays
En France, un nouveau secrétaire d’état à la recherche et à l’enseignement supérieur (ESR) vient d’être nommé à la tête du Ministère. Il s’engage à ce que le budget 2016 de l’ESR soit au moins égal à celui de 2015 ! Lequel ? Celui de la loi de finances, déjà en recul par rapport à 2014, s’agissant des organismes de recherche (programme 230) et des établissements d’enseignement supérieur (programme 150) avec 200 millions d’euros de dépenses supplémentaires non financées, sinon en faisant les poches des universités ? Ou celui réalisé en 2015 avec, à ce jour, un surcroît de 93,4 millions d’euros d’annulations de crédits de paiement dont 45 millions d’euros pour le CNRS et 11 millions d’euros pour l’enseignement supérieur, pour rendre compte de la moindre titularisation de personnels précaires ! La France, sixième puissance économique mondiale, consacre moins de 0,78 % de son PIB à la recherche publique et moins de 1,3 % à l’enseignement supérieur, soit moins que la moyenne des pays de l’OCDE. Cette situation fait peser sur les personnels un surcroît de productivité intolérable.
Pendant ce temps, la troïka plonge la Grèce dans l’austérité culpabilisatrice et paupérisante en lui imposant de dégager 1 % en 2016, 2 % en 2017, … d’excédents budgétaires. Cela revient à payer aux créanciers l’équivalent de l’ensemble de son budget de l’ESR (1 % du PIB), à sacrifier la jeunesse grecque et les agents des organismes de l’ESR de ce pays pour enrichir des créanciers, fussent-ils des États de l’Union Européenne ayant racheté les obligations pour permettre aux investisseurs privés d’échapper au risque de défaut de paiement. Il est temps de construire une autre Europe basée sur la solidarité entre les peuples.
En France les PIA(1), les regroupements et les modèles d’affectation des budgets aux opérateurs ont fait exploser les inégalités entre établissements, laboratoires et personnels. Il est temps de reconstruire une autre carte de l’ESR avec une allocation des moyens fondée sur un aménagement du territoire équilibré garant de l’accès au service public de l’ESR pour tous les citoyens et pour tous les acteurs économiques, culturels et sociaux.
Hervé Christofol
Secrétaire général du SNESUP-FSU
(1) Programmes d’investissements d’avenir
[| Sommaire |]
Actualités
Dossier :
Acteurs des métiers techniques et administratifs dans l’enseignement supérieur et la recherche
Personnels techniques et administratifs de la recherche. Constitution d’une identité professionnelle Daniel Steinmetz
La syndicalisation dans l’enseignement supérieur et la recherche en France Jacques Fossey
Le RIFSEEP, un emblème de l’idéologie managériale en action ! Bruno Leveder
Actualisation du référentiel des métiers. Le savoir-être, deuxième pièce du puzzle François Bonicalzi
Les ingénieurs et techniciens du CNRS : quelques données de cadrage Florence Audier
Bibliothécaires, ingénieurs, administratifs, techniciens, personnels sociaux et de santé : des fonctionnaires ordinaires ? Bernard Teissier
Gérer les parcours de vingt mille étudiants Louisanne Parisé
Parcours d’une technicienne gestionnaire au CNRS Mireille Choquet
De l’Inserm à l’université Lucianne Zabijak
Les personnels techniques dans la chaîne de décision Christophe Hecquet
Drame silencieux à l’université Sandra et Sophie O’Llog
Quels défis devant la bibliothécarisation du monde ? Christian Viéron-Lepoutre
Propos croisés d’acteurs d’universités et d’organismes de recherche Anne-Marie Tixier Dubosc, Magali Vergnes, Hervé Christofol, Antoine Cochet, Patrick Guedj
La réorganisation de l’Institut de l’information scientifique et technique du CNRS Elise Blotas et Jean Dubessy
La rémunération des agents contractuels : une question secondaire ? François Ferrette et Raphaëlle Krummeich
L’agence de mutualisation des universités et des établissements d’enseignement supérieur et de recherche Stéphane Athanase
Une brève histoire du Cristal Denis Guthleben
Zoom
Jean Zay, vers le CNRS. La fable des deux Jean, ou la rencontre du savant et du politique Denis Guthleben
Hors-champ
Le sexe des chercheurs et le genre des recherches Marc Guyon