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La recherche ne représente que 0,23 % du « plan de relance ». SNCS-HEBDO 08 n°30 du 19 décembre 2008

mmSNCS-FSU19 décembre 2008

20 milliards pour la « relance », dont 3,8 milliards pour le crédit d’impôt et 46 millions pour la recherche. Rien sur l’emploi
scientifique et les crédits des labos. La recherche n’est considérée ni comme une activité d’avenir, ni comme un moyen de
relance : seulement comme un moyen de propagande gouvernementale.

Par Henri-Edouard Audier, membre du bureau national du SNCS-FSU


Le plan de relance du gouvernement, concernant 2009
et 2010, a trois volets principaux :

 Une politique de grands travaux sur les infrastructures
(autoroutes, TGV, canaux, etc.) et le bâtiment (locaux
pour la justice, locaux universitaires, patrimoine, etc.).

 Une « prime à la casse » pour relancer le secteur de
l’automobile.

 Une politique d’avances financières aux entreprises et
de paiement immédiat de prétendues dettes de l’Etat »
envers celles-ci, visant à renflouer leur trésorerie, voire
leurs profits.

Sarkozy a annoncé que recherche et enseignement
supérieur sont concernés à hauteur de « près de 700
millions », Pécresse, quant à elle, parle de 4,5 milliards
de plus pour 2009. Qu’en est-il ?

Dans les 700 millions dont parle Sarkozy, la politique
de relance par le bâtiment conduit à investir environ
500 millions dans les constructions universitaires, sans
qu’on sache très bien s’il s’agit « d’avances » ou de mesures
nouvelles. Cela ne sera pas de trop, vu l’état des dits
bâtiments. 180 millions pour les bureaux d’étude et
centres de recherche des technologies de la défense
(contrôle de la véracité difficile). Enfin, 46 millions
pour la recherche via les grands équipements, notamment
Soleil et ITER.

« Le crédit d’impôt recherche dû au titre des années
antérieures sera intégralement restitué dès le début
2009, ce qui représente 3,8 milliards d’euros ». En
terme clair, le crédit d’impôt, qui n’était versé qu’un ou
deux ans après, du fait des vérifications comptables,
sera versé sans vérification. C’est pourquoi cette pauvre
Pécresse considère que son budget augmente de 4,5
milliards soit … 26 % !

Le paiement anticipé de 3,8 milliards de crédits d’impôt
n’est qu’un prétexte pour renflouer la trésorerie des
entreprises. Alors que celles-ci n’ont accru que de 500
millions leur recherche entre 2002 et 2006, il est totalement
impossible qu’elles puissent utilement consacrer
3,8 milliards de plus à la recherche en un an, si ce n’est
qu’une toute petite partie de cette somme. Avec les
bâtiments universitaires, universités et recherche publique
représentent donc 550 millions dans le plan alors
que 380 millions viennent tout juste d’être supprimés
sur 2008. Pas un sou de plus sur l’emploi ou sur les
crédits des laboratoires. En pleine crise, on attendait un
effort, un investissement dans les savoirs, la recherche,
l’avenir. Rien et même moins que rien.

Mais la femme-orchestre continue son tam-tam. Aux
universités qui ne retrouvaient pas dans leur dotation
2009, la croissance budgétaire de 6,5 % annoncée,
Pécresse réplique que la croissance est même de 15 %
en moyenne. Demain + 25 % ? Or, quiconque ouvre la
loi de finance pour 2009 lira que le programme « formation
supérieure et recherche universitaire » ne s’accroît
que de 3,8 % en euros courants, dont plus de la moitié
consacrée aux retraites. Donc si Pécresse annonce + 15
% sur les dotations des universités, c’est qu’elle bluffe
et/ou qu’elle a pris l’argent sur un autre chapitre du
programme, et pas seulement sur l’emploi et les salaires.

Quel contraste entre cette parcimonie du gouvernement
dans le financement de nos secteurs avec les dizaines
de milliards déversés sans condition sur les banques !
Pourtant pendant des décennies, les banques ont laissé
pourrir les innovations des laboratoires publics, jugeant
cela « risqué » et peu rentable. Elles ont préféré spéculer
sur l’immobilier, les achats/ventes d’entreprises, quand
ce n’est pas les trafics d’arme et des produits financiers
qu’elles savaient plus que douteux, mais qui dans l’immédiat
rapportaient gros. Elles en ont été récompensées.

Car pour Sarkozy, aux Assises européennes de l’innovation,
le vrai coupable des difficultés du pays c’est la
recherche publique. Il a ordonné de passer rapidement
à la dernière étape de sa mise à mort.
Collaborer à cette destruction ou résister, aujourd’hui
faut choisir.SNCS-HEBDO 08 n°30 pdf



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