Lettre à l’ambassadeur du Maroc. 12 septembre 2007
Bellevue, le 12 septembre 2007
Monsieur l’Ambassadeur,
Après les manifestations du 1er mai 2007, près d’une dizaine de militants syndicalistes et associatifs ont été arrêtés au Maroc et condamnés par les tribunaux d’Agadir et de Ksar-el-Kébir à des peines allant jusqu’à 4 ans de prison ferme et 10 000 dirhams d’amende (environ 1000 €) pour « atteinte aux valeurs sacrées du Royaume ». Une dizaine d’autres militants ont été poursuivis et jugés pour avoir organisé la solidarité avec ces détenus, à Beni Mellal. Parmi eux notamment Mohamed Yousfi, secrétaire général de la section locale d’Attac Maroc, et un de ses camarades, ainsi que Mohamed Bougrine, âgé de 72 ans, qui a déjà connu les geôles des deux rois précédents. On peut citer aussi, à Agadir, El Mehdi El Berbouchi, étudiant, et Abderrahim Karrad, syndicaliste ouvrier agricole, qui ont été condamnés à 2 ans de prison ferme et 10 000 dirhams d’amende.
Les conditions de détentions de ces syndicalistes sont inhumaines et inadmissibles. Ces militants ont été torturés pendant leurs interrogatoires et menacés de viol par des codétenus de droit commun. Abderrahim Karrad, asthmatique, a été privé de soins médicaux après avoir été torturé et El Mehdi El Berbouchi s’est vu empêché de passer ses examens.
Tous ces militants n’avaient rien fait d’autre qu’exprimer leur opinion de façon pacifique. Il s’agit d’une grave atteinte aux libertés d’opinion et d’expression, garanties par les Conventions internationales que l’Etat marocain a pourtant ratifiées.
Monsieur l’Ambassadeur, nous vous demandons de transmettre à Monsieur le roi du Maroc notre exigence de libération immédiate et de cessation des poursuites à l’encontre de tous les militants politiques, syndicaux et associatifs, et notre protestation contre la condamnation de personnes qui n’ont fait qu’exercer leur droit civique le plus élémentaire, en portant pacifiquement sur la place publique leurs revendications sociales.
Monsieur l’Ambassadeur, veuillez recevoir nos respectueuses salutations et croire en notre attachement aux libertés démocratiques et syndicales,
Jean-Luc Mazet
Secrétaire général du SNCS FSU