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Cuba

mmSNCS-FSU9 février 2007

un article d’informations décrivant les activités scientifiques à Cuba, les collaborations avec la France, par Fabrice Leclerc (Nancy).


Texte publié dans la revue “Cuba Si” éditée par l’association France-Cuba (2005) à l’occasion de la visite en France Pavel Díaz González de Mendoza du Centre National des Recherches Scientifiques (CNIC: “Centro Nacional de Investigaciones Científicas”) pour le 14ème congrès scientifique international organisé par le CNIC.

La science à Cuba et les échanges scientifiques avec la France.

Liens privilégiés entre Cuba et la France: une organisation de la recherche comparable
La France et Cuba ont toujours eu des échanges privilégiés du point de vue culturel mais il existe aussi des liens importants entre les 2 pays du point de vue scientifique et technique. Ces liens ont été tissés après la Révolution Cubaine grâce notamment aux jeunes chercheurs cubains qui ont visité la France dans les années soixante. Certains y ont soutenu des thèses d’Etat avant de retourner à Cuba où ils occupent parfois des fonctions importantes. Ils ont ainsi contribué à l’essor de la science à Cuba dans différents domaines. Depuis le début des années 2000, un certain nombre d’actions ont été engagées pour favoriser les échanges scientifiques entre les 2 pays. Traditionnellement, ces échanges portent dans les domaines de la santé, de l’agronomie, de la biotechnologie, de l’environnement et de l’eau et plus récemment dans des domaines nouveaux tels que la bioinformatique. A l’instar de la France, Cuba dispose d’une infrastructure et de réseaux scientifiques à travers tout le pays dans les universités et différents instituts de recherche spécialisés qui sont les équivalents de nos établissements publics à caractère scientifique et technologique (EPST) tels que le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale), l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique), etc. Depuis 40 ans, différents centres de recherche scientifique (dont 7 majeurs) ont vu le jour à Cuba. Ceux-ci sont essentiellement concentrés à La Havane au sein du « Pôle Scientifique de l’Ouest » qui regroupe un certain nombre d’instituts prestigieux tels que:

 le Centre d’Ingéniérie Génétique et Biotechnologique (« Centro de Ingeniería Genética y Biotecnología »: http://www.cigb.edu.cu) reconnu pour ses réalisations en terme de productions (vaccin recombinant contre l’hépatite B par exemple) et de recherche en biotechnologie;

 l’Institut Finlay (http://www.finlay.edu.cu) réputé pour ses vaccins contre les méningites BC, et sa recherche dans la production de vaccins;

 le Centre d’Immunologie Moléculaire (« Centro de Immunología Molecular »: http://www.cim.sld.cu) reconnu pour la production d’anticorps à caractère thérapeutique et sa recherche (thérapie anti-cancéreuse par exemple);

 l’Institut de Médecine Tropical « Pedro Kouri » (http://www.sld.cu/webs/kouri) dont l’ONU et l’Université Américaine de Harvard ont récemment fait l’éloge comme un des fers de lance du système de santé Cubain (http://drclas.fas.harvard.edu/index.pl/program/cuba/initiatives/public_health);

 le Centre National de Recherches Scientifiques (« Centro Nacional de Investigaciones Científicas » ou CNIC: http://www.cnic.edu.cu) réputé pour ses réalisations dans la recherche sur les produits naturels, l’usage médical de l’ozone et en neurosciences, et la production de PPG (un médicament anti-cholestérol extrait de la canne à sucre).

Le développement de la recherche scientifique à Cuba: le rôle du CNIC
Fondé le 1er juillet 1965, le CNIC est considéré comme la pierre angulaire du développement de la science à Cuba et le berceau des institutions du « Pôle Scientifique de l’Ouest » dont les dates de création s’échelonnent des années 1980 à 1990, telles que: le Centre de Santé Agricole (1980), le Centre d’Immunoessai (1989), le Centre de Chimie Pharmaceutique (1989), le Centre de Produits Naturels (1989), le Centre de Neurosciences (1990), le Centre de Recherches Cliniques (1981), le Centre de Recherche de l’Ozone (1983). En parallèle, d’autres centres spécialisés seront également créés tels que: le Centre National de Production d’Animaux de Laboratoire (CENPALAB, 1986), l’Institut Finlay (1991), le Centre National de Préparations Biologiques (BIOCEN: http://www.biocen.cu, 1992), le Centre d’Immunologie Moléculaire (1994). Le reste du territoire est également doté d’universités et de centres de recherche; le Centre d’Ingéniérie Génétique et Biotechnologique, créé en 1986, possède par exemple 2 antennes locales à Camagüey et Sancti Spiritus créées respectivement en 1989 et 1990. Le système de recherche cubain est intégré au sein d’un réseau qui associe les Centres de Recherche par exemple dans les disciplines de la biologie, la génétique, la chimie au système national de santé.
Comme dans d’autres secteurs, la formation des ressources humaines est un aspect majeur de la politique scientifique du pays avec plus de 25 000 professionnels formés entre 1984 et 2004. Celle-ci donne la priorité à des projets de recherche d’importance sociale et économique et repose sur une planification de projets à cycle complet qui vont de la recherche fondamentale et finalisée à la valorisation (production et commercialisation). En effet, la structure multicentrique du système de recherche intègre à la fois les activités de recherche (biotechnologie, diagnostic, chimie, science et technologie de l’environnement) et les activités d’appui à la recherche (gestion de ressources humaines et relations, services techniques spécialisés, comptabilité et finances, services généraux, propriété intellectuelle, protection et prospection de brevets, production).

