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Pécresse à Orsay. Tract des syndicats.(16/11/2010)

mmSNCS-FSU16 novembre 2010

Médaile fields Pecresse ne sait pas compter

Déclaration intersyndicale des Personnels Orsay-Saclay Université Paris-Sud 11, CNRS, INRIA,
à l’occasion de la venue de Mme Pécresse à Orsay le 16 novembre 2010

Madame la Ministre,

Vous venez célébrer la médaille Fields de notre collègue Ngô Bao Châu,

Comment osez-vous ?

Vous qui semblez ne pas savoir compter, puisque vous annoncez régulièrement que l’enseignement supérieur et la recherche vont bénéficier de MILLIARDS supplémentaires, alors que nous voyons bien que nos budgets de fonctionnement sont en baisse (de 10 à 15% pour le CNRS, 20% pour l’INRIA, ..), alors que notre Université n’a même pas le budget suffisant pour mettre tous ses locaux en sécurité cette année.

Vous qui épuisez l’énorme potentiel de recherche français en asphyxiant nos scientifiques, noyés sous des montagnes de dossiers à remplir pour le moindre besoin de financement.

Vous qui fermez la porte aux jeunes scientifiques en ne leur offrant que des contrats précaires en guise d’avenir.

Vous qui donnez à des comités opaques, ANR, AERES, et autres RTRA, FCS, etc. des pouvoirs de contrôle scientifique, alors que la science se nourrit d’échanges collégiaux entre pairs.

Vous qui annoncez des objectifs d’amélioration du taux de réussite des étudiants en Licence, alors que vous refusez les créations d’emplois d’enseignants-chercheurs et d’enseignants nécessaires pour améliorer l’encadrement.

Vous qui demandez l’extension des horaires d’ouverture des bibliothèques universitaires, sans accorder le moindre moyen supplémentaire pour cette mission, hormis l’encouragement à l’emploi-étudiant, travail précaire et mal rémunéré

Vous qui voulez mettre en place sur le Plateau de Saclay, à marche forcée, un « cluster » regroupant établissements publics et privés, qui sera caractérisée par  un empilement de structures (FCS, EPPS, PRES, etc.) où les personnels et les étudiants ne seront pas ou quasiment pas représentés, alors que des pans entiers de certains établissements en sont exclus et que le problème des transports publics n’est pas résolu.

Alors, Madame la Ministre, ce n’est certainement pas grâce à vous, mais plutôt malgré vous, que nous célébrons la médaille Fields de notre collègue !

Ces trois dernières années, la résistance des personnels a permis de retarder le démantèlement de l’enseignement supérieur et de la recherche, mais une grande partie de votre programme a été engagée.

Au-delà des manifestations, il faut continuer et étendre la lutte dans l’unité la solidarité et la détermination pour mettre en place des solutions qui permettront d’inverser durablement la spirale des régressions sociales en cours.

Depuis quelques mois, les directions des différents organismes de recherche sont devenues des acteurs de plus en plus zélés de la liquidation des organismes qu’ils ont en responsabilité. Les exemples sont nombreux : mise en place des « alliances » par le CNRS et l’INSERM qui ne se considèrent plus que comme les accompagnateurs des futures « grandes universités de recherche ». Dans les organismes plus spécialisés, création du consortium Agreenium par l’INRA, de l’AIRD (Agence inter-établissements de recherche pour le développement) par l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement), fusion de l’INRTS (Institut National de Recherche sur les Transports et leur Sécurité) et du laboratoire Central des Ponts et Chaussées, démantèlement annoncé de l’INRP (Institut National de Recherche Pédagogique) par son intégration à l’ENS de Lyon.

