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La piqûre de rappel de Valérie Pécresse. SNCS Hebdo 13 n°8 du 5 juin 2013.

mmSNCS-FSU6 juin 2013

Madame Sans-Gêne est sans complexe. Au moment où les dernières statistiques de l’OCDE montrent à quel point elle a compromis l’avenir de la France, accru le retard du financement de l’enseignement supérieur et de la recherche au regard de la bonne douzaine de pays qui la devançaient déjà, Madame continue à donner des leçons. Et ce, même si les rapports sur son plan licence clament son échec, même si huit ans d’ANR n’ont amélioré en rien les taux des publications françaises, même si la LRU s’avère être un gigantesque échec, et pas seulement pour des raisons financières.

Valérie Pécresse vient de nous rappeler dans un entretien à l’AEF que la droite, si elle avait gagné l’an dernier, concoctait un saut qualitatif et ne se serait pas contentée d’agir dans la continuité. Elle liste une série de propositions pour une future « loi sur l’autonomie 2 », qu’il faudra « faire voter dans les trois premiers mois d’un quinquennat. »

Quant à l’actuel projet de loi, l’ancienne ministre estime dans Le Figaro (21/05/13) que « Geneviève Fioraso semble avant tout vouloir faire plaisir à l’ensemble des syndicats et aux collectivités territoriales, proches de la gauche ». Chacun appréciera l’humour involontaire de cette appréciation.

Henri Audier, membre du bureau national du SNCS-FSU

SNCS Hebdo 13 n°8. Version PDF.


Des présidents d’université « stratèges et managers »

À l’AEF, V. Pécresse précise qu’elle veut « renforcer encore l’autonomie des universités, qui doivent être pilotées par des conseils d’administration composés à 50 % de personnalités extérieures ». On est bien loin du débat actuel pour savoir si les nommés au CA des universités votent, ou pas, lors de l’élection du président. « Aujourd’hui, le président est un enseignant-chercheur qui se fait élire par ses pairs. Le fait de se confronter à des personnalités extérieures, ayant une culture et des exigences nouvelles, l’obligerait à présenter un projet, à se montrer davantage stratège et manager ».

Le « chèque étudiant » pour financer le supérieur

Valérie Pécresse « souhaite financer l’université différemment ». Elle propose que chaque étudiant soit détenteur d’un « chèque étudiant d’une valeur de 10 000 euros », qu’il « apporte à son université ». « Aujourd’hui, il y a des filières qui sont très demandées et qui explosent, alors qu’elles sont historiquement sous-dotées, comme le droit ou l’éco-gestion », explique-t-elle. « Et d’autres qui sont sur-dotées par rapport à leurs effectifs, notamment en SHS. » … En termes clairs, il n’y a plus de politique de formation en fonction des besoins du pays, pas de crise des formations scientifiques ou de certaines disciplines littéraires. Il y a le Roi-marché et l’étudiant-Client. Que les universités s’y adaptent !

Les droits d’inscriptions, de la « semi-gratuité » à la forte augmentation

Valérie Pécresse souhaite « maintenir la semi-gratuité [sic] dans les premiers cycles, car c’est un pacte national » : « Un enfant rentre à l’université 20 ans après avoir été conçu, donc les parents n’ont pas pu prévoir un investissement conséquent pour ses études, qui étaient à ce moment-là quasiment gratuites », justifie-t-elle [!!!]. La droite rêve d’accroître les droits d’inscription, bien sûr sans allocation d’étude ; Pécresse imagine des portes d’entrée pour ces augmentations : « les droits des masters professionnels pourront être libéralisés dans la mesure où ils assurent une insertion professionnelle rapide », prévoit-elle. « L’accueil des étudiants étrangers non européens doit également être source de revenus pour les universités. » Exploitons les ressources immenses de l’Afrique !

L’ANR « antidote à la fonctionnarisation »

En matière de recherche, Valérie Pécresse propose « d’élargir encore le financement sur projet, en renforçant le rôle de l’ANR ». Celle-ci pourrait « financer des contrats de cinq ans », contre trois actuellement. Le préciput serait porté à 20 %, « pour inciter les universités à héberger les meilleurs chercheurs ». « L’ANR bouscule les chasses-gardées : c’est l’antidote à la fonctionnarisation de la recherche », estime VP, qui n’a jamais publié le moindre article dans une revue scientifique et connaît donc bien le sujet.

Encore plus d’AERES !

Valérie Pécresse se sent outragée par la suppression de l’AERES. Elle préconise de confier à l’AERES de nouvelles missions : l’évaluation des enquêtes d’insertion professionnelle et l’évaluation de la formation professionnelle. Vive l’AERES !

Toujours plus de précarité

Sous Pécresse l’ANR a créé 15000 CDD, à l’avenir problématique. Mais cela ne suffit pas : VP souhaite, en plus, créer des « CDI de mission » pour les post-doctorants, c’est-à-dire des contrats de travail « qui puissent s’arrêter si le projet de recherche s’arrête ». « C’est audacieux et cela demande un courage fou car les organismes devraient alors procéder à l’équivalent d’un licenciement économique pour une entreprise », reconnaît l’ancienne ministre. L’apothéose de la régression sociale …

La disparition du statut des chercheurs

La façon la plus pratique, pour Valérie Pécresse, de poursuivre les suppressions de postes est de créer une « obligation d’enseigner pour les chercheurs, cinq ans après leur recrutement ». On ferait ainsi l’économie de créations de postes d’E-C pendant 10 ans. « Les étudiants, en France, peuvent ne jamais rencontrer les meilleurs chercheurs avant le M2 ! On ne peut plus être chercheur à temps plein », argue-t-elle. Toujours la même obsession anti-organisme, la même négation du métier de chercheur.

En voilà, un beau programme ! Le drame, c’est qu’il pourrait faire passer Geneviève Fioraso pour une gauchiste ou lui donner bonne conscience. En faisant voir la pensée originale, ce programme fou révèle quel culte idiot de la rentabilité à court terme a pu imprégner la technostructure …. Qu’on laisse parler le personnel : ni Pécresse, ni sous-Pécresse ! Le projet de loi actuel demeure inacceptable et doit être renégocié.



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