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16 Juin 2016 – Fin de l’IDEX : l’argent s’en va, les pratiques restent ?

Réaction de la section SNCS-FSU Midi-Pyrénées à la fin de l’IDEX UNITI


Communiqué SNCS-FSU section Midi-Pyrénées – 16 juin 2016

Fin de l’IDEX : l’argent s’en va, les pratiques restent ?

Alors que la décision du jury international est tombée, UNITI ne sera pas reconduite, la communauté de l’enseignement supérieur et de la recherche de Midi-Pyrénées serait selon certaines rumeurs prête à se mobiliser pour récupérer son IDEX « le plus vite possible » et « coûte que coûte ». Ne serait-il pas temps au contraire de revoir les pratiques appliquées aux projets précédents ?

Le contexte national
La recherche et l’enseignement supérieur vivent une période de disette budgétaire doublée d’exigences et de contraintes de plus en plus fortes. Preuve en est l’épisode récent de fin mai 2016 sur les coupes des budgets des organismes de recherche (coupes supposément annulées suite aux actions véhémentes du milieu, voir [ici et ]) et dans les Universités (coupes non annulées). Preuve en est aussi avec la création d’encore une nouvelle structure : les instituts de convergence. Comme si les LABEX, Equipex, RTRA, ANR, Instituts Carnot, IRT, etc. ne suffisaient pas déjà à empêcher les chercheurs de faire leur travail sereinement. Pendant ce temps, le front des connaissances avance à un rythme toujours plus élevé et les autres pays développés ne comptent pas nous attendre.

Qu’attend la communauté ?
Des moyens suffisants et stables dans la durée pour faire notre métier. On ne fait pas de la recherche par à-coups. Elle se fait efficacement avec des chercheurs sur emploi stables, recrutés au plus tôt après la thèse. Avec des chercheurs organisés en laboratoires où les coopérations enrichissantes prévalent sur la concurrence stérile. Dans des laboratoires dotés de financements de base suffisants pour mener les recherches et attribués suite à des évaluations des travaux passés, effectuées par des pairs légitimes car en partie élus. Avec des financements venant d’organismes, véritables acteurs de la recherche, impliqués concrètement dans la vie des laboratoires, en mesure de comprendre les évolutions et de dégager des politiques scientifiques.

Au lieu de cela : IDEX
Globalement, l’argent injecté dans ce programme est au détriment des dotations budgétaires du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, et donc de nos établissements. Ces budgets IDEX sont octroyés par le commissariat au grand emprunt sous la tutelle directe de Matignon avec comme seule ligne directrice la compétition mondiale entre un petit nombre d’établissements déclarés « Universités d’Excellence ». Pour avoir droit au label il convient de se conformer aux dogmes afférents.

C’est ainsi que le projet Toulousain UNITI a eu les bonnes grâces du jury international car il :

 Portait atteinte à la démocratie universitaire par la mise en place d’une gouvernance autoritaire : un directeur général exécutif assisté d’un comité exécutif et d’un conseil de surveillance pour gérer l’UT et le budget global de la communauté ; l’adhésion par pacte à l’Université de Toulouse assortie de sanctions automatiques pour les établissements qui ne le respecteraient pas ; l’évaluation des appels d’offre par un comité entièrement nommé.

 Visait à l’exclusion de certains domaines par la définition arbitraire d’un périmètre d’excellence (sur des indices bibliométriques et en entérinant pour toujours les LABEX).

 Cherchait à instaurer une filière d’enseignement élitiste de Licences et Masters « étoilés » entérinant une université à la remorque des grandes écoles, qui ne met pas au cœur de son projet la réussite de tous les étudiants à égalité de chances.

 Projetait la casse des statuts des personnels par la création d’enseignants contractuels sur des contrats de 2 fois 3 ans sur le modèle des « tenure track » (pérennisation sous condition), des recrutements temporaires de chercheurs surpayés et la menace d’une réduction du nombre d’emplois par des « économies d’échelle ».

Et puis fin de l’IDEX
Le projet UNITI était tellement fou (un peu moins que le premier qui répondait au doux nom de T-IDEX, mais quand même) qu’une fois validé par le jury, la communauté toulousaine via la présidente du PRES-COMUE s’est empressée de négocier avec le ministère de ne pas le suivre à la lettre. Le jury des IDEX nous le reproche aujourd’hui de bonne guerre. Mais qu’avons nous réellement fait de cet argent dont on pleure la disparition ? A-t-on recruté des personnels de la recherche sur postes permanents ? A-t-on supprimé des structures encombrantes et chronophages ? A-t-on crée des outils d’évaluation reconnus comme légitimes ? A-t-on aidé les équipes de recherche et pédagogiques en difficulté par les coupes budgétaires arbitraires ?

Le programme IDEX a consacré la part la plus importante du financement disponible pour les « chaires d’attractivité » (entre 40 à 45% du budget soit 3,5 à 4 millions d’euros). Ces chaires font venir de brillants scientifiques mercenaires du monde entier (puisqu’on est des nuls à Toulouse) pour qu’ils viennent nous aider à devenir un établissement de rang mondial (sic). N’aurait-il pas été plus utile de nouer des coopérations internationales de long terme par le biais d’outils comme les unités mixtes internationales (UMI) ou les laboratoires internationaux associés (LIA) ?

Si l’on regarde globalement les programmes IDEX (hors le programme nouveaux entrants qui représente environ 8% du financement global), on s’aperçoit que sur 2013 et 2014 les unités ayant obtenus au moins 2 financements représentent 15% des unités du site pour 65% des projets et les unités ayant obtenus 3 financements ou plus représentent 8% des unités du site pour 47% des projets. Conclusion, comme on s’y attendait, le financement IDEX permet d’arroser là où c’est mouillé… La soi disant excellence c’est de concentrer arbitrairement les moyens sur un petit groupe.

L’argent est parti, qu’en sera-t-il des pratiques ?
L’IDEX est morte. La première des conséquences c’est la perte de financements. Même si une grande partie a été dilapidée à faire des réunions chronophages, de jolies plaquettes de communication et à tenter de faire penser les chercheurs à autre chose que leur travail, une partie a malgré tout été utile pour quelques collègues. Est-ce qu’on se contentera de pleurnicher sur cette « catastrophe » ? Est-ce qu’on continuera comme avant ? Avec le même état d’esprit, les mêmes pratiques ? Espérons que non. Exigeons que ce ne soit pas le cas. Concentrons nos énergies à construire une vraie communauté de l’enseignement supérieur et de la recherche en Midi-Pyrénées basée sur la coopération, le débat et la transparence.

communique__sncs-mip_idex_160616.pdf


mm

Secrétaire de section Midi-Pyrénées

Dimitri Peaucelle - Secrétaire de section SNCS Midi-Pyrénées



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