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Les chercheurs, leurs données et leurs sources : entre ouverture et fermeture

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Les chercheurs, leurs données et leurs sources : entre ouverture et fermeture

VRS n°426
Parution
09/2021
Numéro
426
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Par Laurence Favier et Chantal Pacteau

Les chercheurs, leurs données et leurs sources : entre ouverture et fermeture

Le développement du numérique, et spécifiquement du Web, a fait naître l’espoir d’une communication scientifique libérée des contraintes, économiques avant tout, qui pèsent sur la circulation des publications et aujourd’hui des données. En facilitant l’édition et la diffusion, le Web a permis à l’idéal des « publications ouvertes » puis de « la science ouverte » de se développer en laissant penser aux chercheurs qu’ils trouveraient là les moyens d’une autonomie dans la circulation des connaissances qu’ils produisent, autonomie qui ferait contrepouvoir à la captation des résultats de leurs travaux par les secteurs lucratifs industriels et commerciaux. Cet idéal se poursuit et permet de mettre au centre du débat tous les enjeux d’une science ouverte : mise en place d’infrastructures numériques mondiales ou locales pour mutualiser et pérenniser données et publications, renforcement potentiel de la collaboration mondiale et notamment des rapports Nord-Sud comme le préconise l’UNESCO.

Si l’importance de ces enjeux est bien partagée par les chercheurs et, le plus souvent, par leurs tutelles, ce mouvement masque le plus souvent les difficultés que doivent affronter les chercheurs. Elles sont, tout particulièrement, au coeur du développement des sciences humaines et sociales dont deux des sources principales de connaissance sont les archives
et les enquêtes. Ces sources sont l’objet d’un mouvement contradictoire : l’un promouvant leur ouverture et leur réutilisation, l’autre entravant leur accès, comme en témoigne la réforme très contestée de l’accès aux archives. Un autre
hiatus se retrouve dans le « marché des données », avec les secrets des secteurs industriel et commercial qui se nourrissent des données publiques.

Aucun cadre ne protège les chercheurs qui collectent des données jugées « sensibles ». Archives et données peuvent devenir un prétexte à limiter, quand ce n’est pas menacer, la liberté académique et, par voie de conséquence, les chercheurs qui les exercent. Coexistent donc simultanément un mouvement d’ouverture de la recherche et la volonté affirmée d’un contrôle de celle-ci.

La « science ouverte » nous confronte aux réalités à la fois communes et contrastées de la production des connaissances selon les disciplines scientifiques. La nature spécifique des matériaux de la recherche, et donc des méthodes pour les obtenir, ne peuvent permettre d’uniformiser la pratique scientifique, contrairement aux « bonnes pratiques » sur lesquelles
tous les scientifiques sont supposés s’aligner. Les difficultés auxquelles sont confrontées les sciences, dès lors qu’on les pense sur le même modèle, permettent aussi de poser les problèmes partagés par toutes : la définition de ce qu’est une donnée et donc celle de sa réutilisation (puisque c’est la finalité même des données ouvertes que d’être réutilisées), la médiatisation de la science face à la science ouverte, la conception de l‘éthique de la recherche face à l’indispensable
liberté académique.

C’est l’objet des textes qui suivent que de souligner la complexité des enjeux de la « science ouverte ».


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