Un déni de la réalité aux conséquences désastreuses
L’IRD se mure encore et toujours plus dans le déni des alertes des agents, des représentants du personnel et des experts au sujet de la souffrance au travail et de certaines dérives managériales. Au cours des derniers mois, une série d’évènements a illustré parfaitement cette situation aux conséquences désastreuses pour les agents et l’institut.
Exemple 1 : La représentation du Niger
Suite à la décision de ‘redimensionner’ la représentation du Niger et malgré l’affichage de l’ouverture d’un espace de concertation et de dialogue pour nos collègues de droit local (communiqué intranet du 24/06/25) avec l’objectif de préserver au maximum les activités scientifiques et partenariales, l’IRD a in fine fait fi de la concertation et des textes règlementaires du Niger, et ce, malgré des demandes répétées des représentants du personnel de droit local et un courrier des 4 syndicats représentatifs de l’IRD. Dans le cas où un employeur envisage un licenciement collectif, le code du travail du Niger exige en effet de l’employeur une consultation préalable des représentants du personnel afin qu’ils soient informés du détail du projet ; procédure qui s’accompagne d’une notification à l’Inspection du travail. C’est en fait un traitement au pas de course et irrespectueux des droits des agents qui leur a été réservé, montrant à quel point l’IRD n’a que faire de ses agents qui souvent, ont travaillé plusieurs décennies pour l’Institut! Conclusions : des agents en souffrance menacés dès juillet de licenciement économique sans accompagnement s’ils n’acceptaient pas des RDV individuels manu militari et depuis le 1er septembre, de licenciement économique s’ils n’acceptent pas les conditions initiales de l’IRD (à leur désavantage bien sûr)! Une technique managériale néolibérale bien connue.
Exemple 2 : Cas de l’usurpation d’identité d’agents IRD et non IRD via une faille informatique
Que dire encore de l’accompagnement et de la communication désastreuse dans le cadre de l’usurpation d’identité de nombreux agents de l’IRD et d’établissements partenaires (> 150 personnes à notre connaissance) ayant permis aux usurpateurs de créer des associations fictives à but culturel afin de décrocher a priori des licences pour des spectacles. Malgré l’annonce d’un ‘accompagnement’ et d’une ‘situation sous contrôle’ avec le recensement complet des personnes concernées dès fin mars, des agents ont continué à découvrir l’usurpation de leur identité entre avril et juillet (et ce n’est sans doute pas fini). En avril, lors d’une session dite ‘d’accompagnement’, ils se sont vus accusés d’avoir des mots de passe trop faibles. En gros l’IRD est victime et c’est de votre faute ! Le 2 juin dernier, en CSA, à force de poser des questions, la direction reconnaissait devant nos représentants du personnel que c’est en réalité un compte administratif lié aux concours qui a été piraté! Nous avons aussi découvert un grave problème de RGPD (données personnelles stockées sans consentement au-delà de 2 années). Conclusions : solitude, anxiété et désespérance des agents concernés avec absence de réponses claires à leurs courriers. Cette tentative de dissimulation des faits n’est malheureusement pas une 1ère. à l’IRD (voir communiqué du SNCS-FSU et SNTRS-CGT du 30/06/25). Cette pratique est d’ailleurs parfaitement décrite par le cabinet indépendant CATEIS*. Mais pourquoi ne pas reconnaître les faits et assumer pleinement ses responsabilités en accompagnant réellement les agents victimes ?
Exemple 3 : La représentation en Nouvelle-Calédonie (NC)
Bien que la gouvernance ait connaissance depuis le 23/06 du rapport accablant de CATEIS, d’un signalement de ‘danger grave et imminent’ (DGI) lié à l’hyperbarie déposé par les 4 syndicats représentatifs et de la saisine des Inspections du travail de Marseille et de Nouméa suite à ce DGI pour risques psychosociaux et hyperbares (une enquête est en cours depuis le 11 juillet), elle s’est attelée lors de sa mission en juillet août en NC à soutenir devant des personnalités officielles locales, un certain nombre de personnes au comportement fortement décrié dans le rapport CATEIS (pratiques managériales défaillantes, claniques, autoritaires, humiliantes, ou encore mise en danger d’autrui délibérée,…). Cette communication a profondément choqué les victimes et nos organisations syndicales qui alertent la gouvernance de ces pratiques depuis des années. Ainsi, une mission de 12 à 21 jours de 3 membres de la gouvernance aux frais du contribuable et par temps de déficit majeur et de RSE** n’aura donc pas été l’occasion, a minima, d’une assemblée générale pour échanger avec les agents, reconnaître leur souffrance et agir en conséquence, voire le cas échant, prendre des mesures disciplinaires. Seuls des échanges cloisonnés ont eu lieu, surtout pour « dénoncer » le contenu de certaines parties du rapport CATEIS! Conclusions : désespérance et souffrance des victimes de risques psychosociaux à la parole ignorée. Depuis juillet, la F3SCT attend une réunion d’urgence pour traiter ces problèmes majeurs soulevés par CATEIS tout comme les défaillances au niveau du siège.
Exemple 4 : Les indicateurs RPS (risques psychosociaux) au rouge vermeil au siège
En juin dernier en instance hygiène, sécurité et santé, nous avons fait le constat alarmant suivant : de nombreux services du siège clés accusent un turn over de 30%, une précarité de 25% en moyenne, des arrêts maladies en nombre, etc… Ainsi, de plus en plus d’intérimaires, VSC et même un apprenti dans un service clé, ont fait ou font le travail de titulaires. Conclusions : la souffrance au travail touche à la fois les personnels concernés (les précaires) mais aussi les titulaires, ce qui se répercute sur l’ensemble de l’institut (nombreux dysfonctionnements). Pourtant nos organisations alertent la gouvernance sur cette situation depuis 2023 sans qu’aucune amélioration ne soit observée.
La souffrance au travail et les RPS sont devenus systémiques à l’IRD. Malgré les alertes et indicateurs en nombre, les prises de position de la gouvernance, en instance ou par courrier depuis 2 ans, sont pour le moins stupéfiantes : « c’est le recrutement de chercheurs ou la prévention des risques professionnels», « l’essentiel est que les victimes (de RPS) vivent ces moments difficiles sereinement » ou encore « L’organisation de notre établissement relève de la responsabilité de sa direction, et c’est à celle-ci, conformément au droit et au respect de la dignité des individus, que doivent être adressées les critiques éventuelles [sur des individus au comportement déviant]». C’est ce que nous faisons, mais personne n’écoute! Les victimes de RPS n’ont-elles pas de droits (respect, dignité, protection…) ?
Les pratiques d’un autre temps n’ont plus leur place à l’IRD. Le temps de la censure, des pressions, menaces et autres intimidations sur les victimes de RPS, les représentants du personnel ou toute personne dénonçant les dérives, est révolu.
Nous attendons un changement radical des pratiques et avant tout l’arrêt de la culture de l’impunité à l’IRD. La direction doit se conformer aux textes de lois et prendre enfin ses responsabilités.
Mobilisez-vous pour le changement, rejoignez-nous : sncs-fsu@ird.fr, sntrscgt@ird.fr