Bonjour Madame,

Par ce mail je vous informe que je refuse de participer à ces
expertises.
Ma décision s’inscrit dans le cadre du moratoire appelé par le C3N
auquel je souscris.
J’ajoute à cela les éléments suivants.

Mon travail de scientifique me conduit à faire de très nombreuses
relectures d’articles dont l’objectif est avant tout d’aider les
auteurs, de les guider dans leurs recherches. Même s’il comporte aussi
un aspect de sélection, et que cette sélection a sans doute un effet
sur les carrières des auteurs, elle n’a pas de conséquence immédiate
et définitive sur leurs conditions de travail. La qualité scientifique
est le critère unique.
Le travail d’expertise auquel vous me conviez est de toute autre
nature. Il suppose d’apprécier des recherches pas encore réalisées et
d’influer sur l’attribution de moyens aux équipes. C’est une expertise
à la fois managériale et scientifique pour laquelle il faudrait
connaître plus que des contenus scientifiques et des plannings de
dépenses. Il conviendrait de connaître l’environnement scientifique,
technique, administratif des chercheurs impliqués ; de connaître la
globalité de leurs activités passées scientifiques et en termes
d’encadrement (les ANR servent avant tout à financer des doctorants et
des CDD chercheur n’est-il pas ?). Cette expertise de ce fait devrait
être fondée sur des débats collectifs contradictoires, faits dans la
durée, combinant un suivi des chercheurs et des laboratoires… Un
individu isolé tel que moi, choisi sur des critère peu clairs, ne me
semble pas en mesure de faire ce travail en quelques heures.

Bien cordialement

Dimitri Peaucelle
LAAS-CNRS – groupe MAC