Investissements d’avenir : la confession d’un Président d’université (22/06/12)
Par Henri Audier
Lors des auditions effectuées par l’Office parlementaire (1) sur le Programme des Investissements d’avenir (PIA), M. Farid Ouabdesselam, président de l’Université Joseph Fourier à Grenoble a précisé « ce qu’est la démarche d’un établissement universitaire dans le cadre du PIA, et plus spécifiquement dans le cadre des LabEx [Laboratoires d’excellence] ».
Un homme qui démontre la capacité d’adaptation et l’instinct de survie du milieu
Disons d’abord que l’homme qui témoigne connaît sa leçon et sait ce qu’il faut dire. On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre. Peut-être même y croit-il et c’est là toute l’ambiguïté d’une large fraction de notre milieu. Je cite. « Il y avait incontestablement à Grenoble une très forte adhésion des communautés scientifiques aux principes du PIA. (…). Permettre une « accélération de la recherche », aller vers de « nouvelles frontières » dans ce domaine-là, prendre des « approches en totale rupture avec celles qui étaient pratiquées ».
Prenant l’exemple de son LabEx « LANEF » (Laboratoire d’alliances nanosciences-énergies du futur), l’orateur montre à quel point toutes les formes d’appels d’offres sont congruentes : le LANEF « traduit ce que j’ai appelé tout à l’heure le prolongement de l’opération Campus. En effet, tous ces laboratoires sont actuellement sur un site, le Polygone scientifique, où s’apprêtent à le rejoindre dans le cadre précisément de l’opération Campus, puisque nous avons prévu la construction de nouveaux bâtiments ». Pour le passé donc, mais aussi pour le futur : « Cela permet de construire des projets collectifs pour lesquels d’autres financements peuvent à ce moment-là être recherchés, en particulier au niveau européen, de façon très claire. Le LabEx LANEF n’existe que depuis 5 mois, et il a déjà déposé deux projets européens ».
En même temps, l’homme reste un scientifique, attaché au CNRS et aux UMR
« Ce laboratoire, c’est une coordination entre cinq laboratoires existants. Le souci a été de préserver les laboratoires existants. Ceux-ci sont déjà de grosse taille, et il ne s’agissait surtout pas que le LabEx constitue une espèce de ligne de fracture au sein de ces cinq laboratoires. Ils ont tous pour tutelle le CNRS et l’Université Joseph Fourier, et pour certains d’entre eux, le CEA, et pour d’autres enfin, Grenoble INP. »
Et d’expliquer que faute de postes statutaires et d’allocations de recherche, faute de crédits d’équipement venant des organismes, le LabEx était une façon de sauver les meubles : « Il nous permettait d’attirer des talents du monde entier, des jeunes talents, par exemple des doctorants, mais également des personnes confirmées dans leur secteur. Deuxièmement, il nous donnait la possibilité d’acquérir des équipements, qui actuellement nécessitent des investissements très lourds et que nous ne pouvons réaliser seuls, même avec nos partenaires des organismes. Et enfin, il nous donnait la forte résolution de nous attaquer à un ensemble de verrous technologiques, de façon à aider notre industrie, peut-être pas de manière immédiate, à être très compétitive sur le plan mondial. »
Des structures ayant ces fonctions existent au CNRS depuis 20 ans : ce sont les « Fédérations d’équipes » (ou les GdR régionaux). Un tel choix aurait demandé beaucoup moins de temps perdu en dossier et en évaluation, car les UMR étaient déjà connues du Comité national. Alors quels avantages ? Financiers ?
Malgré l’obtention du Labex, les ressources des labos impliqués sont en baisse (…)
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