Budget initial 2026 du CNRS, les déclarations du SNCS-FSU
Le budget initial du CNRS examiné ce jour prévoit une subvention pour charges de service public du CNRS de 2 milliards et 939 millions d’euros en 2026, en stagnation par rapport au budget initial effectif 2025 (BR2), mais en baisse de près de 100 millions d’euros par rapport au premier budget initial 2025. Ce décrochage substantiel de la subvention d’état du CNRS est le résultat d’une ponction de 100 millions d’euros votée par les parlementaires en février 2025, ponction qui est renouvelée dans le projet de budget initial examiné ce jour. En ajoutant l’absence de compensation des mesures salariales de 2024 dites « Guérini » dans la fonction publique (25 millions d’euros), l’absence de compensation du glissement vieillesse technicité (25 millions d’euros) et l’absence de compensation en 2025 de l’augmentation de 4% de la contribution au compte d’affectation spéciale (CAS) concernant les pensions (42 millions d’euros), le budget du CNRS présentait déjà en 2025 un déficit structurel de près de 200 millions d’euros avec une ponction 194 millions d’euros. Le budget initial 2026 du CNRS aggrave encore la situation avec une compensation très faible d’une nouvelle augmentation de 42 millions du CAS pension, portant son coût à près de 80 millions sur la seule année 2026, une absence de compensation du glissement vieillesse technicité à 21 millions d’euros et une absence de compensation de la protection sociale complémentaire pour 6 millions. Ainsi, le CNRS voit son déficit structurel monter à 256 millions d’euros et se voit obliger de prélever environ 240 millions en 2026 sur son fonds de roulement. Cette ponction dans le budget du CNRS porte la masse salariale sur subvention d’Etat à 91% de cette subvention, alors qu’elle serait d’environ 84% sans cette ponction. Afin de ne pas réduire ses dépenses en 2026, le CNRS est ainsi contraint d’épuiser sa trésorerie non fléchée qui devrait être quasi nulle fin 2026, à 22 millions d’euros, soit moins de deux jours de fonctionnement. La situation pour 2027 sera intenable. Le SNCS-FSU est extrêmement préoccupé par cette diminution toujours croissante du fonds de roulement du CNRS.
Le SNCS-FSU dénonce avec la plus grande fermeté ce projet de budget dangereusement déficitaire, catastrophique pour le CNRS et la recherche publique en France.
Alors que la marche budgétaire prévue dans la loi de programmation de la recherche (LPR) de 2020 a été amputée des deux tiers en 2025, seul le financement de 40 nouvelles chaires de professeurs juniors et la revalorisation des contrats doctoraux est prévu dans ce projet de budget 2026. Les mesures salariales prévues dans l’accord rémunérations et carrières sont purement et simplement supprimées. Le gouvernement ne respecte donc pas l’accord sur les rémunérations et carrières qu’il a pourtant signé avec les organismes de recherche. Le SNCS-FSU rappelle son opposition aux chaires de professeur junior et demande que l’enveloppe prévue pour ce dispositif dans le projet de budget 2026 soit affecté à la revalorisation des rémunérations des agentes et agents du CNRS. Concernant la protection sociale complémentaire, alors que l’accord signé entre l’État et les organisations syndicales prévoit une compensation de son coût dans la subvention pour charges de service public des établissements, le gouvernement a décidé de ne pas compenser ce coût au CNRS ainsi qu’aux autres établissements de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR). Cette rupture de plusieurs engagements de l’État, inscrite dans le projet de budget 2026, marque une nouvelle étape particulièrement inacceptable reflétant le mépris du gouvernement envers la recherche publique. Ce non-respect de la signature de l’Etat compromet gravement le dialogue social dans la recherche publique. Le SNCS-FSU dénonce avec la plus grande fermeté ces renoncements du gouvernement qui impactent directement et les rémunérations des agentes et agents du CNRS et pérennise leur sous-valorisation et leur déclassement.
Le SNCS-FSU s’était opposé dès 2020 à l’insuffisance de la programmation budgétaire de la LPR qui ne permettait pas d’atteindre 1% du PIB pour la recherche publique. Les coupes budgétaires des années 2024 et 2025, après deux années de forte inflation non compensée, ont ramené le budget de la recherche publique à un niveau historiquement bas en pourcentage du produit intérieur brut (PIB), il était à 0,74% du PIB en 2023 et ce pourcentage devrait être encore plus faible en 2026 avec ce projet de budget. Le budget de la recherche publique va donc encore s’éloigner désespérément de l’objectif de 1% du PIB en 2026. C’est un reniement supplémentaire de la parole de l’Etat avec pour conséquence un décrochage dramatique du financement de la recherche en France par rapport aux autres grands pays scientifiques.
Alors qu’une accélération de la programmation budgétaire de la LPR est indispensable, c’est le contraire qui est programmé par le gouvernement pour la deuxième année consécutive. Ce budget initial devrait encore participer à l’érosion de l’emploi scientifique pérenne sur subvention d’État et donc à la chute d’attractivité du CNRS et à l’affaiblissement de notre établissement. La revoyure de la loi de programmation de la recherche, qui devait avoir lieu en 2025 d’après la dernière loi de finance, aurait pu être l’occasion pour la France de planifier enfin le respect de ses engagements, et de programmer les augmentations de budget nécessaires pour revenir au niveau des autres grands pays scientifiques. Le SNCS-FSU demande une autre programmation budgétaire pour le CNRS et pour la recherche publique en France, permettant d’atteindre dans trois ans le taux d’effort de 1% du PIB pour la recherche publique, et au-delà en 2030.
Les élu-es SNCS-FSU voteront contre ce projet de budget initial pour 2026 du CNRS.




