édito

Par Gérard Lauton

Recherche en éducation

La recherche en éducation est parfois décriée, du fait d’une tradition française de mépris de la pédagogie, avec laquelle les sciences de l’éducation sont souvent confondues (p.12). Tel détracteur raillera l’hermétisme d’un jargon dont il ne sait interpréter le cheminement, persuadé que l’auteur s’est évertué à compliquer des choses simples. Que des travaux soient écrits dans un langage accessible à tous… il se plaindra alors de n’y voir qu’un enchaînement d’évidences: si je comprends chaque mot et chaque phrase, est-ce vraiment de la recherche? Illusion de la transparence! Et pour peu qu’il soit reconnu dans une discipline, et persuadé d’être ipso facto apte à l’enseigner, ce lecteur pourra trouver vains les travaux de didactique de sa spécialité.

Ces préjugés sur la recherche en éducation lui ont valu bien des revers: démantèlement de l’INRP, mais aussi entraves, tant de la part de la tutelle que du milieu éducatif et scientifique, au développement de didactiques plurielles. Sans la passion qui les anime pour la didactique, ses acteurs auraient depuis longtemps capitulé face à l’obstruction qui leur est souvent faite, notamment le refus d’en reconnaître l’utilité sociale, et d’y profiler dans l’ESR des emplois d’enseignant-chercheur ou de chercheur, sauf s’ils sont cantonnés dans la formation d’enseignants du secteur scolaire.

Mieux reconnu comme un «métier qui s’apprend», l’enseignement –de la maternelle à l’université– ne peut plus rester en marge des travaux qui portent sur les conditions de son exercice et de sa réussite. On demande des comptes sur les défis éducatifs: favoriser les apprentissages et la démocratisation de l’accès au savoir. Il est grand temps de réparer les dégâts subis par la recherche en éducation et de lui offrir un nouvel essor.