Sciences et cultures
- Parution
- 07/2012
- Numéro
- 389
édito
Par Chantal Pacteau
Sciences et cultures
À l’heure où, partout dans le monde, la sphère académique est sommée d’incorporer la culture d’entreprise, de ses procédures à ses finalités, en passant par ses mots d’ordre, il devenait urgent de se pencher sur la question des liens inextricables qu’entretiennent les formes du savoir –dont le savoir scientifique– avec les logiques des pratiques de la société et la domination symbolique des pouvoirs. Dans cette tentative de réflexivité, quelques bornes épistémologiques sont posées. Il est rappelé ici que la culture représente l’ensemble de la vie sociale et des manières de penser et que si la science n’est pas une culture, les porosités extrêmes entre savoir, science et culture imposent au scientifique de penser sa place dans la cité, au risque de l’aliénation. L’instrumentalisation de l’archéologie, de l’histoire ou encore de l’anthropologie (non seulement par les pouvoirs, mais aussi parfois par les producteurs de savoir) est le prototype de ce que l’on peut faire dire à la science, comme en témoignent les mythes fondateurs de notre pays, ou les vicissitudes du concept de race…
Pour finir, différentes formes de culture issues des pratiques scientifiques –cultures pratiques, techniques, jeux vidéo…– ainsi que l’épineuse question de la formation dans des domaines «en lisière», sont évoquées. En somme, un dossier éclectique qui veut ouvrir des chantiers critiques pour manifester que la science et ses pratiques ne sont pas réductibles au modèle culturel dominant de «l’économie de la connaissance».