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Des premiers Equipex pour un retard abyssal : « enfin » !(24/01/2011)

mmSNCS-FSU24 janvier 2011

« Nous allons apporter un soutien exceptionnel, en permettant aux équipes les plus prometteuses de bénéficier enfin des équipements lourds qu’elles attendent, parfois depuis des années ». Cette phrase, qui souligne l’absence d’investissements ces dernières années, n’est pas de l’auteur, mais un aveux de la ministre le 2 avril 2010 devant la CPU.

V. Pécresse vient de rendre public les 52 gagnants de la première tranche des « Equipements d’excellence », Equipex (voir le site du MESR, liste dans l’icône et articles de presse à la fin). S’il faut se réjouir pour ceux qui ont gagné, on ne peut que s’inquiéter pour ceux qui ont perdu. « Je devrais me réjouir des résultats Equipex car je fais partie des « rares » chercheurs (par rapport aux nombreux postulants) à être associé à un projet retenu, mais cette joie est gâchée par tout ce que le gouvernement espère de tous ses appels à l’excellence, Equipex, Labex, Idex… Il ne s’agit rien de moins que d’étouffer, à petit feu, nos Instituts de Recherche en leur retirant la programmation scientifique à travers le contrôle des moyens financiers, après les avoir déjà dépossédés de l’évaluation. Il ne leur reste plus que le recrutement des personnels mais pour combien de temps encore ? », résume un chercheur sur le blog de Sylvestre Huet (Libération-Sciences2).

Une toute petite partie du retard accumulé
Il y a urgence (« enfin » !), mais seuls 52 projets sur 336 ont été sélectionnés. 334 millions vont être distribués. Ce sera peut-être la seule augmentation pour l’ES-R, en lieu et place du 1,8 milliard de plus promis (petit rappel : la TVA sur la restauration ce sont 3 milliards chaque année, le CIR, 5 milliards/an). Il y a urgence, mais la deuxième tranche n’aura lieu que dans un an, peut-être, et la troisième dans deux ans. Les laboratoires concernés par les 284 demandes non retenues continueront à prendre du retard sur le plan international. Or, très souvent, avec un appareillage « obsolète » on est vite distancés, et alors adieu les chances de publier dans une revue cotée etc. ..

De plus, sous couvert de distinguer les « équipes les plus prometteuses », on sait qu’une demande sur deux sera éliminée in fine, même si les deux autres tranches d’attribution des Equipex sont maintenues. Pourtant, monter ce type de dossier est harassant, et ceux qui s’y sont collés ne l’ont fait qu’en raison de réels besoins. Besoins qui n’ont fait que s’accroitre depuis longtemps : le retard commence à s’accumuler dès 2003, quand Chirac (dont V. Pécresse était conseillère) supprime 30 % des crédits du CNRS, principal initiateur et pourvoyeur de ces appareillages ; et la suite n’a pas été meilleure pour les crédits de recherche des universités et des organismes. Et en période de pénurie, ce qui est différé, c’est l’investissement.

Un équipement est un élément important d’une politique scientifique
Bien entendu, l’élément politique central c’est que la procédure Equipex constitue une étape supplémentaire pour priver les organismes, et particulièrement le CNRS, des moyens de mettre en œuvre une politique scientifique. Mais aussi pour les universités : les choix d’investissement et d’équipement étaient un élément structurant de leur politique scientifique, et donnaient lieu à des discussions lors du «quadriennal », même au temps où on ne se gargarisait pas avec l’autonomie. En réalité, avec Equipex, le centralisme bureaucratique du gouvernement tient lieu d’autonomie.

Mais la plus grande absurdité c’est le découplage entre les équipements et les moyens « humains ». Jusqu’à présent, l’obtention d’un équipement faisait l’objet d’une négociation entre le laboratoire demandeur et ses tutelles, pour mettre en cohérence celui-ci et le potentiel de chercheurs et surtout de techniciens et d’ingénieurs, souvent de très haut niveau, susceptibles de le faire fonctionner, l’entretenir ou l’améliorer. Avec Equipex, c’est terminé, juste une somme d’argent pour quelques années pour recruter, une fois de plus, des CDD. Mais après ? Et puis, les équipements faisaient l’objet de négociations entre organismes et établissements d’enseignement supérieur lors de la contractualisation, poussaient à la coopération. Ils étaient aussi l’occasion d’un dialogue avec la région, qui finançait souvent. Même si les gens qui se sont réunis pour monter les projets ont évidemment discuté ensemble, le bilan net est une déstructuration du système.

