Appel du SNTRS CGT et du SNCS FSU concernant les Sciences du vivant et l’INSERM

mmSNCS-FSU20 mars 2009

Appel du SNTRS et du SNCS

Décret Inserm, joe du 13 mars 2009

De profondes restructurations bouleversent actuellement notre système de recherche, sans
aucune consultation de la communauté scientifique sur leur bien fondé. Il faut réformer, mais
pour quoi faire ? Nous constatons que ces réformes concentrent les décisions scientifiques au
niveau du pouvoir politique au détriment des organismes de recherche qui ont pourtant garanti
la cohérence de l’effort national de recherche et ont contribué au renom de la France. La mise
en place de l’ANR (Agence Nationale de la Recherche) et de l’AERES (Agence d’Evaluation
de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur) a conduit à un affaiblissement des
prérogatives des organismes publics de recherche. Une grande partie du financement de leurs
équipes et l’évaluation de leurs Unités de recherche leur échappent dorénavant. L’évaluation a
fait place à une notation reposant sur des critères essentiellement quantitatifs qui relativisent
l’intérêt scientifique, marginalisent les disciplines des petites communautés scientifiques au
profit de thèmes dans l’air du temps et instaurent une concurrence exacerbée entre
laboratoires, équipes et chercheurs.

Le gouvernement a entrepris une recomposition complète des organismes de recherche. Les
personnels des organismes et les formations de recherche passeraient sous gestion
universitaire. Le Président de la République a affirmé le 22 janvier, dans un discours indigne
et rempli de contrevérités, vouloir mener ces réformes le plus rapidement possible.
Contrairement à ces affirmations, le niveau mondial de la recherche française est excellent et
bien supérieur à ce que son financement lui permet de prétendre.

Nous voyons d’ores et déjà que ces réformes élaborées dans le secret des cabinets ministériels
et menées au pas de charge ne peuvent avoir que des conséquences néfastes pour la recherche
française. En ce qui concerne les Sciences du vivant, l’INSERM devrait accueillir les secteurs
des Sciences de la vie du CNRS et du CEA ainsi que la majeure partie de l’INRA pour
constituer l’Institut des Sciences du Vivant et de la Santé et se transformer par la suite en une
agence de moyens, dont le rôle se réduira à lancer des programmes de recherche via des
financements sur contrats. Comme on le voit dans l’appel d’offre lancé en commun par le
CNRS et l’Inserm pour les contrats Avenir/Atipe, le gouvernement prévoit de privilégier le
financement des projets SDV par des donateurs privés, ce qui introduira vraisemblablement
un déséquilibre des programmes vers la recherche appliquée, au détriment de la recherche
cognitive qui pourtant en forme le soubassement.

La récente modification du décret organique de l’INSERM, qui n’a d’ailleurs pas fait l’objet
de négociations avec les représentants des organisations syndicales ni avec les élus, prévoit de
soumettre la composition des instances d’évaluation au bon vouloir du Conseil
d’administration, donc en fait au futur président. L’institut des sciences du vivant qui en
découlera risque donc de ne pas avoir d’instances d’évaluations où les personnels élus seront
en nombre significatif.

Nous ne voyons pas de justification à la création d’un énorme institut qui regrouperait la
totalité des thématiques des sciences du vivant. L’organisation de cet institut en une multitude
d’instituts verticaux thématisés complexifierait et alourdirait encore le système, allant à
l’encontre de la simplification prétendument recherchée. Alors que la recherche se nourrit de
l’interdisciplinarité, cette organisation en instituts thématisés entraînerait le cloisonnement des
disciplines et une rigidification du système de recherche.

L’intégration de portions importantes d’organismes dans l’INSERM ne peut apparaître que
comme une soumission de la biologie au biomédical. La recherche ne se bâtit pas sur la
constitution d’hégémonies que ce soit celle d’un organisme ou celle des universités. Sortir la
biologie du CNRS aurait des conséquences dramatiques compte tenu du nombre de
programmes de recherche établis avec les autres départements scientifiques de l’organisme.
Nous proposons au contraire, lorsqu’une discipline est présente dans plusieurs grands
organismes de recherche à la fois, de mettre en place une structure de coordination souple qui
respecte leurs spécificités d’objets et de méthodes et dans laquelle chacun de ces organismes
soit représenté.

Réduire les organismes de recherche à de simples agences de moyens et faire gérer les
personnels et les formations de recherche par les universités auront des conséquences
catastrophiques en réduisant la mobilité des personnels entre laboratoires et en favorisant le
mandarinat. De plus, la stratégie des universités relève principalement d’une politique de sites
alors que celle des organismes relève d’une politique scientifique et technologique à l’échelle
du pays.

En outre, nous voyons d’ores et déjà les emplois précaires remplacer les emplois stables dans
nos laboratoires. Les projets visant à généraliser les « tenures tracks » aboutiront à reculer
encore plus l’âge du recrutement de chercheurs et à développer encore plus les emplois sur
contrat au détriment des autres. C’est là un objectif clairement affirmé par nos directions,
alors que nos laboratoires sont de plus en plus désertés par les étudiants rebutés par le faible
nombre de postes ouverts au concours, la faiblesse des rémunérations et l’âge tardif du
recrutement. Cette désertion des filières scientifiques ne pourra que s’aggraver au profit de
filières plus sûres offrant des débouchés mieux rémunérés alors qu’il faut, au minimum, 8 ans
d’études pour former un chercheur. Ce qui signifie que si nous laissons la politique actuelle de
l’emploi scientifique s’installer, toute correction ultérieure de ces erreurs mettra pratiquement
10 ans pour porter ses fruits. En pleine période de compétition économique internationale
exacerbée…

Ces restructurations imposées n’apporteront aucune valeur ajoutée et surtout entraîneront un
bouleversement qui déstabilisera notre système de recherche en mettant en danger la vision
nationale pluridisciplinaire de la science française. Toute redéfinition des contours
disciplinaires à l’intérieur des organismes de recherche doit être élaborée en étroite
concertation avec tous les personnels concernés et dans le respect du fonctionnement
statutaire des organismes.

Nous demandons au gouvernement l’arrêt des restructurations en cours et tenons à réaffirmer
la place centrale des organismes de recherche comme opérateurs de recherche gérant leurs
personnels et leurs laboratoires.



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