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Madame la Présidente du CNRS : SNCS-HEBDO 06 N°26 du 3 novembre 2006

mmSNCS-FSU3 novembre 2006

L’entretien que vous avez accordé aux Echos (30/10/06) suscite, non sans raisons, plus que des remous dans notre milieu. Je vous y réponds sans hostilité vis-à-vis de vous, ayant écrit il y a un an, que « tant que le Pacte pour la recherche sera en vigueur, toute direction du CNRS sera en difficulté ».

Henri-Edouard Audier, membre du BN du SNCS-FSU


Dans les limites étroites que tolère le ministère quant à l’expression d’un responsable d’organisme (sinon c’est l’éviction), vous marquez même un certain courage en affirmant, à propos de l’ANR, que les agences ne « prennent pas de risque ». Ou encore, à propos de l’AERES quand vous précisez « qu’il est illusoire de faire une super-agence nationale où tout le monde va être passé à la loupe » et « qu’une agence définissant des normes et vérifiant leur application sur le terrain semble plus efficace ».

Mais les choses étant ce qu’elles sont et le gouvernement ce que nous savons, se met en place un système où l’ANR va évaluer les projets (du moins a priori, car a posteriori tout le monde s’en fout), l’AERES va évaluer les laboratoires et il ne restera aux instances actuelles, où siègent des représentants de la communauté scientifique, que ce qui concerne la carrière des chercheurs et éventuellement la politique scientifique du CNRS. Et c’est là que vos propos blessent.

En effet, si on ne peut qu’approuver l’idée « qu’il faut offrir des rémunérations attractives », on en déduit logiquement qu’il faut accélérer les carrières, sur la base d’une évaluation sérieuse et d’une pluralité de critères, en suivant la pratique du Comité national. Avec ce sens seulement, on pourrait approuver l’expression « donner de bons salaires aux bons chercheurs ». Mais pas s’il s’agit d’un nouveau loto, d’une prime à la servilité ou d’une gestion par informatique réduite à critères dit « objectifs ». Ces seuls critères élimineraient nombre de recherches originales mais hors des thèmes estampillés et amplifieraient les effets de modes ; ils s’opposent à la prise de risque, que vous prônez pourtant par ailleurs.

S’il est bien de « mettre en place une culture de bottom up au CNRS », l’organisme possède les structures compétentes et représentatives (CSD, Conseil scientifique) pour proposer une politique prenant en compte ce qui remonte des laboratoires. Mais après l’ANR, l’AERES, l’A2I, les Pôles de compétitivité, les RTRA, les Instituts Carnot et un Haut Conseil fonctionnant tous avec des « experts » nommés, on n’a nullement besoin d’experts-CNRS remplaçant de facto le rôle des instances existantes ; même s’il faut améliorer celles-ci. Les scientifiques en ont assez d’être ballottés entre des comités Théodule irresponsables et des rapports de l’Inspection générale des finances, aussi compétente pour parler de la recherche que l’auteur ne l’est pour proposer une réforme du Vatican (encore que …).

Vous avez raison de ne pas vouloir « qu’en 2025 tout le budget du CNRS » aille à la biologie, afin de préserver les autres disciplines. On peut aussi comprendre, sans pour autant l’approuver, que le CNRS, racketté par le gouvernement au profit de l’ANR, n’ait seulement les moyens de soutenir que deux thématiques pour toute la biologie ; l’affaiblissement du CNRS est bien l’objet premier du « Pacte pour la recherche ». Mais on ne peut vous suivre quand vous dites qu’avec « tout l’argent que nous avons injecté dans les Sciences de la vie (…) le rapport qualité-prix qui n’est pas terrible » ou que dans les génopôles, « on a investi beaucoup d’argent avec assez peu de résultats ». Si les choix américains ne sont pas nécessairement les meilleurs, il reste que le rapport entre les Etats-Unis et toute l’Europe pour le chiffre d’affaires des biotechnologies est de 22. Il est de 200 avec la France. Et les écarts restent considérables sur les autre thématiques du SDV.

En conclusion, et pour bien me faire comprendre, je resterai sur votre terrain biblique, fortement entaché de manichéisme : « Si on demande à une communauté ce qu’il faut faire, elle vous envoie de l’eau tiède. Moi, j’aime l’eau chaude et l’eau froide » dites vous, parodiant l’Apocalypse (« Ainsi, puisque te voilà tiède, ni chaud ni froid, je vais te vomir de ma bouche »). Si bien qu’à votre affirmation « il faut aussi faire un classement entre les bons et les mauvais » semble répondre « et Dieu reconnaîtra les siens ». C’est bien là tout le problème.

SNCS Hebdo 06 n°26



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