Le SNCS-FSU vous informe sur les concours chercheurs et chercheuses 2022 du CNRS

Les concours de recrutement de chercheurs et de chercheuses pour le CNRS en 2022 s’ouvrent le 7 décembre a 13h. Leurs détails sont connus depuis la publication du journal officiel du 5 décembre 2021. Malheureusement, on n’y trouve aucune bonne nouvelle. Les prévisions d’un nombre de départs en retraite nombreux d’ici quelques années pourraient inciter le gouvernement à anticiper. Ce n’est pas le cas : le CNRS reste sur un concours comprenant 250 recrutements (238 chargés de recherche, 2 directeurs de recherche de 1è classe et très probablement 10 recrutements de directeurs de recherche de 2nd classe). 250 postes sont également disponibles pour ce qui seront, sans grand doute, des passage de chargé de recherche à directeur de recherche. C’est exactement dans la continuité des années 2019 et 2020. Le nombre toujours plus grand de jeunes chercheurs et chercheuses talentueux et talentueuses, mais précaires, va encore une fois être confronté une compétition bien trop frustrante.
Quand on observe les concours dans les détails on constate une forte tendance au « coloriage » pour les concours de chargés de recherche. Sur les 238 postes ouverts, 7 (soit 3%) sont fléchés sur une thématique donnée, en ciblant parfois des laboratoires particuliers. Sur les 231 postes non-fléchés on remarque 70 affichages de thématiques prioritaires (30%). Ces coloriages de concours (« x postes dont prioritairement… ») laissent fort heureusement de la liberté aux jurys d’apprécier, ou pas, si au vu des candidatures ces priorités peuvent être satisfaites. Il n’en demeure pas moins c’est toujours aussi étonnant de constater que le CNRS fait dans ces coloriages acte de politique scientifique et qu’il ne propose aucunement des éléments d’explication de celle-ci. Ces coloriages ont-ils été discutés par des conseils scientifiques ? Pourquoi sont-ils plus pertinents en sciences de l’information (8 coloriages pour 14 postes) qu’en sciences biologiques (1 coloriage pour 50 postes) ou en sciences de l’Univers (pas de coloriage pour 15 postes) ? Sur 46 sections et CID, seules 15 ont des concours de chargé de recherche sans coloriage. 15 concours ont plus de 50% de coloriages avec un pic de 7 coloriages pour 8 postes en section 01. On peut noter également un coloriage sur un concours de DR2 en section 26. Dans une période où la direction du CNRS affirme, en refusant de communiquer les résultats d’admissibilité, une prévalence du jury d’admission sur les concours, et que cette affirmation se fait au nom de la politique scientifique d’établissement, il serait bon d’avoir en amont des concours eux-même une information transparente sur cette fameuse politique scientifique. Celle-ci est visiblement plus élaborée qu’une simple volonté de recruter les meilleurs scientifiques du moment, sinon il n’y aurait pas de coloriages.
Pour conclure cette lecture des concours, le CNRS procède à des recrutements de directeurs de recherche en plus des changements de corps de chercheurs du CNRS. Cette fois ces postes semblent être au nombre de 12 dont 2 concours de directeurs de recherche de première classe avec des profils très précis. Les chercheurs ou chercheuses en question se reconnaitront. A ces postes très fléchés s’ajouteraient 10 postes « libres », pas même pré-affectés sur des disciplines. Techniquement parlant, il est maintenant de notoriété courante (processus appliqué depuis le concours de 2020) que ces 10 postes sont inclus dans les postes de la CID50 (13 cette année). Rappelons que les candidatures sont à faire auprès des sections disciplinaires et pas auprès de la CID50. Les postes sont administrativement redéployés vers les sections à l’issue du concours. Une description de l’algorithme mis en œuvre est disponible sur le site de la CID50. Le SNCS estime que ce système est peu transparent pour les candidats, mais a effectivement l’avantage d’ouvrir le recrutement de chercheurs de qualité en milieu de carrière à toutes les disciplines. Le SNCS continue cependant de regretter que l’affichage d’un nombre trop faible de postes pour des chargés de recherche (238 cette année) est contraire aux ambitions que l’État français devrait mettre dans la recherche, d’autant plus au vu de la quantité de candidats de très grande qualité. On observe ainsi une diminution constante du nombre de chercheurs et chercheuses depuis plusieurs années concentrée chez les chargés de recherche (-38 en 2018, -116 en 2019 et – 92 en 2020) ainsi qu’un vieillissement de la population des chercheurs et des chercheuses au CNRS avec 31,7% des chercheurs et chercheuses ayant 55 ans et plus en 2020 contre 26,8% en 2014.