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VRS n°356 02/2004

VRS1 février 2004

Dossiers : Manifestations, démocratie, légitimité/ La recherche trahie


L’édito de Jacques Fossey, secrétaire général du SNCS-FSU : L’exception scientifique
française

Il a été fait souvent référence à l’exception culturelle française. Celle-ci permet à notre pays d’avoir
encore aujourd’hui une cinématographie qui ne soit pas complètement écrasée par la production
hollywoodienne. Elle est aussi fermement défendue par les intermittents du spectacle en lutte.

Nous sommes confrontés à la même situation pour le développement scientifique et technologique.
La France économique et politique s’est construite sur des valeurs inspirées du colbertisme et du jacobinisme. Cela a permis de grandes réalisations industrielles adossées à la recherche et à la technologie dans le nucléaire, les transports ferroviaire et aérien, la conquête de l’espace… Ses succès sont le fait de grandes entreprises de taille nationale ou européenne: CEA, EDF, SNCF, Alstom, Ariane espace, Airbus industrie.

Dans la recherche, nous avons su, après la Seconde Guerre mondiale, mettre en place de grands organismes comme le CEA, le CNRS, le Cnes, l’Inra, l’Inserm… Ceux-ci ont joué un rôle important dans le développement scientifique mondial. Ces établissements se sont développés grâce au
financement de l’État et à des personnels sur statuts pérennes. Ils ont leurs propres stratégies, leurs laboratoires et les partenaires nécessaires. Ces EPST et Epic sont, avec les universités, les principaux responsables des bons résultats de la recherche française. Rappelons, qu’en 15 ans, la part mondiale des publications françaises s’est accrue de 24 %, avec un indice d’impact stable.

Lors de la présentation du budget 2004, la ministre déléguée à la Recherche a expliqué clairement
que le gouvernement voulait passer d’une logique de financement de structures à une logique de financement sur projets. De quoi s’agit-il exactement? D’abandonner le modèle français pour adopter la logique anglo-saxonne. Celle-ci s’appuie sur le contrat et les institutions dirigeantes interviennent via le financement sur projets. C’est la stratégie choisie par l’Europe qui possède peu
de laboratoires en propre mais finance de nombreux projets via le Programme cadre de recherche et développement technologique (PCRDT).

Dans ce modèle, les personnels n’ont pas de statuts garantissant leur emploi : soit, ils sont embauchés au niveau local, soit, ils ont des postes temporaires financés par les projets. Pour ce modèle le statut de chercheur titulaire fonctionnaire est une hérésie.
Cette manière de faire permet de contrôler les grands axes de développement sans avoir à assurer les désavantages. La gestion des personnels et des infrastructures est laissée à des établissements supposés autonomes. En France, le gouvernement met en application cette politique en augmentant le poids des différents fonds de financement sur projet.

L’organisation de la recherche publique, à partir de grands établissements, ne présente pas que des désavantages comme voudraient nous le faire croire ses adversaires. C’est au contraire un modèle d’avenir mais pour le défendre, il faut avoir le courage politique de se démarquer de la pensée dominante.VRS n°356



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