La mise en œuvre du « grand emprunt » illustre la stratégie de choc de votre gouvernement : appels d’offre précipités, instances scientifiques court-circuitées tant dans les organismes que dans les universités, personnels privés de tout droit de parole et d’intervention, …  Sans aucun débat réel au Parlement ou dans les assemblées régionales nous allons vers un système à deux vitesses où des territoires entiers seront durablement dépourvus d’universités de plein exercice : tout cela pour privilégier quelques sites dits d’« excellence » qui ne seront peut-être même plus pluridisciplinaires et mettre en place des Pôles Universitaires de Proximité, sorte de collèges universitaires cantonnés à la Licence et déconnectés de la recherche.

Les personnels mesurent déjà les dégâts de votre politique, notamment en termes de montée de la précarité. L’enquête intersyndicale, menée en 2008-2009, a révélé l’existence de 50 000 précaires dans l’enseignement supérieur et la recherche, dont beaucoup vivent des situations dramatiques de souffrance au travail.
Mais les transformations touchent aussi les modalités du travail lui-même. Le développement, qui peut être scientifiquement justifié, des plates-formes expérimentales se fait au détriment de la présence des
personnels techniques dans les équipes de recherche. Une partie du travail des ITA est transféré aux doctorants et aux post-doctorants. Les gestionnaires sont condamnés à subir des mutualisations forcées, destinées à soi-disant rationaliser leur activité professionnelle pour cause de RGPP. Pour de nombreux métiers, l’appel à la sous-traitance est ou sera utilisé pour supprimer des emplois. Le temps que de nombreux chercheurs
et enseignants chercheurs peuvent consacrer à la recherche diminue au profit des tâches administratives liées à la chasse aux financements ou à la prise en charge des tâches administratives relevant jusqu’à lors de personnels BIATOSS en nombre insuffisant. La collégialité, la vie démocratique dans les établissements sont de plus en plus mises en cause pour favoriser la « gouvernance resserrée ». La généralisation du « dialogue de gestion » au CNRS est un nouvel outil de pilotage par étranglement. La politique d’individualisation des rémunérations, qui conjugue les bas salaires pour certains et les primes inégalitaires pour les personnels de toutes catégories, vise à casser les solidarités et nuisent au travail en équipe. Les tensions s’exaspèrent dans la plupart des collectifs de travail.

Votre politique a aussi des conséquences scientifiques dramatiques. La politique d’appels d’offre à tout crin, conjuguée à la mise en place des « Laboratoires d’Excellence », les LABEX, va contribuer à leur
démantèlement et déposséder les EPST ainsi que les Universités de toute autonomie scientifique et les personnels de recherche et d’enseignement de leurs libertés scientifiques et pédagogique. Sous le fallacieux prétexte de créer quelques « champions », c’est donc la fin programmée de tout ou partie des UMR (Unités Mixtes de recherche). La qualité de la production scientifique en sera la première victime, sans garantie
que l’innovation en sorte gagnante. Par ailleurs, si certains projets bénéficient de financements considérables qui ne peuvent être dépensés que par le recrutement de nombreux CDD, dans de nombreux domaines les
financements manquent pour les projets originaux ou pour les secteurs où la veille scientifique s’avère nécessaire. Ce sont aussi de nombreuses formations qui risquent de disparaître à terme ou de rejoindre d’autres universités d’Ile de France. Ce sont de nombreux étudiants – et notamment ceux issus des populations les plus défavorisées – qui risquent d’être victimes de votre politique.

Le progrès des connaissances et une expertise scientifique indépendante sont des éléments fondamentaux du progrès humain.  Le service public de recherche et d’enseignement supérieur ne doit pas être réduit a des objectifs utilitaires à court terme et doit garder les moyens et les caractéristiques qui lui permettent de remplir ses missions au service de l’intérêt collectif.

A Orsay, le 15 novembre 2010

CNT Orsay, FERC-Sup CGT, Sgen CFDT, SNASUB FSU, SNCS FSU, SNEP FSU, SNESUP FSU, SNTRS CGT, SUD Recherche, Sup Recherche UNSA



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