Inria, Primes d’excellence scientifique, la recherche et les chercheurs en danger, 29 janvier 2010
Les élus à la CE soussignés, avec le soutien des organisations syndicales de l’INRIA (SNCS/FSU,
SGEN/CFDT, SNTRS/CGT) ont décidé de ne pas siéger lors des réunions de la commission
d’évaluation dédiées à l’étude des dossier de PES les 3 et 4 mars 2010.
Pdf disponible ici: PES_CE.pdf
Voir aussi: Mise en place des PES à l’Inria, une belle unanimité !, décembre 2009
Et tous les textes contre la PES à l’Inria: ici
Primes d’Excellence scientifique
La recherche et les chercheurs en danger.
Les élus à la CE soussignés, avec le soutien des organisations syndicales de l’INRIA (SNCS/FSU,
SGEN/CFDT, SNTRS/CGT) ont décidé de ne pas siéger lors des réunions de la commission
d’évaluation dédiées à l’étude des dossier de PES les 3 et 4 mars 2010.
Bien que nous soyons très attachés à ce que les chercheurs soient évalués par leurs pairs, nous
considérons que les conséquences prévisibles de la mise en place de ces primes sont trop graves
pour le devenir de la recherche et les chercheurs eux mêmes.
Ces primes, leur montant et l’aspect sélectif de leur attribution, ne manqueront pas de développer les
démarches individuelles au détriment des collectifs de recherche. Nous savons que cette
individualisation est une des causes de nombre de symptômes – perte de sens de notre métier,
course aux contrats à court terme, course à la communication, sentiment accru d’urgence -, qui sont
des obstacles à une recherche de qualité, qui demande du temps, de la continuité, de la mémoire, de
la liberté de pensée, de la diversité.
Ces primes sont aussi pour le gouvernement un argument pour éviter une revalorisation d’ensemble
des salaires et des retraites. Il pense maintenir ainsi une certaine attractivité en faisant miroiter la
possibilité pour quelques uns d’obtenir des compléments de rémunérations significatifs tout en
évitant, réduction des dépenses publiques oblige, d’augmenter la masse salariale. Ainsi la plupart
verront leur pouvoir d’achat décrocher, pour permettre aux «excellents» d’avoir des rémunérations
correctes.
Par ailleurs, il ne nous semble pas juste d’attribuer des montants de primes plus importants que les
évolutions de salaire liées aux promotions sur la base de dossiers que la direction a voulu «légers».
C’est pour ne pas cautionner ces orientations mortifères pour la recherche que nous avons décidé de
laisser la direction de l’INRIA assumer ses responsabilités. Les soussignés ne participeront pas à la
réunion de la CE pour l’examen des dossiers de candidature à la PES en 2010. Ils appellent leurs
collègues chercheurs, actuellement sollicités, à refuser de contribuer à l’examen de ces dossiers.
Marianne Akian, Pierre-Alexandre Bliman, Christophe Chaillou, Jean-Paul Chieze,
Julien Diaz, Maxence Guesdon, Mathieu Giraud, Juliette Leblond, Jean-Pierre
Merlet, Stephan Merz, Pierre Saramito, Nicolas Sendrier, Anne Siegel, Monique Teillaud
Boris BURLE, Lauréat ERC Starting Grant, lettre ouverte à Mme Pécresse (15-10-2009)
«La recherche est, par essence, une œuvre collective, de longue haleine, dans laquelle tous les
acteurs jouent un rôle fondamental, du technicien au chercheur primé. Le gouvernement auquel
vous participez, et vous même, défendez une conception très hiérarchique, pyramidale de
l’organisation de la recherche, où seuls ceux qui sont au sommet de la pyramide ont droit de cité. Il
est facile de voir que même ceux qui, selon cette conception que je conteste, se tiennent au sommet
de la pyramide n’y sont maintenus que par la masse de ceux qui sont au dessous, les « médiocres »
(puisque non excellents) d’après vos critères. Supprimez ces « médiocres », et toute votre pyramide
s’écroule, précipitant à terre les « excellents ».»