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Les moyens des universités et laboratoires, de la propagande à la réalité par Bertrand Monthubert (26/01/2011)

mmSNCS-FSU26 janvier 2011

Le Monde du 25/01/11 publie une Tribune de Bertrand Monthubert, secrétaire national du PS à l’enseignement supérieur et à la recherche :
http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/01/25/les-moyens-des-universites-et-laboratoires-de-la-propagande-a-la-realite_1469721_3232.html . Nous en donnons ici de larges extraits

(…) Nicolas Sarkozy a compris que pour gagner du terrain dans l’opinion publique, il importait de convaincre les Français qu’il investirait massivement dans l’avenir. Ce fut un axe important de sa campagne présidentielle : il promit alors une croissance de 1,8 milliard d’euros chaque année soit une augmentation de 9 milliards en 2012 par rapport à 2007. Dont acte ; qui pourrait contester l’immense rattrapage que notre système d’enseignement supérieur et de recherche doit réaliser très vite sur le plan des moyens ?

Depuis, il a multiplié les discours et effets d’annonce qui ne s’adressent pas tant à la communauté scientifique – une communauté qu’il n’a pas craint d’injurier en janvier 2009 – qu’à l’opinion publique. Lors de ses vœux, il s’est vanté de son action en la matière dès le début de son intervention. L’obsession de son gouvernement est de tenter de faire croire que les engagements ont été tenus, comme l’a fait Valérie Pécresse dans sa récente interview au Monde.

Malheureusement, ce n’est pas le cas, et force est de constater que le compte n’y est pas et n’y sera pas en 2012 : en 2011, les crédits budgétaires de l’enseignement supérieur, une fois toilettés des tours de passe-passe gouvernementaux, seront équivalents en euros constants à ceux de 2007. Les organismes de recherche verront leur budget baisser. Au CNRS, les dotations des laboratoires seront amputées de 11% en moyenne.

Les moyens dévolus à ce secteur [ES-R] sont essentiellement concentrés dans les crédits budgétaires de la Mission Interministérielle de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (MIRES). Ces crédits ont fortement augmenté en apparence entre 2007 et 2011 : ils sont passés de 21,3 milliards d’euros à 25,2 milliards d’euros. Vu ainsi, c’est donc une belle croissance. Pourtant, la réalité dans les laboratoires et universités n’est pas celle-ci. Cette augmentation est purement artificielle : elle repose sur une double manipulation.

Première manipulation, ce que les spécialistes budgétaires nomment « les changements de périmètre » du budget. Le principe est simple : il s’agit de comptabiliser au sein de la MIRES des sommes qui auparavant étaient déjà distribuées, mais sous une autre étiquette. Ainsi en 2008, l’ensemble des crédits de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), soit près d’un milliard d’euros, a été intégré au sein de la MIRES. (…) Seconde manipulation : les retraites des fonctionnaires de l’enseignement supérieur et de la recherche sont progressivement intégrées aux crédits de la MIRES qui augmente donc artificiellement. (…).

Enfin, il faut prendre en compte l’augmentation du coût de la vie. En définitive, une fois qu’on a enlevé les crédits qui relèvent des changements de périmètre, et ceux qui relèvent de l’augmentation des retraites, ce n’est pas une forte croissance comme Valérie Pécresse ne cesse de le marteler : c’est une stagnation en euros constants, une stagnation du pouvoir d’achat en d’autres termes.

Evidemment, le gouvernement a prévu une riposte à cette argumentation, par le biais du soi-disant « Grand emprunt » et du plan Campus. Le principe est simple : contourner les crédits budgétaires, contrôlés par le Parlement et affectés aux universités et organismes de recherche, pour attribuer des fonds virtuels dont les laboratoires ou universités ne toucheront, pour l’essentiel, que les intérêts. (…) Une fois ramenés à une dotation annuelle, les fonds du Grand emprunt se réduisent en fait à moins d’un milliard : l’équivalent de l’augmentation, une seule fois, de 4% de la MIRES. Encore faudrait-il en voir réellement la couleur. Alors que Valérie Pécresse rabâche depuis trois ans les « 5 milliards d’euros du Plan Campus », la somme réellement utilisée cette année dans ce cadre n’est que de 71 millions d’euros, et aucune construction n’a encore démarré. En résumé, la politique budgétaire de ce gouvernement, ce sont des promesses pour demain, et un présent en berne.

La Recherche et les Universités publiques sont donc condamnées aux restrictions, à l’arrêt des créations d’emplois dont elles ont besoin pour développer la science et mieux former nos étudiants. La recherche privée, de son côté est largement arrosée par l’Etat, grâce au Crédit d’Impôt Recherche (CIR). Le CIR a été multiplié par 10 depuis 2003, et atteindra une créance annuelle de 5 à 6 milliards d’euros en 2013. Ce n’est pas rien : l’équivalent de 100 000 emplois de chercheurs ! (…) En bref, le soutien à la recherche privée par le biais du CIR se traduit très souvent par un effet d’aubaine. Pour qu’il soit tout à la fois plus efficace et moins dispendieux, il conviendrait de le limiter aux entreprises qui en ont réellement besoin et augmentent fortement leurs dépenses de recherche : PME innovantes, programmes stratégiques (…).



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