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VRS n°410 automne 2017

mmSNCS-FSU16 novembre 2017

Penser le complexe

Par Chantal Pacteau

Pourquoi un dossier sur « penser le complexe » ? Parce que – et c’est le fil rouge de ce dossier – les formidables défis qu’affrontent les sociétés humaines exigent de revisiter les questions de recherche et de formation.

La complexification continue du monde, liée à la multiplication des interactions (changements globaux, multiplication des relations, transport de marchandises, internet, flux de capitaux…) nécessite et rencontre une évolution concomitante des sciences, l’impératif de penser la complexité. Cet impératif se développe dans toutes les disciplines, malgré les obstacles épistémologiques et conjoncturels (les conditions de la recherche) à sa mise en oeuvre et sa diffusion. Comme l’écrit Janine Guespin-Michel dans l’article introductif de ce dossier, ce qui unifie cette « révolution » à travers les diverses disciplines, c’est la forme de pensée qu’elle génère, qui s’oppose à la forme de pensée dominante « analytique ».

Et les questions pressantes sur lesquelles travailler changent. Comme l’écrivaient Illya Prigogine et Isabelle Stengers dans La nouvelle Alliance dès 1979, « ce ne sont plus d’abord les situations stables et les permanences qui nous intéressent encore mais les évolutions, les crises et les instabilités. Nous ne voulons plus étudier seulement ce qui demeure, mais aussi ce qui se transforme, les bouleversements géologiques et climatiques, l’évolution des espèces, la genèse et les mutations de norme qui jouent dans les comportements sociaux.»

Dans ce dossier, des scientifiques de différents domaines de connaissance nous font partager leur conviction épistémologique selon laquelle penser la complexité revisite leurs questions de recherche. Ils partagent aussi la conviction que pour transmettre une vision du monde qui soit à la hauteur des enjeux de société, la formation des jeunes est fondamentale. Les graines du penser complexe, comme les graines du penser simplificateur, seront semées par nos collègues de l’enseignement primaire et secondaire. Nous qui formons ces enseignants, et qui accueillons leurs élèves, avons donc une responsabilité centrale dans la transmission de l’importance de la complexité en tant qu’approche pour appréhender les réels.


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édito

par Patrick Monfort, Secrétaire général du SNCS-FSU

Toujours les mêmes lubies réactionnaires : supprimons le CNRS et tout fonctionnera mieux !

Depuis la création du CNRS en 1939, il est une constante dans la vie politique française, c’est l’acharnement de certains hommes et femmes politiques de droite à vouloir sa disparition. Né de la volonté de grands scientifiques dont Jean Perrin et Irène Joliot-Curie, dirigé par Frédéric Joliot-Curie à la Libération, le CNRS est, depuis soixante-dix ans, la cible régulière d’activistes qui réclament sa suppression ainsi que celle des autres organismes de recherche, pour les intégrer dans l’université. Les auteurs de ces diatribes et leurs contenus ne valent même pas la peine d’être cités, tant ils sont indigents.On pourrait donc considérer que la nouvelle attaque en cours n’est qu’une des rechutes récurrentes d’un vieux tropisme de droite. Il y a certainement beaucoup de cela. Mais lorsque Thierry Coulhon, professeur d’université, conseiller pour l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation du président de la République et ex-directeur adjoint du cabinet de Valérie Pécresse explique, lors d’un colloque organisé par Qualité de la science française le 13 octobre dernier, que la masse salariale des organismes est trop importante au détriment du récurrent, nous sommes en droit d’avoir quelques inquiétudes.

Le discours qu’il nous ressert, toujours aussi simpliste et absurde, n’est sous-tendu que par une idée : généraliser la précarité à tous les personnels, chercheurs, ingénieurs et techniciens, comme cela existe dans plusieurs pays. Ainsi, les organismes n’auraient à gérer que du fonctionnement en réduisant la part de la masse salariale. Et pour les personnels, vive la loi de la jungle !

Au cours du même colloque, Pascale Briand, ancienne directrice générale de l’ANR, aujourd’hui inspectrice générale de l’agriculture, enfonce le clou en rajoutant que ce qui pèse sur la recherche française, c’est la complexité de nos organisations. Pour simplifier, elle appelle à la suppression des organismes qui « constituent des freins pour l’avenir ».

Il est vrai que la création des PRES, puis des COMUE, des Alliances, de l’ANR, de l’AERES devenu HCERES, et de tous les Ex du PIA (Idex, Isite, IHU, IRT, SATT…) n’a fait que simplifier le paysage de l’enseignement supérieur et de la recherche en France !

Cette volonté de supprimer un organisme mondialement reconnu, qui arrive encore à fonctionner grâce à l’engagement de ses personnels et malgré des budgets insuffisants et des emplois scientifiques mal payés qui se raréfient, est révélatrice de la pauvreté du discours politique de ceux qui la portent. Nous faisons nôtre l’appel de Pascale Briand de « sortir de ce paysage segmenté » de l’enseignement supérieur et de la recherche. Oui, défragmentons, simplifions l’organisation de la recherche en
commençant par supprimer l’ANR ! Et conservons les organismes où se fait vraiment le travail de recherche, avec profit, depuis trois quarts de siècle et encore, espérons-le, pour longtemps.

PS : Il existe les corps d’inspection des ministères qui permettent de recycler les fonctionnaires dirigeants à qui on ne sait plus quoi proposer. Les primes supérieures à 40 000 € annuels des inspecteurs généraux1 sont particulièrement intéressantes
(rappelons que celles des chercheurs du CNRS se montent royalement à 960 € annuels). Supprimons aussi le recyclage dans les corps d’inspection générale !

1 La revalorisation des carrières commence… par celle des inspecteurs généraux de l’administration (https://sncs.fr/La-revalorisation-des-carrieres).



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