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Vers une uberisation de l’enseignement supérieur et de la recherche ?

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Vers une uberisation de l’enseignement supérieur et de la recherche ?

VRS n°404
Parution
04/2016
Numéro
404
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édito

par Laurence Favier

Vers une uberisation de l’enseignement supérieur et de la recherche ?

Augmentation du nombre d’emplois non permanents à l’université, gels de postes pour faire face à la pénurie de moyens malgré une croissance du nombre d’étudiants (150 000 étudiants supplémentaires depuis 2012), recherche par projets induisant une rotation des personnels et une succession de contrats à durée déterminée qui vaut à certains instituts de recherche une condamnation devant les tribunaux, la précarisation de l’emploi dans l’enseignement supérieur et la recherche (ESR) est bien une tendance de fond que les mobilisations dans et hors les syndicats (1) viennent rappeler régulièrement, avec d’autant plus de force qu’elle s’aggrave. Toutes les fonctions sont concernées : enseignement, recherche, fonctions techniques et administratives. Le modèle de la précarité est celui de la mission de durée limitée pour assurer des tâches pérennes en lieu et place d’emplois stables. La volonté affichée de mettre fin au statut de la fonction publique ou de recruter de moins en moins de fonctionnaires a été et reste la première attaque contre l’emploi stable : la fonction publique pourrait, au mieux, être réservée à quelques attributions régaliennes, elles-mêmes réduites à la portion congrue. Mais le modèle de la précarité généralisée va aujourd’hui encore plus loin : c’est celui de la rémunération du travail (voire de la tâche) à la demande, comme l’illustre le contrat « zéro heure » en Grande Bretagne affectant également l’ESR. Ce retour au XIXème siècle, à l’embauche du jour, au recrutement temporaire qui contraint au cumul des « petits boulots » est l’un des aspects majeurs de ce que l’on appelle l’« uberisation » de l’économie. Présentée comme la conséquence d’une économie collaborative fondée sur les technologies numériques, elle qualifie en réalité le plus souvent cette déstabilisation du travailleur, avec peu ou pas de protection sociale et désarmé face à l’employeur. La mobilisation aujourd’hui contre la loi El Khomri vient rappeler que le retour au passé, à la flexibilisation accrue du travail, ne peut être maquillé en progrès ni travesti en mesure pour l’emploi. Or l’ESR est l’un des secteurs concernés par cette transformation du travail, comme le montrent les exemples et analyses de ce dossier. En évoquant le risque d’uberisation de l’enseignement supérieur à propos des Moocs (2) en décembre dernier, le ministre Thierry Mandon pointait un problème bien plus large que le contexte dans lequel il a exprimé cette crainte.


(1) http://precairesesr.fr/ : le collectif a appelé à une journée d’action le 13/04 dernier, journée soutenue par le SNESUP et le SNCS

(2) Cours massifs en ligne dispensés par des organismes privés ou des universités publiques et ne préparant pas à un diplôme mais tout au plus à une certification payante.


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