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Les temps de la recherche

mmSNCS-FSU3 mai 2024
Dossier de la VRS n°436

Edito par Michel Maric, Patrick Monfort, Chantal Pacteau

Le monde académique a subi des changements radicaux ces dernières décennies. De nouvelles formes de gestion, de financement, l’exigence de performance et de productivité, sans compter l’usage massif des technologies du numérique accéléré par les confinements lors de la pandémie de covid, ont modifié les conditions de travail dans l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR), renforçant l’exacerbation des contraintes temporelles et le brouillage entre temps professionnel et personnel. Ainsi, l’ESR n’échappe pas au mal du siècle – l’accélération du temps – théorisé par le sociologue et philosophe Hartmut Rosa, qui se manifeste par la recrudescence du sentiment d’urgence et de la pression temporelle contrainte.

Né il y a une dizaine d’années, le mouvement de la science lente a décrypté et dénoncé un système de l’ESR de plus en plus conditionné par cette accélération mais il a échoué, comme le rappelle Alessandro Arienzo dans l’article qui ouvre ce dossier. Alors même que plus que jamais les personnels de l’ESR s’épuisent avec l’alourdissement constant des procédures, la multiplication des missions découlant des injonctions des institutions, la fragmentation de l’activité et autres entraves à leurs métiers. En octobre 2020, le dossier du Mensuel du SNESUP « Le temps dans l’enseignement supérieur et la recherche » s’emparait du sujet dans le contexte du déploiement accéléré du télétravail.

Quatre ans après, où en sommes-nous ? Les enquêtes se multiplient, témoignant d’un empirement de l’intensification du travail dans l’ESR. Comment ralentir ? Quels sont les impacts des modes de financement sur les temporalités de la recherche ? Quelles sont les temps de la recherche durant une thèse de doctorat ? Les temps des chercheuses et des chercheurs sont-ils les mêmes ? Telles sont les questions que nous nous sommes posées dans ce dossier qui rassemblent réflexions, résultats d’enquête et témoignages sur les temps de la recherche.

En revenant sur un siècle de développement de la recherche, Jean- Michel Minovez montre comment l’irruption de l’informatique et la volonté politique de pilotage ont démultiplié les temps du travail académique. Florence Audier, Chantal Pacteau et Boris Gralak rendent compte de l’enquête menée par la commission spécialisée du CNESER sur la recherche pour analyser comment le financement par appel à projet transforme les temps de la recherche, à partir des réponses de presque sept mille personnels de l’ESR qui y ont répondu. Si le Livre blanc préliminaire sur les entraves à la recherche réalisé par le Conseil scientifique du CNRS n’aborde pas la problématique sous l’angle temporel, il est évident qu’il la sous-tend tout ou partie, comme le montre Dorothée Berthomieu. Les temps du doctorat aussi sont soumis à l’accélération. Lilian Aveneau, Mary David et Cécile Mary- Trojani en analysent la diversité tandis que, dans un entretien avec Claude Mirodatos, Nolven Guilhaume montre que, dans certaines disciplines, les thèses s’adaptent souvent à un projet largement orienté par les financements plus qu’elles ne sont un temps « ouvert » disposant de sa propre dynamique.

Le dossier se conclut par un texte de Pascale Laborier qui présente, à travers l’exposition « Poser pour la liberté », les temporalités fracassées des chercheurs poussés à l’exil pour fuir les persécutions dont ils sont l’objet. Ils incarnent une autre manière de faire science, en prise avec les tourments du monde…



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