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La revalorisation des carrières commence … par celle des inspecteurs généraux de l’administration. SNCS-Hebdo 16 n°4 du 22 avril 2016

mmSNCS-FSU22 avril 2016

La revalorisation de nos rémunérations arrive enfin ! Nous ne voulons pas parler ici du dégel du point d’indice, qui sera, en juillet, augmenté pour la première fois depuis 2010. Car cette augmentation, 0,6 %, reste non seulement ridicule par rapport à l’inflation cumulée depuis six ans mais se trouve, de toute façon, déjà dévorée par l’augmentation inexorable de la retenue pour pension civile. Plus sérieusement, nous voulons saluer ici le démarrage – enfin – d’un vaste chantier de refonte des grilles de rémunération qui a commencé, cet hiver, par la refonte de celles des inspecteurs généraux de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR). Hourrah !

Le comité technique ministériel (CTMESER) examinait en effet, mi-février, trois projets de décrets revalorisant la carrière des IGAENR. Il y avait urgence : c’est un effectif effrayant de 27 (vingt-sept) inspecteurs généraux qui « engorgent » actuellement le dernier échelon de la 2e classe (hors échelle B 3e échelon, traitement brut mensuel : 4898,85 €) de ce corps oublié. Heureux sommes nous d’apprendre que, partout où existent des situations de blocage aussi cruelles, frappant un nombre au moins égal de fonctionnaires, le gouvernement aura désormais à coeur de « fluidifier » la situation !

Christophe Blondel, trésorier national du SNCS-FSU
SNCS-Hebdo 16 n°4 version PDF



A force de retaper les grilles par le bas – dans un souci louable de soutien des traitements les plus modestes – on a créé, dans la fonction publique, un pressant besoin de création d’échelons supplémentaires. Mission apparemment impossible … Mais il ne fallait pas désespérer ! Le gouvernement démontre aujourd’hui, avec ce premier exemple des corps d’IGAENR, avec quelle largesse il entend rétablir la justice dans les rémunérations des fonctionnaires de l’éducation nationale et de la recherche : on passe en l’occurrence de six à quatorze échelons.

L’allongement de la grille, à vrai dire, procède surtout vers le bas … Mais des mesures transitoires de décontingentement sont bel et bien prévues en faveur des IG de 2e classe douloureusement bloqués hors échelle B au dernier échelon. En outre un nouvel emploi attrayant est créé : celui de chef de l’IGAENR.

Une revalorisation n’est cependant jamais innocente, même en faveur des IGA. Il s’agit en l’occurrence de doter l’IGAENR d’une échelle complète sur laquelle on puisse faire toute une carrière. On prévoit parallèlement que puissent être recrutés en 2e classe des docteurs munis de quatre années d’expérience professionnelle. En somme l’État, incapable de développer l’emploi des docteurs dans la recherche (qu’elle soit publique ou privée, on connaît le fiasco du crédit d’impôt-recherche …), leur fait miroiter la promesse de hauts emplois administratifs. De jeunes docteurs sont ainsi de plus en plus employés, non pas à faire de la recherche, mais à l’Agence nationale de la recherche (ANR), déjà, pour organiser et gérer les appels à projets, et à l’IGAENR, bientôt, pour surveiller la recherche des autres. Quel gâchis !

Dans un souci d’équilibre admirable (pour éviter, sans doute, la sur-qualification), le texte prévoit aussi que puissent être nommés – pour le coup en 1ère classe – des « fonctionnaires ayant occupé pendant trois ans au moins un ou plusieurs emplois fonctionnels dotés d’un indice terminal correspondant au moins à la hors échelle lettre B ». Ceux-là, peu importe qu’ils aient la moindre compétence dans les champs de l’éducation nationale ou de la recherche : s’ils ont réussi à grimper assez haut au cocotier, ils seront, légalement, com-pé-tents et habilités à nous donner des leçons. Une place, enfin, est réservée (toujours en 1ère classe) aux fonctionnaires « ayant occupé pendant deux ans au moins l’un des emplois (…) à la décision du Gouvernement ». La fin du quinquennat n’est plus dans bien longtemps …

On n’en a donc hélas probablement pas fini avec les rapports ineptes ou, pire, politiquement orientés, que nous sert l’IGAENR depuis quelques années. En 2011 elle préconise 416 suppressions d’emplois « support » à l’INRA(1) et pousse le CNRS aux mutualisations et externalisations(2). En 2012, en prévision des Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche, elle bétonne la défense des oripeaux pécressiens que sont l’ANR et l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES)(3), en allant jusqu’à déplorer que les procédures de celle-ci ne soient pas suffisamment « discriminantes » ! Elle regrette la mauvaise « perception », par les chercheurs, de l’évolution du financement de la recherche, comme si nous étions des souris de laboratoire qu’il faut dresser à dire merci quand on les affame ! En 2015 elle préconise l’augmentation des droits d’inscription dans les universités et, à l’occasion d’un rapport sur les enseignants-chercheurs, (par ailleurs émaillé de recommandations visant à leur serrer la vis de tous les côtés), demande fermement la suppression du statut de chercheur à temps plein. En ce qui concerne l’AERES, la suite de l’histoire l’a prouvé, le rejet était vraiment trop fort et l’avis de l’IGAENR trop ridicule … La suite ne va pas dans le sens du progrès.

Quant à la revalorisation des carrières dans les autres corps de chercheurs, enseignants-chercheurs, bibliothécaires, ingénieurs, techniciens de l’éducation nationale et de la recherche, les organisations syndicales ont naturellement, au CTMESR du 16 février, posé la question : l’IGAENR, c’est bien joli, mais les autres, c’est pour quand ? Réponse de la directrice générale des ressources humaines : « il y a un chantier ouvert pour la revalorisation des parcours professionnels, des carrières et des rémunérations à l’horizon 2020 ». La bonne blague ! Ce chantier « PPCR » ouvert (de force …) a rapidement été désavoué par la majorité des organisations syndicales. Aussi convient-il sans doute d’augmenter un peu la pression pour que la revalorisation des carrières « ordinaires » ne soit pas, comme elle l’est cyniquement aujourd’hui, repoussée à la saint Glin-Glin.


1. Cf. Un comprimé de RGPP pour détruire la recherche publique : Hebdo du 29 mars 2011
2. Cf. communiqué des organisations syndicales du 8 novembre 2011
3. Cf. Les chiens de garde : l’IGAENR fait la chanson … SNCS-Hebdo du 21 novembre 2012



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