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Dernières statistiques de l’OCDE. 3- Le sacrifice de la recherche publique

mmSNCS-FSU24 septembre 2013

Pour l’OCDE, la recherche publique est divisée entre recherche universitaire et secteur d’Etat.
Contrairement à une idée reçue, nous montrerons que, dans le cadre d’un effort de recherche global
très insuffisant, c’est la recherche publique qui est la plus sacrifiée. (POUR LA PARTIE 2 VOIR :
https://sncs.fr/spip.php?article3426 ).


Des dépenses intérieures de R&D de l’enseignement supérieur médiocres, bien que gonflées

L’OCDE comptabilise sous le vocable DIRDES les dépenses de R&D des universités et écoles.
Pour la France seulement, un organisme (le CNRS) est décompté avec la recherche universitaire :
plus de 90 % de ses implantations sont dans l’université. Les comparaisons internationales sont
biaisées du fait que la DIRDES dépend beaucoup de la proportion estimée de la répartition du
temps de travail des E-C entre enseignement et recherche. Ainsi, les Etats-Unis décomptent un
temps de recherche nul pour les très nombreux « colleges », mais aussi très souvent en SHS. Cela
conduit à minimiser fortement leur effort de recherche. Par contre, en décomptant forfaitairement
50 % de recherche dans l’activité des E-C, la France surestime son effort de recherche.

Tableau 6 : Dépenses intérieures de R&D de l’enseignement supérieur, DIRDES / PIB (2011)

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Compte tenu de ce mode de calcul plus que favorable, la position française en milieu de tableau est
médiocre (Tableau 6). Proportionnellement, la France dépense deux fois moins que le Danemark.
Une paille… Et sans décompter ses organismes de recherche, l’Allemagne est avant nous.

Figure 5 : Evolution de la Dépense intérieure de R § D de l’enseignement supérieur / PIB

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Tableau 7 : Variations DIRDES / PIB (2002-2011)

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En termes d’évolution depuis 10 ans de la DIRDES, la minable vingtième place de la France, ex
æquo avec 4 autres pays, témoigne (Tableau 7), s’il en était besoin, des mensonges de Valérie
Pécresse quant à ses annonces budgétaires, qui furent toujours plus mirifiques au fil des années.

Figure 6 : Evolution DIRDES / PIB pour quelques pays entre 2002 et 2011 (en points de PIB)

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Malheureusement, cette vingtième place est sans doute usurpée. En effet, la dépense principale dans
la DIRDES provient des salaires des E-C. Or en dix ans, leur temps de recherche s’est effondré en
France du fait de l’explosion des heures supplémentaires d’enseignement. De plus, il est de plus que
probable que Pécresse ait transmis à l’OCDE une augmentation des montants de salaire intégrant,
par un simple jeu d’écriture, les cotisations retraites.

Les dépenses du secteur d’Etat se tassent souvent, plus encore en France

La signification de la DIRDET (Dépenses intérieures de R&D du secteur d’Etat, hors universités)
est très hétérogène suivant les pays. Elle représente avant tout la présence d’organismes de
recherche d’Etat finalisés (comme l’INSERM, l’INRIA ou l’IRD en France). Elle implique aussi la
recherche militaire ou des recherches à caractère industriel (en partie : CEA, CNES) pour la France.

Figure 7 : Evolution de la Dépense intérieure de R § D du secteur d’Etat / PIB

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Tableau 8 : Dépenses intérieures de R&D des organismes du secteur d’Etat, DIRDET / PIB (2011)

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Les pays à faible DIRDET sont souvent ceux où la recherche publique est concentrée sur
l’université. C’est le cas notamment du Royaume-Uni, de l’Autriche, de la Suède, du Danemark ou
de la Suisse. Rappelons que, en France, le CNRS est décompté dans la DIRDES. Comme il le sera
confirmé par la suite, l’existence d’organismes n’est pas une exception française : ils ont un poids
important dans de nombreux pays. Enfin, ce qui explique la place honorable de la France (Tableau
8), la DIRDET représente aussi le secteur de réalisation de la recherche militaire dans le secteur
public.

