Un appel à accueillir plus froidement : « Refonder l’Université française »

mmSNCS-FSU18 mai 2009

Par Henri Audier


Si nous avons a chaudement recommandé l’ouvrage collectif « Université en crise », il convient d’accueillir beaucoup plus froidement l’appel qui émane d’une partie des auteurs de cet ouvrage. Ce d’autant qu’aucun physicien, chimiste ou biologiste n’a participé à la rédaction de l’appel. Cet appel, à qui Le Monde du 16 mai donne une pleine page, est reproduit ci-dessous. L’auteur est en total accord avec l’objectif :  » Le déclin de l’Université, matériel, financier et moral, est désormais bien trop avancé pour qu’on puisse se borner à repousser les réformes proposées. Si des solutions susceptibles de réunir un très large consensus parmi les universitaires et les chercheurs mais aussi au sein de l’ensemble de la société française ne sont pas très rapidement formulées, la catastrophe culturelle et scientifique sera consommée ». Rassembler oui, mais sur quoi et avec qui ?

L’appel est remarquablement écrit. Il escamote les difficultés sur des problèmes majeurs tout en réussissant parfois des synthèses consensuelles. Il tombe aussi à pic pour ceux qui sortent découragés des résultats modestes de la bataille et qui y verront un exutoire pour leur mécontentement. Bref, ce texte coule comme du rosé frais, un mois d’Août ensoleillé.

La transmission des connaissances découlant de leur production, on attendrait un peu plus sur la recherche. Bien sûr, en étant optimiste, on peut considérer que tout est dit dans la phrase, plus que contorsionnée, qui vient en fin des propositions. Il est demandé « que les ressources de financement proposées sur appels d’offre par les agences ne soient pas prélevées sur les masses budgétaires antérieurement dédiées aux subventions de financement des laboratoires, mais viennent s’y ajoute » et qu’il « convient de mettre un terme à la concurrence généralisée entre équipes, induite par la généralisation du financement contractuel, lequel engendre souvent un véritable gaspillage des ressources, en garantissant aux laboratoires un certain volume de soutien financier inconditionnel accordé a priori et évalué a posteriori, notablement plus important qu’il ne l’est aujourd’hui ».

Mais il faut être concret. La survie des organismes, du CNRS notamment, se joue actuellement. « L’arrêt du démantèlement des organismes » est pourtant l’un des quatre mots d’ordre porté par le mouvement. Le seul choix possible, pour s’en tenir à la recherche dans universités, est soit l’établissement de partenariats équilibrés avec les organismes, soit la dépendance des laboratoires de l’ANR, privant les universités de la possibilité de faire une politique. Au moment ou l’AERES ouvre une nouvelle vague de ce qu’elle appelle « évaluation », rien n’est dit dans l’appel sur ce problème alors que plusieurs articles portaient sur l’évaluation et la bibliométrie dans « L’Université en crise ».

Bien d’autres problèmes restent orphelins comme l’aménagement du territoire, les coopérations inter établissement et surtout les moyens, qui sont réduits à la phrase convenue : « l’autonomie ne peut avoir de sens que pour des universités qui voient leurs ressources augmenter ». Rien sur l’emploi, pourtant l’un des quatre mots d’ordre du mouvement. Or pour alléger les services d’enseignement, encadrer le premier cycle comme les prépas, prendre en compte toutes les activités, ce sont 30 000 emplois pour les seuls enseignants-chercheurs qu’il faudrait créer, fut-ce en dix ans. Une paille !

En passant d’une attitude de scientifique dans un ouvrage collectif (« l’Université en crise ») à une attitude politique d’appel, les participants aux deux initiatives ont « oublié » qu’à 90 % ils étaient issus du SHS. Lancer un texte pour « refonder l’université » sans physiciens, sans chimistes, sans biologistes, ne pouvait que conduire à une analyse et des propositions mutilées et partiales.

Parmi une liste de signataires honorables et sincères pour la grande majorité, le plus significatif est l’absence de personnalités dans la mouvance de la plupart des organisations ayant mené la lutte ces derniers mois qui ont été ignorées. Par contre plusieurs pro-LRU zélés, qui ont leur propre responsabilité dans la situation actuelle. On ne gagnera pas sans le concours de toutes les forces ayant impulsé le mouvement, a fortiori en oubliant les thèmes qui ont été défendus.



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