Motion du CS de l’Inria sur le COMP
Motion du Conseil Scientifique de l'Inria sur le COMP
Le conseil scientifique est l’instance de réflexion et de proposition de l’institut en matière de politique scientifique. (..) Il donne notamment son avis au conseil d’administration sur les grandes orientations de la politique scientifique de l’institut, les programmes de recherche et le rapport annuel d’activité. (Article R326-15 du code de la recherche)
Le Conseil Scientifique de l’Inria a fait suivre la motion suivante au président de l’Inria, Bruno Sportisse (motion traduite en français par nos soins) :
Au cours des discussions au sein du CS concernant le COMP, les membres élus du CS ont partagé avec le reste du conseil la liste ci-dessous de questions concernant le COMP. Le Conseil Scientifique est préoccupé par l’impact que les questions soulevées par les membres élus pourraient avoir sur la capacité d’Inria à rester une institution de recherche de classe mondiale. Il suggère que ces points soient reconsidérés avant de finaliser le COMP.
Les problématiques soulevées par les membres élu·es sur le COMP sont les suivantes:
- Il y a très peu de références à la science ou à la recherche dans les jalons (7 sur 105) et dans le document en général. Les mots « liberté scientifique » et « créativité » sont absents. Une stratégie ambitieuse qui encourage la recherche à long terme, innovante et créative doit être définie en fournissant un financement stable et à long terme et un environnement de recherche fondé sur les principes de la liberté académique et intellectuelle.
- Le passage au statut de Zone de Recherche Restreinte intégrale (ZRR) (p. 49) et l’idée que le ministère des Armées devienne une tutelle pour Inria (bien que cela ne soit pas explicitement mentionné, mais semble être l’objectif) soulèvent de de sérieuses inquiétudes. Ces changements auront un effet très négatif sur la liberté scientifique, l’attractivité de l’Institut et la qualité de la recherche. scientifique, l’attractivité de l’Institut et l’image qu’Inria donne à l’extérieur. au monde extérieur.
- Le positionnement selon lequel « la mission principale d’Inria est de contribuer à la souveraineté numérique de la Nation par la recherche et l’innovation ». (p. 4) est assez problématique. Nous pensons que la mission décrite dans le décret de création d’Inria reste tout à fait appropriée : « Cet établissement a pour mission, dans le domaine de l’informatique et de l’automatique de l’informatique et de l’automatique, d’entreprendre ou de faire entreprendre des recherches fondamentale ou appliquée ».
- L’objectif de « concentrer les actions sur un nombre limité de partenaires stratégiques » (p. 33) est potentiellement dangereux. Il peut avoir pour conséquence de décourager les échanges scientifiques internationaux « ascendants » et les collaborations entre équipes de recherche, qui sont le moyen le plus productif d’établir une collaboration internationale (plutôt que des « partenariats stratégiques » de grande envergure et lourds sur le plan administratif). D’une manière générale, limiter ainsi les partenariats stratégiques n’est pas une très bonne idée (pourquoi DFKI en Allemagne et pas aussi Max Planck ?). Ce choix est discutable, et des problèmes similaires se posent pour la plupart des autres pays.
—– Fin de la motion
Par ailleurs, nos élu·es ont également partagé, dans leur rôle, les contributions suivantes sur la partie scientifique du COMP (en anglais).
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