« Adresse aux candidats à l’élection présidentielle… et aux électeurs ! » du C3N du CNRS (28/02/2012)
aux candidats à l’élection présidentielle… et aux électeurs !
Le C3N, composé du président et du
bureau du Conseil Scientifique du CNRS, des dix présidents des Conseils
Scientifiques d’Institut du CNRS, du président et du bureau de la
conférence des présidents des sections du Comité National de la
Recherche Scientifique, s’est réuni ce 28 février 2012 à Paris. Au nom
des instances qu’ils représentent, les participants souhaitent relever
l’erreur consistant à voir comme une réussite la réforme de
l’enseignement supérieur et de la recherche, et veulent témoigner de
son insuccès par l’adresse suivante :
Contrairement à ce que disent François Hollande et Nicolas
Sarkozy, la réforme de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
n’est pas une réussite ! Au lieu de promouvoir « la lisibilité et la
visibilité » et de favoriser l’innovation et les partenariats, ces
réformes n’ont fait qu’accroître la complexité, le conformisme et la
compétition stérile.
La politique des Investissements d’Avenir aboutit, sous couvert
d’excellence, à empiler les structures, dans une compétition
contre-productive entre les territoires, les régions, les
établissements, les laboratoires, et même entre les individus. Le
résultat est un grand gaspillage d’énergies, de compétences et de
moyens, un déni de démocratie et la création de déserts universitaires.
Il est temps de supprimer les structures redondantes.
En matière d’évaluation, l’Agence d’Evaluation de la Recherche et
de l’Enseignement Supérieur fonctionne de manière opaque et souvent
insatisfaisante. Nous préconisons qu’elle s’appuie largement sur
l’expertise du Comité National et du Conseil National des Universités,
qui émanent de façon transparente de la communauté scientifique.
La recherche à long terme et la prise de risque, toutes deux
nécessaires à une politique ambitieuse, ne peuvent pas se contenter de
financements sur projets et à court terme (Agence Nationale de la
Recherche, régions, Europe etc..), ni des emplois précaires qu’ils
génèrent. Les réformes ont affaibli le financement de base des
laboratoires, réduit en moyenne sur le quinquennat d’au moins un tiers,
parfois beaucoup plus. Nous préconisons un rééquilibrage d’urgence
entre financements de base et sur projets.
Le Crédit Impôt-Recherche (CIR, plus de 5 milliards d’euros en
2011, soit plus de dix fois ce que le CNRS peut affecter à ses
laboratoires) est une mesure dont l’efficacité a été sérieusement
critiquée par la Cour des Comptes. Il n’a pas l’impact attendu sur la
recherche, y compris sur le plan de l’innovation et des partenariats.
Redéployer vers la recherche publique la part du CIR revenant aux
grandes entreprises (au moins 3 milliards) en multiplierait
l’efficacité.
Il est urgent de mettre en œuvre une réforme concertée et
intelligente, qui s’appuie sur les compétences internationalement
reconnues de la recherche et de l’enseignement français.