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Les vuvuzèlas de Valérie Pécresse (17/06/2010)

mmSNCS-FSU17 juin 2010


Bien avant la présente coupe du Monde de football et ses assourdissantes vuvuzelas dans les stades, Valérie Pécresse en avait trouvé le principe : créer un bruit de fond intense par des sons répétés de façon a étouffer toutes les autres formes d’expression. Et elle le fait très bien : tous les trois jours un discours de la ministre ou un texte du ministère, texte que les journalistes peuvent reprendre en coupé-collé, avec interviews prédigérées fournies par le ministère pour faire des articles plus vrais. Pas le temps de réagir, car un nouveau non-événement est propulsé par le ministère, non-événement que les journalistes peuvent reprendre en coupé-collé avec interviews prédigérées …

On était habitués aux budgets postiches, aux faux milliards qui pleuvent, aux suppressions de crédits dissimulés, aux annonces truquées. Mais aujourd’hui, les limites de la décence et du supportable viennent d’être franchies. Car il s’agit des jeunes docteurs que nous avons sélectionnés parmi les meilleurs étudiants, qui se sont expatriés des années faute de mieux, et à qui aujourd’hui on offre quelques CDD, pour beaucoup sans avenir.

C’est avec force trompettes que Valérie Pécresse a annoncé le programme ANR « Retour post-doctorants ». « Un nouveau programme pour récupérer les meilleurs “cerveaux” français » titre Le Monde.fr, « Recherche Un dispositif incite les jeunes docteurs à rentrer en France » annonce le gratuit 20 minutes. S’il est vrai que les deux quotidiens prennent leurs distances avec l’opération, il restera dans la mémoire du lecteur pressé, et c’est là le but de cette propagande, que Valérie Pécresse s’occupe de nos jeunes scientifiques.

Le problème de nos scientifiques expatriés est réel et grave. Mais pour le(s) milliers(s) de jeunes concernés, la grande opération consiste en 25 CDD offerts, la largeur du trait. Une opération de propagande de 11,4 millions à comparer aux 3 milliards de TVA sur la restauration et 4 milliards de Crédit d’impôt recherche recyclés dans les profits. Et il ne s’agit que de CDD de 3 ans, ce qui pourrait à la limite se défendre s’il y avait quelque chose au bout. Mais ces 25 CDD s’ajoutent aux … 10 000 déjà actuellement existants, et qu’on envoie dans le mur.

Pourquoi ? Commençons par la recherche publique pour laquelle la ministre n’a créé aucun emploi stable depuis 2007 – elle en a même supprimé. Mais le pire est à venir : 2000 suppressions d’emplois (pas 25), pour les 3 ans qui viennent, pour les seuls organismes de recherche. Autant dire que l’on va accroître d’un facteur 10 le chômage des docteurs, ou leur expatriation.

Alors, la recherche privé ? Certes il serait indispensable de la développer car nous sommes le seul pays dont l’effort des entreprises en matière de R&D a baissé depuis 2002, d’après l’OCDE. Là, on rencontre aussi le même type de tristes manipulations. Dans son discours récent sur la recherche pharmaceutique et médicale, Valérie Pécresse se félicite de « la signature récente d’un premier accord-cadre entre l’Alliance et le groupe Sanofi Aventis », accord qui consiste à faire reprendre par la recherche publique (à effectifs décroissants) une partie des recherches de cette firme privée. Bilan : 1300 licenciements (pas 25) de scientifiques par cette firme dont pourtant les profits sont record (http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid51945/rapprocher-la-recherche-publique-francaise-et-l-industrie-de-la-sante.html ).

Et c’est avec une grande autosatisfaction que la sinistre ajoute : « Permettez-moi enfin de vous rappeler qu’au titre de la réforme du crédit impôt recherche de 2008, les dépenses réalisées en partenariat avec un laboratoire public en France comptent désormais double, de même que compte double le salaire versé aux jeunes docteurs recrutés par les entreprises. Dans les deux cas, ce sont ainsi 60 % des dépenses de recherche des entreprises qui sont prises en charge par l’Etat ! Et les premiers résultats sont là : en un an, les dépenses de recherche réalisées en partenariat avec des laboratoires publics ont augmenté de près de 20% et celles liées à l’embauche de jeunes docteurs ont plus que doublé ».

Belle formule dont le caractère mensonger est illustré par un document du ministère lui-même :http://media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/2010/63/2/chiffres-cir-2008_145632.pdf.

On peut y lire ce que représentent ces progrès fantastiques dans l’utilisation du Crédit d’impôt (CIR) : « en un an, les travaux de recherche confiés à un laboratoire public ont vu leur part dans l’assiette du CIR passer de 2,3% à 2,7%, correspondant à un accroissement de près de 20% ». Quant au recrutement de jeunes docteurs, 464 entreprises sur 12000 percevant le CIR, ont utilisé cette procédure dont l’importance « est passée de 0,3 à 0,5 % du CIR ». Royal !

Mais le comble, dans le même discours, est l’affirmation : « nul doute que grâce à la participation accrue du monde industriel à cet effort national pour l’innovation, nous atteindront (sic) bientôt le fameux objectif de Lisbonne, avec 3 % du PIB investis dans la recherche ». Rappelons que Sarkozy, avant son élection, s’était engagé à atteindre ces 3 % avant 2012 grâce au 1,8 milliard de plus promis chaque année pour l’enseignement supérieur et la recherche.

Or, le document ministériel déjà cité, plus optimiste que l’OCDE, annonce triomphalement qu’entre 2007 et 2008, l’effort français de recherche (public plus privé) est passé de 2,07 à 2,08 % du PIB, soit 0,01 % de plus, alors qu’on en était à 2,23 % en 2002. Chacun peut calculer, qu’à cette cadence, nous en serons à 2,12 % en 2012 et atteindrons les 3 % du PIB « bientôt » : …. en 2102.



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