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Le 19 juin stoppons la réforme du CNRS ! : SNCS-HEBDO 08 n°14 du 29 mai 2008

VRS29 mai 2008

Le mardi 27 mai, nous étions près de 8 000, dont 5 000 à Paris, à manifester contre le démantèlement du service public de recherche et du CNRS. Ce fut un grand succès mais celui-ci doit être élargi lors des prochaines étapes. Réunies hier après-midi en intersyndicale, les organisations de la recherche et de l’enseignement supérieur ont décidé d’appeler les personnels, les étudiants et la population à de grandes manifestations nationales au siège du CNRS et dans les délégations de l’organisme le jeudi 19 juin, jour du conseil d’administration qui se prononcera sur la création des instituts.

J. Fossey, administrateur du CNRS, membre du bureau national du SNCS-FSU


L’objectif du gouvernement n’est pas, contrairement à ce qu’il affirme, de moderniser ou de rendre plus compétitive la recherche française, buts louables avec lesquels nous sommes d’accord, mais d’accentuer le pilotage de l’État sur la recherche publique, pilotage qualifié de nécessaire par le rapport Attali.

Pour atteindre cet objectif, le gouvernement doit démonter le CNRS. Dans cette perspective, il a déjà créé l’ANR qui maîtrise les financements sur projets, l’AERES qui évalue les unités et plus si affinités, le mandat unique pour que le CNRS n’intervienne plus dans la gestion des unités mixtes de recherche. Par ailleurs, il a la volonté de mettre les chercheurs sous la responsabilité des présidents d’universités. Pour nous rassurer, la ministre répète qu’elle ne touchera ni au statut des personnels ni au périmètre de l’organisme. Peut-être pour le moment mais, sans être parano, rien n’est sûr pour l’avenir. On a compris. Le CNRS continuera principalement à payer des chercheurs financés par l’ANR, évalués par l’AERES et gérés par l’université.

Mais cela ne suffit pas. Le CNRS reste une poche de résistance au pilotage gouvernemental car il garde encore la mainmise sur la stratégie d’un en-semble de disciplines et sur l’interdisciplinarité. Il faut donc casser cette logique en le démontant de l’intérieur, en le « divisant pour mieux régner ». La réforme consistera donc à le fractionner en une holding d’instituts, nationaux ou non, créés sur le modèle de l’IN2P3 ou de l’INSU.

La ficelle est grossière, mais néanmoins efficace. Tout d’abord, on reprend une proposition que la présidente du CNRS avait émise dans Les Échos. Ainsi il est facile de dire, rue Descartes, que ce n’est pas leur proposition. Sauf qu’ils la reprennent à leur compte, lui font de la publicité et ont des tas d’idées « intéressantes » sur la question. Du style, on va nommer les directeurs des instituts, ou encore on va voter directement au Parle-ment la subvention institut par institut, ou bien ce seront les instituts qui négocieront directement
avec les universités leur convention de partenariat. Bien sûr, la direction du CNRS est montée au créneau. Ils ont reculé, mais ils en ont néanmoins eu l’idée.

En proposant son holding d’instituts, Catherine Bréchignac a joué avec le feu. Car pourquoi remplacer les départements par des instituts. Tout d’abord pour déplacer le pouvoir « réel » de la présidence et de la direction générale vers les directeurs d’instituts. Ensuite, exit les conseils scientifiques de département que nous avions arrachés à Allègre à la fin des années quatre-vingt-dix, conseils constitués de 50 % d’élus au scrutin de liste. Quel déni de démocratie ! Ainsi on pourra les remplacer par une instance constituée uniquement de nommés. Le bonheur pour le gouvernement et les directions de tout poil. On peut facilement l’affirmer car les instances des instituts nationaux existant ne brillent pas par leur transparence.

La ficelle est aussi redoutable car elle divise la communauté scientifique. En effet, chacun rêve d’avoir une chapelle homogène dont il pourrait être l’archiprêtre. Ainsi les mathématiciens ont, enfin, leur département, pardon leur institut. Passer du statut de département à celui d’institut national, c’est en effet plus valorisant. N’est-ce pas les chimistes ? Et puis, la grande question du grand institut des sciences du vivant excite toute la communauté. Chacun a une solution. Les uns sont pour un seul institut national piloté par l’INSERM, les autres veulent qu’il soit co-piloté avec le CNRS, les troisièmes sont pour trois instituts autonomes – la biologie fondamentale (CNRS), la santé (INSERM) et l’agronomie (INRA) – et ainsi de suite.

Sur cette logique, le gouvernement est prêt à tous les compromis. On l’a bien vu à la suite des États généraux de Grenoble. En fait, on ne peut que refuser cette politique d’éclatement du CNRS en instituts. Des réformes sont envisageables, mais dans un autre contexte. Il faut donc, le 19 juin, mobiliser toute la communauté scientifique pour repousser cette réforme du CNRS.SNCS-HEBDO 08 n°14 du 29 mai 2008



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