Financement enseignement (OCDE)
Dépenses
d'éducation : la France dans une honnête médiocrité
Par Henri-Edouard Audier
Dans un édito scandaleux, Le
Directeur du Point, Franz-Olivier Giesbert : écrivait : (voir l'article LE
POINT à pitre : http://www.sncs.fr/article.php3?id_article=1634) "La France est un
des pays d'Europe qui dépense le plus pour son système éducatif, avec les
résultats que l'on sait". Comme pour la recherche, comme pour
l'hôpital, le pauvre contribuable est saigné à blanc pour des résultats
catastrophiques. C'est là la propagande ordinaire du pouvoir, relayée par
certains journalistes, dont c'est le rôle assigné par les groupes possédant
leurs journaux.
Or, il ressort des enquêtes de l'OCDE, qui viennent de paraître, que ceci est FAUX.
Regard sur l'éducation, statistique OCDE sur l'éducation, vient de sortir son cru 2008 :
http://www.oecd.org/document/27/0,3343,fr_2649_39263238_41266779_1_1_1_1,00.html.
Ces données sont synthétisées dans une note de la
DEPP du ministère :
http://www.education.gouv.fr/pid317/revue-education-formations.html.
Dépenses globales
: la France exactement dans la moyenne
Il ressort des études que, quel que soit les
paramètres utilisés pour la comparaison, la France se trouve très proche de la
moyenne OCDE pour les dépenses d'éducation. Ainsi quand on compare ces dépenses
par rapport au PIB, la France se retrouve en onzième position (à égalité avec
la Belgique et la Finlande). Elle est devancée par (dans l'ordre : l'Islande,
le Danemark, les Etats-Unis, la Suède, le Canada, le Royaume-Uni et la Suisse,
mais aussi par la Corée du Sud, par le Mexique et la Nouvelle-Zélande). Elle
devance de très peu l'Australie, l'Autriche et la Norvège.
Maintenant si on compare les dépenses annuelles par
élève parmi les dix-huit pays, ayant un PIB par habitant les plus élevés, la
France est onzième sur dix-huit. Pas de quoi pavoiser.
Sur ces dix-huit pays, pour les dépenses par élève
:
- La France est quatorzième pour l'enseignement
pré-primaire ;
- Elle est avant dernière pour le primaire, très en
dessous la moyenne OCDE ;
- Miracle, pour le secondaire, la France est en
sixième position, mais ne devance que de 5-6 % un groupe de 10 pays.
- Enfin pour le supérieur, elle est en quatorzième
position, en-dessous de la moyenne OCDE.
Il est donc clair que toutes les campagnes
orchestrées sur le coût exorbitant de notre enseignement est une honte pour
notre démocratie. Cela témoigne du poids des secteurs politiques et économique
contre la liberté et l'objectivité de l'information. Ce sont ces campagnes
mensongèrent qui permettent au gouvernement de supprimer 30 000 postes.
Dépenses par étudiant dans l'enseignement
supérieur
Dans ce qui est dit dans la suite, le chiffre de dépense
moyenne utilisée pour la France (10000 €/étudiant/an) inclut les grandes écoles
et les IUT. Pour les seules universités (un peu plus de 7 000 €), le chiffre
place la France au fin fond des classements.
Dans l'étude que nous
avions faite l'an passé (Tableau), faite à partir de l'édition 2007 de
"Regard sur l'Education", il avait été montré que la France se
situait en quinzième position mondiale pour les dépenses par étudiant et au
dix-huitième pour les dépenses de recherches académique comparées au PIB.
L'édition 2008, n'infirme pas ces chiffres mais précise celui du Canada,
nettement devant nous pour les dépense par étudiant : nous sommes donc en
seizième position.
|
DIRDES / PIB |
Dépense par étudiant (€) |
|
|
DIRDES / PIB |
Dépense par étudiant(€) |
Allemagne |
0,41 |
12 255 |
|
Suisse |
0,66 |
21 906 |
France |
0,38 |
10 089 a |
|
Norvège |
0,46 |
14 997 |
Royaume-Uni
|
0,45 |
11 494 |
|
Islande |
0,61 |
8 891 |
Italie |
0,33 |
7 720 |
|
|
|
|
Espagne |
0,33 |
7 378 |
|
Turquie |
0,43 |
- |
Pologne |
0,17 |
4 412 |
|
Israël |
0,62 |
11 299 |
Pays-Bas |
0,49 |
13 846 |
|
|
|
|
Grèce |
0,24 |
5 590 |
|
Etats-Unis
b |
0,37 |
22 476 |
Portugal |
0,29 |
7 741 |
|
Canada |
0,75 |
- |
Belgique |
0,41 |
11 842 |
|
|
|
|
Répub.
tchèque |
0,25 |
6 752 |
|
Japon |
0,45 |
12 190 |
Hongrie |
0,24 |
7 095 |
|
Corée |
0,30 |
7 069 |
Suède |
0,78 |
16 219 |
|
Chine |
0,13 |
- |
Autriche |
0,65 |
13 959 |
|
Taiwan |
0,28 |
- |
Danemark |
0,63 |
15 225 |
|
Singapour |
0,57 |
- |
Finlande |
0,65 |
12 505 |
|
|
|
|
Irlande |
0,34 |
10 211 |
|
Australie |
0,48 |
14 008 |
(a) 7210 pour les
seules universités. (b) La DIRDES (0,37 % du PIB) des Etats-Unis est identique à celui de la France, mais ce pays
ne décompte que très partiellement dans "recherche" les salaires des
universitaires (du fait des "colleges"). Mais ces salaires se
retrouvent dans le coût par étudiant, trois fois supérieur à la France.
Sources.
Colonne 1 : OCDE, "Principaux indicateurs de la science et de la
technologie", 2007/2. Colonne 2 : OCDE," Regard sur
l'éducation", 2007.
La durée des études supérieures
Autre préjugé : la longueur des études supérieures
en France. Avec une moyenne de 4 ans, la France se situe dixième sur les quinze
pays étudiés et un peu en dessous de la moyenne OCDE.
La part du financement public dans celui des
études supérieures
C'est avec une grande prudence que l'OCDE aborde
cet aspect. Mais, même avec des bémols, il apparaît que la France est loin
d'être à la tête de la gratuité, comme certains voudraient le présenter. Si on
considère la part privée dans le financement des études (part des individus et
des ménages), la France se trouve neuvième sur les dix-sept pays étudiés, soit
exactement au milieu du classement.
Certes, certains proposent qu'on augmente les
droits d'inscription et les bourses. Alors, commençons par le deuxième point et
après on verra après. Et il y a du boulot. Car pour la part du financement
public qui va aux bourses, la France, avec moins de 8 % se retrouve quinzième
sur dix-neuf pays étudiés, alors que neuf pays approchent ou dépassent très
nettement 15 %.
Et si on prend en compte que trois pays (le
Royaume-Uni, le Japon et l'Islande) consacrent un taux élevé du financement
public à des prêts avantageux, la France est avant-dernière. La gloire.
Alors, Alain Perez, Catherine Rollot, Franz-Olivier
Giesbert, Annie Kahn, Christophe Barbier et les autres, au lieu de surfer sur
le vide pour justifier l'injustifiable, voilà quelques données pour vos
prochains articles, avant la prochaine manifestation du 11 mars sur l'éducation
et la recherche.