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Surdité du gouvernement face à la situation catastrophique de l’emploi scientifique. SNCS Hebdo 14 n° 9 du 4 novembre 2014

VRS4 novembre 2014


Tout à son rêve de lendemains qui chantent et d’un avenir rendu meilleur par la cure d’austérité qu’il est en train d’infliger au pays, le gouvernement refuse d’entendre le cri d’alarme de la communauté scientifique. Si on continue comme ça il n’y aura, dans dix ans, plus de jeunes chercheurs dans les beaux labos tout neufs qu’on nous construit, aux frais de la princesse (il y a toujours de l’argent pour les bétonneurs), sur le plateau de Saclay et ailleurs.
La stagnation annoncée pour plusieurs années du budget de l’enseignement supérieur et de la recherche ne peut en effet résulter, la pyramide des âges étant ce qu’elle est, qu’en une réduction encore plus dramatique des possibilités de recrutement dans la recherche publique et l’enseignement supérieur. La continuation de cette politique malthusienne, après des années de brimades sarkoziennes, va achever de convaincre toute une génération qu’elle n’a pas d’avenir, en France, dans l’université ni dans la recherche scientifique.
Assez de cette conception étriquée de la « compétitivité » qui n’envisage le développement de la recherche que comme un arrosage fiscal débridé des entreprises ! La compétitivité de demain ne passe pas par le cadeau fait au patronat d’emplois toujours moins chers, donc moins qualifiés. L’intérêt du pays requiert, au contraire, de tirer vers le haut la qualification de la jeunesse par une politique ambitieuse de développement de l’emploi scientifique.

Patrick Monfort, secrétaire général du SNCS-FSU


SNCS Hebdo 14 N°9 – PDF


Le projet de budget 2015 de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR), comme les précédents, sanctuarise l’austérité budgétaire. La secrétaire d’État annonce une augmentation de 45 millions par rapport au budget initial de 2014, soit un budget total d’environ 23,05 milliards. Mais cette augmentation est ramenée à 36 millions par des transferts d’emplois et de moyens à l’ESR agricole. Avec une prévision d’inflation d’au moins 0,5 %, pour parvenir à un budget seulement équivalent à celui de 2013 il aurait fallu au moins 115 millions d’augmentation.
Après 10 ans de chute de la position française en matière de recherche, il convenait pourtant de rétablir la situation, avec au moins l’objectif d’atteindre 3 % du PIB pour la recherche d’ici 10 ans. C’est un objectif modeste que l’Allemagne vient de franchir. D’après les rapports Le Déaut et Berger de l’hiver 2012-2013, la réalisation de cet objectif, affiché par l’Europe dès 2000, suppose qu’on accroisse le budget de l’ESR d’au moins un milliard chaque année. On en est loin !
Aujourd’hui, après ces 10 ans où les gouvernements de droite ont conduit à un fort recul des dépenses de recherche publiques et privées, après la forte dégradation de la situation des établissements universitaires et de recherche, on peut au mieux admettre que la gauche a stabilisé au fond du trou les moyens de l’ESR.
S’agissant de l’emploi, la question n’est pas de le préserver mais d’investir massivement pour rattraper le retard et résorber la précarité dans l’ESR. Il n’y a pas de recherche sans scientifiques : pour passer de 0,6 % à 1 % du PIB, il faudrait donc accroître le potentiel humain d’au moins 65 % en dix ans. À l’heure actuelle, d’après le rapport 2013 sur l’« état de l’emploi scientifique » du ministère de l’ESR, les personnels de niveau post-thèse représentent 80 000 ETP (équivalents temps plein) au total, soit environ 55 000 si on exclut les non titulaires et les chercheurs du CEA et du CNES dont les activités sont directement militaires ou industrielles. Cela veut dire 35 000 emplois de chercheurs, enseignants-chercheurs et ingénieurs et techniciens de plus en dix ans, soit 6 000 emplois de plus par an à créer.
Des redéploiements budgétaires sont nécessaires, à commencer par la transformation en emplois statutaires des crédits de l’ANR et de la part du « plan d’investissements d’avenir » (PIA) servant à payer les précaires. Tout aussi nécessaire apparaît la remise à plat du crédit impôt-recherche (on ne compte plus les rapports officiels dénonçant son inefficacité) et la restriction de son enveloppe, avec transformation immédiate, dans la somme qui lui est consacrée, d’un milliard d’euros, puis à terme de 2 milliards à fin de permettre les créations d’emplois indispensables dans l’ESR, et de redonner du budget de base aux laboratoires.
Face à un gouvernement qui maintient sa politique d’austérité dans notre domaine comme dans les autres et qui reste sourd aux revendications sur l’emploi scientifique très largement portées par la communauté (Comité national de la recherche scientifique, CNU, Conseil scientifique du CNRS, directeurs d’unité, mouvement Science en marche, syndicats), il devient nécessaire d’amplifier le mouvement et de maintenir la pression pour sauver l’emploi scientifique.

Exigeons des postes et des budgets pour l’enseignement supérieur et la recherche

Rassemblement mardi 4 novembre – 17h30
au campus universitaire Curie, 11 rue Pierre-et-Marie-Curie, Paris 5e



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