Des choix basés sur la SNRI
Comme le rappelle Sylvestre Huet : « La cohérence des choix est censée venir d’une prise en compte par le jury et les experts de la liste suivante de critères : qualité scientifique et caractère innovant ; importance pour la stratégie du site et pour l’établissement ; cohérence avec la SNRI (stratégie nationale de recherche et d’innovation), la stratégie des alliances et les feuilles de route européennes ; impact socio-économique ; stratégie de valorisation ; impact sur le dispositif de formation ; effet de levier sur l’effort de R&D privé ; ouverture à la communauté scientifique; portage par les établissements et engagement sur les moyens récurrents ».

Si certains de ces critères existaient avant (qualité, suivi par des moyens récurrents, ouverture fût-ce au privé), c’est la conformité à la SNRI, élaborée par le gouvernement et ses experts désignés, qui est l’aspect important de la démarche. Ce n’est évidemment pas par hasard que le bilan des lauréats est présenté non par disciplines mais par finalités de la SNRI : 10% en informatique, 10% en sciences humaines et sociales, 15% en environnement, 17% pour l’énergie, 19% pour les nanotechnologies et 29% en biologie-santé.

Un gâchis d’excellence
Il est certain que l’ancien système, même s’il était bien fondé dans ses principes, devait être réformé, car trop lourd et trop lent. Mais, à y bien regarder, pas plus que ce nouveau système pour ceux qui ne recevront l’agrément que deux ou trois ans après le dépôt du dossier, voire jamais.

Aujourd’hui, la multiplication à l’infini de ces appels d’offre (ANR, emprunt, Europe et même régions) constitue une gigantesque perte de temps. Comme le dit le chercheur cité plus haut : « En discutant avec mes collègues, nous sommes parvenus à un consensus sur le fait que nous passions sans doute plus de 30% de notre temps à rédiger des propositions pour tenter d’obtenir des financements pour nos travaux, des bourses de thèse… ou pour rédiger des rapports d’avancement ou de fin de contrats lorsque, par chance, nous parvenons à obtenir ces financements. Il est proche le temps où l’activité essentielle des chercheurs consistera à rechercher des financements ».

MESR

[http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid54722/investissements-d-avenir-340-millions-d-euros-pour-les-52-laureats-de-la-premiere-vague-de-l-appel-a-projet-equipements-d-excellence.html

 >http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid54722/investissements-d-avenir-340-millions-d-euros-pour-les-52-laureats-de-la-premiere-vague-de-l-appel-a-projet-equipements-d-excellence.html]

localisation
[http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/pid25013/localisation-des-projets-investissements-excellence.html

 >http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/pid25013/localisation-des-projets-investissements-excellence.html ]

Liste
[http://media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/Investissements_d_avenir/94/9/Equipex-liste_des_52_projets_166949.pdf

 >http://media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/Investissements_d_avenir/94/9/Equipex-liste_des_52_projets_166949.pdf ]

Presse
[http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2011/01/première-liste-des-équipements-dexcellence-equipex.html

 >http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2011/01/première-liste-des-équipements-dexcellence-equipex.html ]
[http://www.lefigaro.fr/sciences/2011/01/20/01008-20110120ARTFIG00775-52-equipements-de-recherche-finances-par-le-grand-emprunt.php

 >http://www.lefigaro.fr/sciences/2011/01/20/01008-20110120ARTFIG00775-52-equipements-de-recherche-finances-par-le-grand-emprunt.php]

Grand emprunt : 52 « équipements d’excellence » pour l’université ont été sélectionnés – LeMonde.fr

[http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20110120trib000593989/grand-emprunt-340-millions-d-euros-pour-cinquante-deux-equipements-d-excellence.html

 >http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20110120trib000593989/grand-emprunt-340-millions-d-euros-pour-cinquante-deux-equipements-d-excellence.html ]
http://media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/Investissements_d_avenir/94/9/Equipex-liste_des_52_projets_166949.pdf

Equipex



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