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La ruée vers l’or : les cabinets-conseils au sein du fonctionnement des universités(23/03/2011)

mmSNCS-FSU23 mars 2011


Comme le souligne l’article ci-dessous du Monde : « L’autonomie des universités et le grand emprunt ont accéléré le recours aux cabinets de conseil. Ils y sont presque tous ». Les trois articles qui suivent montrent que cette intervention n’est pas neutre et qu’elle conduit à s’inscrire toujours plus dans la RGPP, les Initiatives d’excellence et, au-delà dans la politique gouvernementale.

Quels sont les cinq cabinets-conseils qui vont gagner aux Initiatives d’excellence (Idex) ?

Par Henri Audier (Blog HA, Educpros, 15 mars 2011)

(…) Il suffit de lire les réponses à l’appel d’offre gouvernemental [pour les Idex] pour se rendre compte, du fait de leur présentation, de leur langage, de la façon narcissique de se décrire, du gargarisme omniprésent sur l’excellence, de la conformité aux idées du temps …, que pratiquement tous ces documents ont été écrits (re-écrits) par des cabinets-conseils.

En quoi cela est-il grave ? D’abord cela coûte très cher, surtout pour ceux qui vont perdre. A titre d’exemple, le projet d’Idex de Toulouse a coûté 400 000 euros et … il y a une vingtaine de candidats pour « 5 à 10 » éligibles. (…)

Et puis, il s’agit d’une procédure de concours – donc en principe « égalitaire » – mais où celui qui pourra investir beaucoup dans les cabinets-conseils aura plus de chance que celui qui ne pourra ou ne voudra pas le faire. Le risque est d’ailleurs que cette pratique devienne de facto obligatoire. Car que fera à l’avenir le candidat Labex qui aura perdu, s’il voit que son voisin « qui a pris des conseils » a gagné ? Il réalisera vite que ces cabinets connaissent la règle du jeu mieux que quiconque, puisqu’ils la façonnent.

Ce qui est le plus redoutable c’est bien qu’à terme, si ce système devait perdurer, ce sont quelques cabinets-conseils qui se partageront le marché, fixant la norme, décidant de la nature de « l’excellence requise », définissant le bon ton et le conformisme. Un chercheur ayant assisté à un entretien entre « son Labex » et un « conseiller » rapporte la première injonction de ce dernier : « Avant tout, dites-moi ce que vous allez sabrer ». Un inquisiteur de la RGPP (Révision générale des politiques publiques) n’aurait pas fait mieux (…).

Mais dans les autres cas, si les instances d’un établissement décident, à tort ou à raison, de requérir un « conseil » pour par exemple réorganiser un service, comment savoir quels sont les « excellents » cabinets-conseils ? Là, il y a deux solutions.

Certains considèrent que le classement d’excellence qui sortira de la procédure des Initiatives d’excellence (Idex) va produire une excellente hiérarchie du classement de l’excellence des cabinets-conseils. D’autres, soulignant que, sans doute, d’excellents cabinets n’ont pas concouru aux initiatives d’excellence, avancent l’idée d’un excellent concours classant l’excellence de tous les cabinets-conseils. Et d’avancer un excellent thème : « Résumer en quatre pages les 50 excellentes structures créées par (l’excellente) Valérie Pécresse pour simplifier les structures françaises ; les classer par ordre d’excellence ».

Ce serait là, une excellente idée !

Lire l’article complet sur : http://blog.educpros.fr/henriaudier/2011/03/16/quels-sont-les-cinq-cabinets-conseils-qui-vont-gagner-aux-initiatives-d’excellence-idex/

Les consultants s’installent sur les campus

Par Philippe Jacqué, Le Monde,18/03/2011)

L’autonomie des universités et le grand emprunt ont accéléré le recours aux cabinets de conseil. Ils y sont presque tous. Deloitte, Ernst & Young, Eurogroup, Bearing Point, Kurt Salmon, mais aussi McKinsey, Algoé ou Alcimed… En quelques années, les cabinets de conseil ont multiplié les interventions pour les universités. Alors que le jury international des initiatives d’excellence (IDEX) – appel d’offres des investissements d’avenir doté de 7,7 milliards d’euros – auditionne, jusqu’à vendredi 18 mars, les dix-sept projets, rares sont ceux qui ont été rédigés par des universitaires seuls.  » Dans le cadre des appels d’offres, le temps était tellement contraint que nous avons dû nous faire aider, explique Jean-Claude Colliard, le président de Paris-I et d’Hésam (Hautes écoles-Sorbonne-Arts et Métiers). Nous avons fourni les projets scientifiques, des consultants les ont mis en forme.  » A Strasbourg,  » nous avons mis en place une cellule interne « grand emprunt » de trois personnes, explique Guy-René Perrin, son responsable. Mais nous avons aussi eu recours à un cabinet afin d’obtenir un regard extérieur neutre.  » De la définition de stratégie à la rédaction de projets, les prestations facturées par les diverses sociétés oscillent de quelques dizaines de milliers d’euros à 300 000 euros. Selon le Bulletin officiel, Paris-Est a ainsi déboursé 215 950 euros hors-taxe (HT) pour travailler avec Bearing Point, quand Bordeaux a investi 294 100 euros HT pour contracter avec Kurt Salmon et Erdyn.

