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Lettre de 22 Directeurs de laboratoires de l’IN2P3

mmSNCS-FSU12 février 2009

Lettre de 22 Directeurs de laboratoires de l’IN2P3

Monsieur
le Président de la République,

 

Nous,
directeurs de 22 laboratoires de l’IN2P3, Institut National de Physique Nucléaire
et de Physique des particules du CNRS, avons été profondément blessés et
scandalisés par les propos que vous avez tenus lors de votre discours du 22
Janvier.

 

Nous
pensons d’abord aux 850 chercheurs et enseignants chercheurs et 1400 ingénieurs
et techniciens de cet institut qui travaillent au sein de ses 19 unités mixtes
de recherche CNRS- Universités et/ou grandes écoles, ou de ses 5 unités propres
ou mixtes de service du CNRS avec une compétence et un dévouement remarquables
pour réaliser de grands projets scientifiques qui défient l’imagination. Quel
contraste entre vos propos dégradants et le caractère exceptionnel de leurs
réalisations, comme les contributions françaises au programme LHC du CERN dont
toute la communauté internationale reconnaît qu’elles n’ont rien à envier à
celles de nos collègues étrangers, fussent-ils britanniques. D’autres exemples
ne manquent pas, comme la construction de SPIRAL2 au GANIL qui met la France au
tout premier plan de la recherche mondiale en physique nucléaire, des projets
spatiaux comme les équipements embarqués sur les satellites FERMI-GLAST ou
PLANCK, l’observatoire sous marin ANTARES ou encore le traitement de cancers
par hadron thérapie, directement issu de la technologie mise en oeuvre dans
notre discipline.

 

Tous
nos projets sont internationaux et c’est tous les jours que l’évaluation de nos
mérites se fait au sein de ces grands projets où collaboration rime toujours
avec compétition. Ces projets font également l’objet d’examens très sélectifs
dans les grands laboratoires internationaux où ils sont installés et mis en
oeuvre. Aussi, votre affirmation que nous serions hostiles à toute forme
d’évaluation est non seulement injurieuse mais totalement infondée. Nous tenons
à vous rappeler que notre métier est par essence évalué en permanence :
par nos communications scientifiques (publications dans des revues
internationales, communications à des congrès …), par les demandes de contrats
de recherche nationaux ou internationaux et ensuite par le Comité National de
la Recherche Scientifique ainsi que maintenant par l’AERES dont les membres
sont issus de l’ensemble de la communauté scientifique française. Est-il
nécessaire de vous rappeler que l’évaluation par les pairs de façon collégiale
est pratiquée dans tous les pays ayant une recherche de dimension
internationale ?

 

Vous
considérez que les récompenses prestigieuses attribuées à des chercheurs
cachent une recherche pratiquée par une majorité de médiocres et de fainéants.
Quel est donc ce mépris pour toute une profession ? Il faut rappeler que
l’émergence de résultats exceptionnels est le fruit du travail quotidien et à
long terme de l’ensemble des acteurs de la recherche : les chercheurs,
enseignants-chercheurs, doctorants ou post-doctorants mais aussi tout
particulièrement les ingénieurs, techniciens et administratifs qui jouent un
rôle essentiel dans l’élaboration, la mise en place et l’exploitation de
projets qui permettent d’y aboutir.

 

Il est
vraiment regrettable de constater que le gouvernement engage des réformes de
fond en s’appuyant sur une analyse erronée de la situation de la recherche
publique française et qu’il se contente de désigner des boucs émissaires. Nos
projets ont une durée de vie parfois supérieure à 25 ans, une durée très longue
comparée à celle de la vie politique. Ainsi, le LHC depuis sa conception en
1984, a vu passer 3 présidents de la République, 11 premiers ministres et plus
de 20 ministres de la recherche. C’est donc bien plus de continuité dans
l’effort public de recherche dont la science française a besoin que de
changements brusques et intempestifs.

 

Nous
sommes profondément attachés aux missions essentielles du CNRS, faire
progresser le champ des connaissances dans toutes les disciplines, valoriser et
diffuser les avancées scientifiques et techniques, contribuer à la formation
par la recherche. Ce rôle central du CNRS nous paraît l’indispensable
complément de la montée en puissance des Universités que nous soutenons. La
transformation du CNRS en simples agences de moyens n’est pas compatible avec
ces missions. Les réflexions menées au sein de notre communauté ont permis de
dégager les propositions de changement qui nous apparaissent nécessaires. Il
est dommage pour l’avenir de la recherche en France que vous restiez
indifférent à toutes ces propositions.

 

Nous
vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de
notre très haute considération.

 

Les
directeurs de laboratoires de l’IN2P3 :

 

*          Alain Baldit (LPC, Clermont-Ferrand),

*          Pierre Binétruy (APC, Paris),

*            Dominique Boutigny (CC_IN2P3, Lyon),

*          Jean-Claude Brient (LLR, Palaiseau),

*          Phippe Brion (ULISSE, Annecy),

*          Yves Charon (IMNC, Orsay), –

*          Gabriel Chardin (CSNSM, Orsay),

*          Alain Falvard (LPTMA, Montpellier),

*          Raffaele Flaminio(LMA, Lyon),

*            Dominique Guillemaud-Mueller (IPN,
Orsay),

*          Bernard
Haas (CENBG, Bordeaux),

*          Renaud Huynh (Musée Curie, Paris),

*          Bernard Ille(IPNL, Lyon),

*          Eric Kajfasz( CPPM, Marseille),

*          Yannis Karyotakis (LAPP, Annecy),

*          Serge Kox
(LPSC, Grenoble),

*          Didier Lacour (LPNHE, Paris),

*          Denis
Linglin (MIND, Archamps),

*          Jacques Martino (SUBATECH, Nantes), –

*          Fabrice Piquemal(LSM, Modane),

*          Jean-Claude Steckmeyer (LPC, Caen),

*          Guy
Wormser (LAL, Orsay)

(soit
la quasi-totalité)

 

Lettre de 22 Directeurs de laboratoires de l’IN2P3



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