COMITÉ DE VISITE DE L’AERES:
RETOUR D’EXPÉRIENCE D’UN LABORATOIRE

Aveu explicite de
non-compétence disciplinaire

Au-delà de la politesse formelle, la visite du comité de l’AERES dans l’Unité Y à Strasbourg, en décembre 2007, a été marquée par :

 La grande désinvolture des membres du comité de visite: retard de presque une heure motivé
par « la qualité de la bonne chère alsacienne », temps très corseté pour les interventions
des membres de l’équipe et en prime, membres du comité dormant devant nous – la bonne
chère sans doute.

 Évaluation et questions très superficielles: moins d’une demi-heure pour les questions et
les réponses qui ont suivi les présentations – 15 minutes pour le directeur, 3 minutes par
axe de recherche, 2 minutes par programme financé.

 Aveu explicite de non-compétence disciplinaire : plusieurs professeurs et directeurs de
recherche de droit et de sciences politiques alors que notre équipe fait de la sociologie et
de l’anthropologie. Seul le collègue désigné par la section 36 du Comité national est issu de
ces disciplines.

Il est impensable qu’une évaluation sérieuse ait pu se faire dans ces conditions : la noncompétence disciplinaire constituant le point le plus déterminant.

Indicateurs importés
directement du marketing

La visite du comité d’experts au laboratoire Aimé Cotton (1) à Orsay en novembre 2008
s’est globalement bien passée. Les experts ont produit un rapport scientifique correctement
documenté, ni meilleur ni pire que celui des comités directeurs d’autrefois.

Je voudrais seulement souligner l’usage d’indicateurs directement importés du marketing
comme la «visibilité » et « l’attractivité ». Cette dernière notion semble particulièrement
pernicieuse. Plusieurs équipes se sont vu reprocher un manque « d’attractivité », auquel il leur
est recommandé de remédier en accueillant davantage de doctorants et de postdocs.

Trois remarques. Une équipe est d’autant plus attractive qu’elle emploie plus de précaires.
La mise en avant de ces critères pèse sur la composition même des demandes de financement.
Pour être bien noté, il faudra, absolument, prévoir de recruter des précaires dans
une proposition ANR, région ou Europe. Il n’est évidemment jamais question de l’attractivité
d’un métier qui propose de moins en moins d’emplois stables.