Sur son évolution, il paraît a priori étonnant, la DIRDET ait baissé sur 10 ans dans plus de la moitié
des pays (Tableau 9). Cette baisse relève en fait d’une baisse lente mais soutenue depuis 20 ans des
niveaux de recherche militaire. Dans le cas de la France, la baisse importante observée de la
DIRDET relève aussi de la baisse du financement des organismes de recherche versus le PIB.

Tableau 9 : Variations DIRDET / PIB (2002- 2011)

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Figure 8 : Evolution DIRDET / PIB pour quelques pays entre 2002 et 2011 (en points de PIB)

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Une part industrielle et militaire importante dans la recherche publique française

En additionnant DIRDES et DIRDET, on a une donnée « recherche publique » (Tableau 10) qui
n’a pas la même signification partout :

 D’une part, les dépenses de la recherche publique contiennent en France environ 10 % de
recherche militaire, mais très peu dans les autres pays, y compris au Royaume-Uni où Mme
Thatcher avait sous-traité au privé la plupart des commandes militaires de l’Etat.

 D’autre part, héritage de ses sociétés nationalisées et des grands programmes technologiques du
gaullisme, la recherche publique française (et elle seule avec cette ampleur) réalise des recherches
industrielles au travers du CEA, du CNES ou des sciences pour l’ingénieur du CNRS. C’est positif,
mais cela représente 0,2 à 0,3 % du PIB.

Donnons un ordre de grandeur : si pour la France, on prend en compte les recherches industrielles
publiques et la recherche militaire réalisée dans le public, elle ne consacre, non pas 0,8 % du PIB,
mais 0,55 % à ce qu’on classe comme « recherche publique » dans les autres pays (universités,
organismes, agences). L’objectif européen est 1 % du PIB …

Tableau 10 : Dépenses intérieures de la recherche publique 2011, (DIRDES + DIRDET)

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La recherche publique versus le PIB en croissance zéro depuis 10 ans.

Pour apprécier les différences rapportées tableau 11, il faut se souvenir que l’objectif européen est 1
% du PIB et donc que des variations de l’ordre de 0,2 point de PIB sont en fait considérables. La
nullité de la croissance française témoigne à la fois la médiocrité de l’investissement dans la
recherche universitaire, dans les organismes, mais aussi dans les grands programme technologiques.
Pas étonnant que la Corée nous concurrence désormais pour les centrales nucléaires et la Chine
pour le TGV, pour s’en tenir là.

Tableau 11 : Variations des dépenses de la recherche publique (2002-2011) en points de PIB

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Figure 9 : Evolution recherche publique / PIB pour quelques pays entre 2002 et 2011

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Conclusion

1 – L’aspect le plus important dans la bataille idéologique sur le budget de la recherche publique est
bien de faire accepter à des parlementaires, qui dans leur ensemble ne connaissent que très peu la
recherche, l’idée que ce qu’on appelle recherche publique dans les autres pays représente, hors
militaire et programmes industriels, représente 0,55 % du PIB et non 0,8 %. Cette affirmation peut
pourtant se vérifier avec le budget. Si on veut atteindre l’objectif européen de 1 %, il faut presque
doubler le budget de la recherche publique : l’accroître de 82 %. Et sans parler de la nécessité
d’améliorer fortement l’encadrement des étudiants et la Vie étudiante (allocation, logement, santé).

2- La recherche industrielle représente 1,42 % (privé) + 0,25 % (public), soit 1,67 % ce qui n’est
pas très éloigné de l’objectif des 2 % européen, qui pourrait être atteint avec une croissance de 20 %
seulement de l’effort actuel.

Mais on resterait très loin des pays de tête En fait, comme le faisait remarquer il y a quelques
années un député socialiste, si elle maintient son effort dans recherche militaire, l’espace,
l’aérospatial et le nucléaire, qui ne relèvent que très partiellement de la plupart des actuelles
technologies de pointe, c’est 3,25 % que devrait se fixer la France comme objectif, avec 2,25 %
pour la recherche industrielle. Il y a encore du chemin à faire … Mais moins que la recherche
publique.



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