Recherche des entreprises : l’explosion pour l’Asie, la honte pour la France
Par Henri Audier, membre du Bureau national du SNCS-FSU
La « Note d’information » du MESR datée d’octobre 2013 effectue notamment une comparaison entre
l’Union européenne, les Etats-Unis et l’Asie.
http://cache.media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/2013/00/4/NI_MESR_13_08_278004.pdf
L’essentiel est résumé dans la figure ci-dessous, avec des données OCDE et où les dépenses sont
exprimées en Md$ constants. La première constatation, c’est la grande progression de l’Asie : celle-ci
représente 24 % de l’ensemble UE/USA/Asie en 1995 et près de 40 % en 2010. La deuxième
constatation est que les croissances de l’UE et des Etats-Unis sont parallèles, mais que l’effort
américain se situe constamment 50 % au-dessus de l’effort européen. Il en résulte que le poids de l’UE
dans l’ensemble UE/USA/Asie tombe de 30 % en 1995 à 24 % en 2010.
Figure : Dépenses en Md$ constants (au prix et parité de pouvoir d’achat de 2005).
Asie = Chine, Japon, Corée du Sud, Taïwan et Singapour (l’Inde n’est pas décomptée).
La croissance annuelle moyenne en volume de recherche est de 3% pour l’UE, 3,1 % pour les Etats-
Unis et de 8,2 % pour l’Asie. En termes de croissance de la R&D versus le PIB, on retrouve les mêmes
tendances comme le montre le tableau ci-joint.
Mais où cela devient très instructif, c’est quand on regarde la situation de la France. Pour la recherche
des entreprises, elle fait du surplace depuis 15 ans (+ 0,02 points de PIB …) alors qu’en moyenne
l’Union européenne a progressé de 0,15 et l’Allemagne de 0, 43 point point de PIB ! Corrélativement,
la France qui représentait 6 % des recherches industrielles de l’ensemble UE/USA/Asie en 1995, n’en
représente plus que 4 % en 2010.
Répétons le : la France n’a pas d’abord un problème de coût du travail, mais avant tout un appareil
productif qui s’est délité et une faiblesse dans les technologies de pointe, du fait des investissements
insuffisants faits par les entreprises dans leurs propres recherches depuis au moins 10 ans. Malgré le
CIR : les entreprises ont simplement profité de cette aide de l’Etat pour réduire d’autant leur propre
investissement.