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Les classements d’universités seraient truffés de « défauts, failles et autres biais » découvre Le Monde (21/06/11)

mmSNCS-FSU21 juin 2011

Par Henri Audier

Il aura fallu du temps pour que Le Monde se décide à tordre le cou aux classements qui ont fait frétiller les médias pendant des années, qui ont été utilisés par Pécresse pour justifier sa politique et qui ont donné en pâture à l’opinion publique une vision catastrophique des universités françaises.


Si les prédécesseurs de l’actuel responsable de cette rubrique au Monde ont choisi d’ignorer les mises en garde des syndicats, l’obscure Association européenne des universités (EUA) a, elle, eu l’honneur d’un article (Le Monde du 17/06/2011) qui reprend et commente un rapport de ses récents rapports.

« Ces classements sont « partiels, donnent une image trop simplifiée de la réalité et des missions des universités » (…). Depuis l’instauration du classement de Shanghaï, en 2003, pas moins de treize rankings internationaux ont vu le jour. Si les classements ont rendu beaucoup plus visibles les universités au niveau mondial, la majorité des palmarès sont bourrés de « défauts, failles et autres biais » », regrette le rapport. D’abord, « les classements actuels ne prennent en compte qu’entre 1 % et 3 % des 17 000 universités mondiales », car « les méthodologies utilisées actuellement ne permettent pas de prendre en compte plus de 700 à 1 200 universités ». Ainsi, poursuit le rapport, « plus de 16 000 établissements ne pourront jamais être pris en compte et classés ». « C’est l’un des constats les plus frappants, commente Lesley Wilson, la secrétaire générale de l’EUA. A l’heure où tous les gouvernements assurent qu’il faut une diversité d’établissements supérieurs, un seul modèle est finalement mis en avant par ces palmarès, celui des universités de recherche intensive. »

« Ces classements laissent en effet croire que les seules institutions qui comptent sont celles qui investissent massivement dans la recherche. Celles qui mettent en avant la formation ou qui s’inscrivent fortement dans leur environnement local sont ignorées. Par voie de conséquence, elles sont déconsidérées aux yeux de l’opinion et des pouvoirs publics. Il est en effet plus facile de mesurer la production scientifique d’Harvard, de Stanford ou de Cambridge que leur aptitude à former les étudiants. Les données permettant d’évaluer ces missions, surtout la formation, sont difficiles à recueillir et à normaliser d’un pays à l’autre (…). »

« Pour Ellen Hazelkorn du Dublin Institute of Technology, la critique des classements peut aller plus loin encore. « Personne ne sait vraiment quel est l’objectif des classements mondiaux. Mettre en valeur les meilleurs ? Mais en quoi et pour quoi ? Chaque producteur de classement mesure ce qu’il pense être important… Et cela n’a peut-être aucun intérêt pour un étudiant ou un universitaire » (…). Or de nombreux Etats engagent des politiques publiques centrées en partie sur cet objectif de faire monter quelques institutions dans les Top 100 internationaux, ce qui fait peser une menace sur la diversité du paysage universitaire. L’orientation massive de fonds vers les universités d’élite ou d’excellence menace les politiques de massification de l’enseignement supérieur (…). »

Et effectivement, le gouvernement, Valérie Pécresse, soutenus par la grande majorité des médias ont utilisé, jusqu’à la nausée, ce classement pour imposer la LRU : « Voilà un classement qui tombe à pic. Alors que le gouvernement doit présenter en fin de semaine son projet de réforme de l’université, censé rendre nos campus plus compétitifs, une nouvelle version du célèbre palmarès de Shanghaï vient rappeler que la France ne brille pas sur la scène universitaire internationale » écrivait Le Figaro du 19/06/2007.

Il faut rappeler que la critique des syndicats, formulée il y a déjà trois ans, allait beaucoup plus loin, y compris concernant les universités à fort taux de recherche. Mais évidemment sans échos dans la presse (voir par exemple le paragraphe : « Le petit train pour Shanghai » dans : http://www.sncs.fr/IMG/pdf/Budget_Recherche-unRemix-chapitre4.pdf )

Y étaient démontés « les critères ineptes » retenus pour évaluer la recherche :
« Rappelons que cet indice [de Shanghai] est calculé sur la base suivante : Prix Nobel et médailles Fields parmi les anciens élèves (10 %), Prix Nobel et médailles Fields parmi les chercheurs (20 %), articles publiés dans Nature et Science (20 %), nombre de chercheurs les plus cités dans leur discipline (20 %), articles indexés dans les bases anglo-saxonnes (20 %), performances académiques au regard de la taille de l’institution (10 %). L’ineptie des critères du classement est connue : poids excessif des prix Nobel, bases de données anglo-saxonnes, importance injustifiée donnée à Nature et Science, etc. Mais ce classement pousse au gigantisme. C’est la raison pour laquelle la fusion entre universités a fait florès et que le gouvernement a lancé le plan Campus ».
Et nonobstant, il y était monté que, compte tenu des financements accordés : « en rapport qualité- prix, la recherche française se classe donc plus que correctement. »



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