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La VRS - N° 408_BD

VRS n°408 Printemps 2017

mmSNCS-FSU21 avril 2017

Pourquoi une fonction publique de l’enseignement supérieur et de la recherche ?

Par Chantal Pacteau

En ces temps de « fonctionnaire-bashing (1) » et de période électorale, où des candidats déclarent cyniquement vouloir supprimer 500 000 postes de fonctionnaires ou questionnent la pertinence du statut public de certaines fonctions, il nous est apparu essentiel de rappeler la longue histoire de la fonction publique, sa cohérence, sa diversité et son adaptabilité au service de l’intérêt général. Notre service public de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) s’inscrit dans le chemin du vivre ensemble – toujours en devenir – que s’est choisi notre pays, tout en s’en nourrissant : climat culturel riche et toujours respecté, accès à des services publics de qualité, liberté d’expression…Etre fonctionnaire dans l’ESR, c’est se libérer de l’angoisse du lendemain, quand l’obsession est de trouver le prochain contrat à durée incertaine. C’est se permettre le temps long pour comprendre, découvrir, créer, transmettre. C’est avoir la garantie des « libertés académiques » qui constituent l’assurance la plus solide contre les pressions du monde politique, les intérêts des milieux d’affaires et des lobbies de toutes sortes…

Ces beaux principes ne sauraient faire oublier un financement de la recherche trop faible, un état souvent lamentable des locaux universitaires ou encore un déclassement salarial qui sera insuffisamment enrayé par les récentes mesures de déblocage et revalorisation de carrières. Ils ne peuvent non plus faire oublier une orientation managériale des politiques de l’enseignement supérieur et de la recherche qui menace les conditions de création et de pensée libre.

En marchant le 22 avril, le monde académique dans son ensemble – ses personnels et ses représentants – rappellera que soutenir les scientifiques des Etats-Unis, « c’est soutenir la liberté de la recherche partout dans le monde et permettre à la communauté scientifique de jouer pleinement son rôle dans la société (2) », et que c’est la préserver des expérimentations obscurantistes du laboratoire à ciel ouvert qu’a inauguré la présidence Trump aux USA. C’est aussi répéter encore et encore que « les restrictions budgétaires et le gel des recrutements vont à l’encontre de l’intérêt des nations (3) ».

La Marche rassemblera toutes les citoyennes et tous les citoyens qui « estiment que, dans notre démocratie, la reconnaissance de la démarche scientifique fondée sur la collecte, la vérification, et l’analyse rationnelle de faits et la garantie de son indépendance vis-à-vis des pouvoirs en place sont des enjeux essentiels. Cette grande manifestation aura lieu la veille du premier tour de la présidentielle. C’est une formidable opportunité de montrer que sciences et démocratie forment un couple inséparable (4).»

1 http://www.fsu-cese.fr/la-fonction-publique-a-de-lavenir/
2 https://sncs.fr/Le-SNCS-appelle-a-la-marche-pour
3 http://www2.cnrs.fr/presse/communique/4891.htm
4 http://www.marchepourlessciences.fr/a-propos/pourquoi-marcher/


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édito

par Patrick Monfort Secrétaire général du SNCS-FSU

Enseignement supérieur et recherche : quelles perspectives ?

La politique menée depuis plus d’une quinzaine d’années par les gouvernements successifs est caractérisée par la volonté de piloter la recherche sur des objectifs à court terme qui ne sont pas ceux de la communauté scientifique. Sous prétexte de développer l’innovation, cette politique veut assujettir la recherche publique aux intérêts d’une industrie privée qui refuse de procéder elle-même aux investissements nécessaires pour innover. Alors que le crédit impôt recherche progressait en quinze ans de 1 200 % pour pratiquement atteindre six milliards d’euros annuels, le budget de la recherche publique diminuait, en euros constant, de 7,5 % entre 2009 et 2016…
Ses personnels se trouvent ainsi dans l’incapacité d’honorer, dans des conditions correctes, leur mission principale : le développement des connaissances.Aussi, en cette période électorale, nous rappelons à tous les candidats nos exigences :

une loi de programmation de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR), avec un financement en augmentation de 3,5 milliards d’euros par année pendant dix ans. C’est seulement si cette condition est satisfaite que pourra être atteint l’objectif de 1 % du PIB pour la recherche publique et 2 % de PIB pour l’enseignement supérieur ;

un plan pluriannuel, sur dix ans, de création d’emplois réellement pourvus, à hauteur de six mille emplois annuels de fonctionnaires : enseignants, enseignants-chercheurs, chercheurs, ingénieurs, personnels techniques, de bibliothèque et administratifs. Un tel investissement est indispensable, pour résorber la précarité, assurer un taux d’encadrement permettant à 60 % d’une classe d’âge d’obtenir un diplôme du supérieur et développer les équipes de recherche dans nos laboratoires.

Ces moyens budgétaires et humains sont indispensables pour que l’ESR soit au niveau des enjeux économiques, sociétaux, culturels et environnementaux actuels. Il faut aussi rappeler que la recherche doit retrouver sa liberté par un financement récurrent des laboratoires à au moins 70 % de leurs besoins. L’université doit aussi être dégagée des carcans imposés par les regroupements imposés, les initiatives dites d’excellence dont l’objectif principal est la destruction de la démocratie universitaire, le financement d’une minorité au détriment du plus grand nombre, ainsi que l’orientation des formations sur des intérêts à court terme. Tous les étudiants ont droit à un enseignement de haut niveau sur l’ensemble du territoire ; et tous les enseignants – comme tous les chercheurs – ont droit à des moyens financiers et matériels pour l’exercice de leurs missions.

L’enseignement supérieur et la recherche sont des services publics qui doivent être financés par l’État, au bénéfice de tous les citoyens, pour le développement de la démocratie, de la prospérité économique et d’un modèle social respectueux de toutes et tous.



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