Valérie Pécresse va-t-elle contredire la parole de la ministre ? C’est à craindre si l’on en croit la lettre ci-dessous.

 Sur les chaires, le risque souligné par la lettre est réel. Il est à craindre que le recul de l’an dernier soit contourné cette année et que les chaires soient camouflées dans les crédits des organismes et « budgétisées à part ». En effet, dans la présentation ministérielle du budget à la presse, 5,4 millions sont prévus pour les chaires et sont mentionnés dans le chapitre recherche et non dans celui sur l’enseignement supérieur.

 Sur le « préciput des contrats ANR » (somme des contrats redistribuée), trois entités ont de bons arguments à en réclamer une part, dans la mesure où la réalisation contrats ont un coût pour elles et qu’elles ont une politique à faire : les laboratoires, les organismes et les universités. La position de la CPU, qui réclame (et obtient) la totalité du préciput, revient à dire qu’elle est la seule à avoir une politique à mettre en œuvre et éclaire donc le concept du « gestionnaire unique ». La CPU est, sur ce point, d’autant moins crédible qu’elle a laissé dire à Pécresse que les crédits des universités ont « augmenté de 20 % » en 2009. Bien entendu, comme tous les chiffres de Pécresse, c’était totalement faux. Mais ce silence relatif de la CPU n’est pas une raison pour qu’elle se rattrape sur les préciputs de l’ANR.

Lettre aux DU de Bruno Chaudret, Yves Langevin, Yves Laszlo.

Suite aux dernière réunions de DUs et aux divers engagements ministériels (cf. par exemple la réunion du 31 mars dernier), nous avons tenté depuis le printemps dernier d’obtenir que, conformément aux 10 points fondamentaux, se concrétisent des changements sur les financements des laboratoires, à savoir 50% de blanc au moins à l’ANR, la possibilité pour les laboratoires d’effectuer un prélèvement sur les contrats ANR, et plus largement un rééquilibrage des financements en faveur des dotations annuelles. Le prélèvement laboratoire devrait servir à couvrir les coûts induits engendrés par ces contrats et permettre le maintien d’une politique scientifique du laboratoire, notamment un soutien aux actions émergentes.

Si le premier point est essentiellement acquis d’après ce que nous savons, il n’en est pas de même des deux suivants. Il semble que se décide l’attribution d’un préciput supplémentaire de 5% (en sus des 4% de frais de gestion et 11% de préciput à l’hébergeur) qui POURRAIT, au cas par cas suivant les universités, être reversé aux laboratoires. Mais contrairement aux engagements ministériels encore repris au niveau de la direction de la recherche lors d’une réunion sur l’ANR le 7 mai dernier (voir aussi le discours du 15 juin devant le conseil scientifique du CNRS, qui même très prudent, est clair sur le sujet cf. http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid28483/valerie-pecresse-devant-le-conseil-scientifique-du-cnrs.html) et semble-t-il encore réaffirmé par le cabinet à un syndicat le 2 septembre, il nous a été impossible d’obtenir que ce préciput soit directement versé aux laboratoires sans négociation supplémentaire, à l’issue évidemment très aléatoire, avec chaque université. Ce recul va dans le sens d’une demande très virulente de la CPU (cf. son dernier rapport de juillet dernier http://www.cpu.fr/fileadmin/fichiers/actu/dos_presse_2-07-09.pdf).

Quant au soutien de base, et malgré les annonces ministérielles du 1er octobre (http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid49102/budget-2010-le-budget-des-engagements-tenus.html), nous attendrons la concrétisation de ce budget dans les laboratoires pour nous prononcer.

Par ailleurs, la lecture du passage sur les chaires semble annoncer un recul grave par rapport à 2009 (cf. lettre de la ministre du 10 avril 2009 http://recherche-du.fr/ministere/lettre100409.pdf) : de chaires délégations dans les organismes de McF le plus souvent déjà recrutés dans les universités l’on passe à des « chaires mixtes universités/organismes qui permettent à des scientifiques prometteurs »d’être « recrutés conjointement par une université et un organisme de recherche ». Nous ne savons pas si cela met l’accent sur la possibilité, qui devait être exceptionnelle au printemps, de recruter des primo-entrants ou à un changement de politique.

Si les récentes annonces confirment que le budget de la recherche est meilleur que ce que l’on pouvait craindre, l’équilibre du système nous semble en jeu dans la mesure ou les laboratoires perdent inexorablement leurs moyens d’actions transverses au profit d’une recherche équipe-
projet toujours plus favorisée dans un contexte dangereux de généralisation à marche forcée des coûts complets (cf. http://www.recherche-du.fr/ministere/paradigme.pdf et
http://www.recherche-du.fr/ministere/coutcomplet.pdf).

Il nous semble important que la communauté des DUs réfléchisse à ce qu’elle souhaite faire sur ces sujets.

Bien cordialement,

Bruno Chaudret, Yves Langevin, Yves Laszlo.