Les échanges scientifiques: l’exemple récent de la bioinformatique
Les échanges scientifiques et technologiques entre la France et Cuba peuvent se situer à différents niveaux: international lorsqu’il s’agit d’actions conjointes entre les 2 états coordonnées par les ministères des affaires étrangères, régional lorsqu’ils font intervenir des partenaires locaux que sont les universités ou les instituts de recherche ou les laboratoires de recherche au sein de ces organismes d’enseignement supérieur et de recherche. En 2002, la volonté de favoriser ces échanges était marquée par le lancement d’un appel d’offre pour un programme de recherche intégré entre la France et Cuba (http://www.diplomatie.gouv.fr/solidarite/appels_offres/cuba/) avant le coup d’arrêt porté aux projets dont le financement avait été approuvé, suite aux tensions politiques entre la communauté européenne et Cuba. A l’échelle régional, plusieurs universités françaises ont signé des conventions avec des universités cubaines afin de favoriser les échanges via l’accueil de chercheurs et étudiants (missions, stages, co-tutelles), l’organisation de cycles spécifiques de formation (cours, séminaires, etc) et d’événements scientifiques (congrès, symposiums), la définition de programmes communs de recherche (appels d’offre). Parmi ces universités figurent l’Université Henri Poincaré de Nancy I, représentée par son président: le Professeur Claude Burlet, et l’Université de la Havane représentée par son président: le Professeur Juan Vela Valdés, qui signèrent une convention en 2001 dans les domaines de l’enseignement en Biologie et de la recherche en Biochimie-Biologie Moléculaire. Puis en 2003, les échanges étaient amorcés entre ces 2 universités dans un domaine novateur et émergeant: celui de la bioinformatique, par l’organisation du symposium franco-cubain de bioinformatique à La Havane (http://karin.fq.uh.cu/biocubafrance/). Composée de biologistes, biochismistes, chimistes et informaticiens, la délégation des chercheurs nancéiens était dirigée par le Professeur Alexander Bockmayr (LORIA: Laboratoire Lorrain de Recherche en Informatique et ses Applications), le responsable du projet Bioinformatique associant les Universités (Nancy 1 et Nancy 2) et les Instituts de Recherche Lorrains par l’intermédiaire de représentants de différents laboratoires associés aux Universités de Nancy, au CNRS, à l’INRIA (Institut National de la Recherche en Informatique et Automatique), à l’INRA. La délégation était reçue par l’organisateur du symposium: le Professeur Luis A. Montero (Centre Virtuel de Bioinformatique, Université de la Havane), un des pionniers dans le domaine à Cuba. Les participants cubains provenaient de l’Université de La Havane et de divers Centres de Recherche (« Centro de Ingeniería Genética y Biotecnología », « Centro Nacional de Bioinformática », « Centro de Inmunología Molecular », Centre de Recherche Biomédicale « Victoria De Girón », etc).
Les échanges franco-cubains entre les 2 Universités ont été marqués par la suite par l’organisation d’un cours d’introduction à la modélisation moléculaire donnée par le Professeur Luis A. Montero à l’Université Henri Poincaré de Nancy 1 en septembre 2003, destinée aux biologistes et informaticiens nancéiens (http://bioinfo.loria.fr/SemBioinfo_folder/sem2003-09-05.4623). En 2004, un chercheur de la délégation nancéienne était invité à donner un cours de bioinformatique des ARN dans le cadre d’un événement scientifique international: la 5ème édition de la série de séminaires en « design moléculaire » et bioinformatique qui s’est tenue en février 2004 à La Havane (« V Seminarios de Estudios Avanzados sobre Diseño Molecular y Bioinformática »: http://karin.fq.uh.cu/seadim5.htm). Des échanges ponctuels de chercheurs et étudiants se sont poursuivis en 2004 et 2005 entre 2 laboratoires de l’Université Henri Poincaré de Nancy 1 ayant participé au symposium de bioinformatique et: le laboratoire de Chimie « Computationnelle » et Théorique (« Laboratorio de Química Computacional y Teórica »: http://karin.fq.uh.cu/) dirigé par le Professeur Luis A. Montero et le Centre d’Immunologie Moléculaire (par l’intermédiaire du Dr. Ernesto Moreno).

