édito

Par Hervé Christofol et Chantal Pacteau

L’enseignement supérieur et la recherche au temps du coronavirus

Durant la période de confinement, en tant que membres de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR), nous n’avons jamais cessé nos activités, parfois plus intenses et urgentes que jamais et selon des modes rarement pratiqués dans la plupart de nos métiers. Certains ont continué à aller dans les laboratoires du fait des impératifs de leurs fonctions et de leurs travaux. D’autres, la plupart, ont participé à la mise en réseau et au partage d’informations au niveau du monde entier. D’autres encore ont pris des initiatives pour prêter main forte aux hôpitaux, soit à titre individuel, soit en collectif de laboratoires…

Le fait majeur a été la mise en pratique accélérée des outils du télé-travail pour à peu près toutes les activités de l’ESR, qu’il s’agisse des enseignements, des examens, des soutenances de thèse ou encore des réunions d’équipes pédagogiques et de recherche ou des colloques virtuels… Mais au-delà de cette « révolution » dans
nos outils de travail, les témoignages sont nombreux qui racontent comment – dans le monde académique – la pandémie s’est immiscée dans la vie des personnels et des étudiants (1), avec des aspects très négatifs comme d’exacerber les inégalités femmes-hommes.

Pendant le confinement, les instances de représentation des personnels comme les comités techniques (CT) ou les comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), se sont engagées, comme jamais, en faveur de la santé et de la sécurité des travailleurs – confinés ou non –, des étudiants isolés et/ou précaires et ont veillé sur les conséquences du travail à distance (2).

La crise de la Covid-19 aura également donné une place centrale à la médecine et à la recherche dans la décision publique. Cette mise en visibilité médiatique a révélé beaucoup de confusion dans l’appréhension des responsabilités respectives des scientifiques, des « experts » et des politiques. Souvent, les principes éthiques ont été oubliés. Et il a fallu faire face aux théories conspirationnistes les plus pernicieuses.

Même si le déconfinement a confirmé qu’il n’y aurait pas de monde d’après, nombreuses sont les initiatives pour plus de justice, comme celle qui importe particulièrement aux scientifiques engagés, à savoir la lutte pour l’institution des vaccins contre la Covid-19 comme biens communs mondiaux.
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Ce premier numéro de la Vie de la recherche scientifique de l’année devait sortir fin mars, avec un dossier intitulé « LPPR, retraites : les dossiers explosifs de l’enseignement supérieur et de la recherche ». A la vielle du confinement, nous avons décidé de surseoir à sa parution tant il nous semblait que, même si la VRS version papier avait pu être imprimée et acheminée dans les boites aux lettres, les sujets traités perdaient leur sens dans le contexte de la situation inouïe que nous allions traverser. Ce numéro double donne cependant une place importante au projet de loi pluriannuelle pour la recherche qui devrait passer en force cet été sans même remettre en cause les financements par appels à projets qui ont pourtant pénalisé les recherches au long cours, notamment celles sur les coronavirus. Quant à la loi prévue sur les retraites et ses conséquences pour les personnels de l’ESR, elle sera traitée dans un prochain numéro.

1 Par exemple, https://www.larecherche.fr/covid-19-coronavirus-vie-de-labo/pand%C3%A9mie%C2%A0du-covid-19-quelles-cons%C3%A9quences-pour-la-recherche

2 Voir par exemple : CHSCT ministériel ESRI : continuité, quoi qu’il en coûte ? Lien : https://www.snesup.fr/article/mensuel-ndeg-684-avril-2020