SNCS-HEBDO 05 n°29 du 30 septembre 2005
Pas de complexe d’Astérix le 4 octobre
En règle générale, les chercheurs et ingénieurs participent peu aux actions concernant l’ensemble des salariés, voire de la fonction publique. Ils craignent que les personnels de la recherche et de l’enseignement supérieur ne soient pas « visibles » et que leur soutien ne contribue en rien à faire avancer leurs problèmes. Paradoxalement, le succès et l’ampleur du mouvement des scientifiques en 2004, qui a fait reculer le gouvernement, a encore renforcé ce complexe d’Astérix.
Cette situation n’a pas échappé au SNCS qui tente de donner une « visibilité » de la recherche dans les actions des salariés. Il est probable que, pour le 4 octobre, nous ayons à mettre en œuvre un tel dispositif, surtout si la Loi d’orientation et de programmation (LOP) est sortie ou prête à sortir. On peut néanmoins s’interroger si Astérix et son village gaulois de la recherche ont une quelconque chance de gagner seuls dans le moyen terme.
D’abord pour les personnels, la LOP va nécessairement s’inscrire dans la politique de la fonction publique où, sous couvert de lutter contre le chômage des jeunes, leur précarisation est systématique, conséquence notamment de la baisse de l’emploi public. C’est du reste encore plus loin que veut aller Sarkozy (et peut-être la LOP) en créant des statuts de non-fonctionnaires, doublant ceux de titulaires. Le salaire dit au mérite, en fait à la tête du client, se retrouve dans les contrats d’interface de Bréchot, directeur général de l’Inserm. Et c’était la voie majeure de promotion dans la version de janvier de la LOP. Donc une unité de problèmes avec simplement une variante dans les traductions concrètes. Mais au-delà, la recherche et l’enseignement supérieur sont des éléments fondamentaux d’une politique économique et sociale. Et ils sont donc tributaires du contexte général. Les privatisations se sont accompagnées d’une baisse de la recherche industrielle, mettant de plus en difficulté le transfert de la recherche publique vers l’industrie.
Le rôle du secteur public et son mode de fonctionnement sont aussi déterminants pour savoir si les retombées de la recherche (en biologie, médecine ou environnement, par exemple) ne seront développées qu’en fonction des lois du marché et de la rentabilité à court terme ou si les choix prendront d’abord en compte les besoins de la société.
Les recherches dont la finalité est l’élaboration des connaissances doivent bénéficier d’une grande liberté, contrôlée par une évaluation sérieuse. Mais le rôle de la recherche ne peut être posé que dans cette seule dimension. La recherche fondamentale est très liée aux retombées qu’elle procure. Et souvent, le grand public ne « voit » que cet aspect. Mais c’est précisément ce grand public, et tout particulièrement les membres de la fonction publique, qui a donné un écho national au mouvement des scientifiques de 2004. Il a été un facteur décisif lui permettant de gagner.
Les personnels de la recherche ne pourront pas gagner durablement seuls. Alors, le 4 octobre, perdez le complexe d’Astérix. Agissez avec les autres.