 » C’est un scandale, juge Stéphane Tassel, le secrétaire général du Snesup-FSU. Alors que les universités tirent financièrement la langue, des millions d’euros ont été utilisés pour monter ces dossiers. Le pire, c’est que tout se fait dans l’opacité la plus totale.  »  » C’est relativement cher par rapport à nos budgets, convient Laurent Batsch, président de Paris-Dauphine. Mais tout le monde a bien compris que sans cette aide, il était impossible de répondre aux appels d’offres, car ils apportent des compétences que nous n’avons pas.  » A Strasbourg,  » au vu des appels d’offres déjà remportés, nous devrions rentrer dans nos frais « , assure M. Perrin, qui a dépensé près de 125 000 euros. (…)

 » C’est la mise en place de la loi d’autonomie en 2007 qui a tout changé.  » Les universités ont commencé à se poser des questions d’ordre existentiel dans un nouveau contexte concurrentiel, reprend M. Jouenne. Elles nous ont demandé de les aider à formaliser leur stratégie pour les années à venir.  » Ainsi, l’université de Picardie a-t-elle eu recours l’an dernier à des consultants pour coordonner la réflexion sur sa stratégie 2020. De même, la vague actuelle de fusions d’établissements est accompagnée par des consultants. Deloitte a ainsi assisté les trois universités strasbourgeoises ou les deux écoles normales supérieures lyonnaises, Kurt Salmon, celle de Lorraine. Avec leurs nouvelles compétences en matière de comptabilité et de ressources humaines, les universités revoient leur organisation et leurs procédures. Elles doivent faire certifier chaque année leurs comptes. Des marchés de plusieurs centaines de milliers d’euros pour les sociétés de conseils.  » Nous sommes effectivement entrés sur ce marché avec la certification des comptes, explique Patrice Lefeu, associé chez Ernst & Young. Depuis, nous avons étoffé nos services ». « Nous sommes intervenus sur ce nouveau marché pour aider les universités lors du plan campus, en 2008. Depuis, nous les avons aidés à se doter de schémas immobiliers et numériques « , ajoute Marie-Joëlle Thénoz, associée chez Kurt Salmon ».

Vous pouvez retrouver l’ensemble de l’article dans Le Monde, du moins si vous êtes abonnés.

Investissements d’avenir : quelles missions confiées aux consultants ?

Par Sophie Blitman (Educpros,
02/2011)

Deloitte, Ernst & Young, Capgemini… Tous les grands noms du consulting, mais aussi des cabinets plus spécialisés comme Erdyn ou Ineum, ont répondu aux appels à projets lancés par les établissements, PRES et universités, ayant besoin d’aide pour monter leurs dossiers de candidature aux Investissements d’avenir. Avec une implication de la part des consultants plus ou moins forte.

D’une manière générale, les établissements mettent en avant la nécessité d’avoir un regard extérieur et neutre sur leurs dossiers, ainsi qu’un soutien méthodologique : « Le rôle des cabinets a notamment été de nous rappeler en permanence le cahier des charges et l’agenda », témoigne Bernard Saint-Girons, président du PRES université Paris-Est. Les cabinets sont également considérés comme utiles pour faire le benchmark d’un marché pas toujours bien connu des universitaires, alors que le ministère avait insisté sur l’importance de la valorisation économique des projets et des liens avec des acteurs extérieurs à l’université.
« Nous ne nous mettons pas à la place des scientifiques, insiste Patrice Lefeu, directeur associé chez Ernst & Young, chef de projet sur les Investissements d’avenir : nous aidons les établissements à dépasser le projet scientifique pour l’inscrire dans la logique du commissariat général à l’investissement, à savoir créer de la valeur durable. Pour cela, nous travaillons sur le positionnement marketing, les applications industrielles, le business model, l’ingénierie financière, les indicateurs de performance et notamment leur impact sur l’emploi, la croissance, le développement territorial, l’innovation et la création d’entreprises…

L’article se termine par des exemples (Paris-Est, Strasbourg, Lyon) que voue pouvez lire sur :

http://www.educpros.fr/dossiers/investissements-davenir-comment-les-consultants-ont-pris-place-dans-le-champ-universitaire/h/5ca7cd7f12/d/1122.html



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