Le 14ème Congrès Scientifique International du CNIC qui fête ses 40 ans
A l’occasion du 40ème anniversaire de sa création en 1965, le Centre National de Recherches Scientifiques, « Centro Nacional de Investigaciones Científicas » (CNIC), organise un Congrès Scientifique International du 27 au 30 juin 2005 au Palais des Congrès (http://www.cnic.edu.cu/14Congreso/Bienvenida.htm). Dans le cadre de ce congrès, le Directeur des Relations Internationales du CNIC, le Docteur Pável Díaz González de Mendoza, était en visite en France au mois de mars 2005 où il a donné 2 présentations du CNIC et du congrès à venir, sur les campus parisiens d’Orsay et de Gif-sur-Yvette. La diversité des thématiques qui seront abordées lors de ce congrès témoignent du dynamisme de l’activité de recherche à Cuba. Celles-ci vont des activités de recherche plus fondamentales touchant aux produits naturels, à la chimie de l’ozone, aux neurosciences, à la résistance bactérienne, à l’environnement, à des activités plus finalisées avec des applications technologiques qui concernent: les maladies infectieuses, les sytèmes pour diagnostic rapide en microbiologie, les biomatériaux, les polymères pour usage médical et thérapeutique, l’application de la nanotechnologie à la médecine et à l’industrie pharmaceutique, etc. Plusieurs symposia se dérouleront lors de ce congrès: le symposium de l’environnement du XXI siècle (biotechnologie dans le traitement des résidus, traitement de l’environnement et qualité du processus, etc), le symposium des maladies infectieuses (vaccins et complémentaires-aidants, diagnostic, immunologie, biologie moléculaire et protéomique), et le symposium international de Prospection Scientifico-Technologique. Une foire exposition est également associée au congrès plus particulièrement destinée aux spécialistes industriels nationaux et étrangers dans les thèmes reliés aux thématiques abordées par le congrès.
Parmi les thématiques développées à Cuba correspondant à des innovations et perspectives d’application importantes dans le domaine de la santé, on signalera par exemple le développement de nouvelles méthodes pour mesurer la connectivité cérébrale (article publié par Dr. Pedro Valdés Sosa dans la revue internationale « Journal of Neurosciences Methods »). On peut également citer: la genèse d’un vaccin contre le choléra et ses applications en matière de santé publique et de prévention (en Afrique du Sud par exemple), le développement de systèmes de diagnostic rapide en microbiologie permettant un suivi en temps réel de souches bactériennes résistantes à l’échelle du pays, le développement de biomatériaux et l’évaluation de leurs propriétés pour leur utilisation comme implants (utilisation de la coralline pour la reconstruction osseuse, la correction de malformations dues à des causes génétiques ou accidentelles et la conception de prothèses), ou encore l’utilisation de l’ozone dans le traitement de dermophytoses ou d’autres infections dermatologiques (ozonothérapie). On soulignera aussi la contribution particulière du CNIC aux problèmes environnementaux liés à la gestion des résidus solides urbains. Le congrès a déjà attiré plus de 300 spécialistes étrangers, preuve de l’intérêt que témoignent beaucoup de chercheurs étrangers pour la recherche menée à Cuba.

Un espoir pour les futures échanges scientifiques franco-cubains
Dans le cadre des échanges entre les 2 pays, ce congrès offre l’opportunité pour les chercheurs français de mieux connaître la recherche scientifique menée à Cuba, de renforcer les liens existant entre les 2 pays ou de tisser de nouveaux liens avec leurs collègues cubains. Il reste à souhaiter que malgré les difficultés rencontrées, la collaboration scientifique et technologique entre les 2 pays pourra s’intensifier à l’avenir au niveau international par le financement de projets de recherche communs ambitieux. Des initiatives de collaboration se poursuivent entre universités, centres de recherche, laboratoires et équipes de recherche dans des domaines d’échanges scientifiques traditionnels ou nouveaux en dépit du manque de financements. Les conditions scientifiques sont donc réunies pour exploiter les compétences de chacun et que puissent naître de nouveaux projets et de nouvelles idées en commun entre chercheurs des 2 pays qui partagent la même passion.

Fabrice Leclerc.



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