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Crédits/étudiant : « Valérie Pécresse gonfle ses résultats » (12/10/09)

mmSNCS-FSU12 octobre 2009

L’article de Libération ci-dessous, paru dans la rubrique « Intox », est relatif à la faramineuse croissance des « crédits par étudiant » annoncée par Valérie Pécresse. Il montre que celle-ci manipule les chiffres toujours avec la même technique. Il y a, en effet, trois explications à l’augmentation spectaculaire, mais probablement surévaluée, pour parvenir à l’augmentation depuis 2007 que la ministre claironne.

 Sur trois ans, la baisse du nombre d’étudiants est de l’ordre de 10 %, ce qui mécaniquement (mais non malhonnêtement) accroît de 10 % les dépenses par étudiant à budget constant.

 Sur le budget le ministère décompte une part (50 % ? On ne sait) de l’augmentation de la masse salariale, ce qui est normal, mais en comptant probablement aussi celle des retraites (50 à 150 millions par an suivant les années), alors que ce n’est qu’un jeu d’écriture et certainement pas des opérations nouvelles pour les étudiants.

 Enfin, comme toujours, le ministère décompte sans doute les Partenariats public-privé (PPP), qui sont des emprunts qu’il faudra rembourser sur le budget et non des ressources. Par contre, il est peu probable qu’elle ait, du moins dans ce cas, compté les dotations en capital du plan campus.

Quant à « la Vie étudiante », dans le budget 2010 lui même, il y a 33 millions de plus pour près de 1,3 millions d’étudiants, soit 2 € /mois /étudiant ! Deux tickets de métro ou 7 cigarettes/mois (à cette dose, ce n’est pas mortel). Mais attention, suite à un sondage sur les régionales et le « mauvais » vote des étudiants, Sarkozy à répondu, en même temps que l’annonce du budget, à une vieille demande de l’UNEF sur un 10ème mois de bourse, encore non budgétisé, mais dans des conditions de mise en œuvre qui sont discutables. Voir : http://www.unef.fr/delia-CMS/une/article_id-2829/topic_id-160/l-unef-obtient-la-mise-en-place-du-10eme-mois-de-bourse.html

Valérie Pécresse gonfle ses résultats

Par VÉRONIQUE SOULÉ

http://www.liberation.fr/societe/0101595839-valerie-pecresse-gonfle-ses-resultats

«Quand je suis arrivée en 2007, l’Etat payait 7 200 euros par étudiant et par an. C’était unique, une honte française. Aujourd’hui, on est à 9 200 euros par étudiant et par an. On a augmenté de 1 900 euros (sic) en trois rentrées.»

Valérie Pécresse ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche le 23 septembre sur Public Sénat.

INTOX En cette rentrée morose, la plupart des ministres se font plutôt discrets sur leur budget. Sauf Valérie Pécresse qui, enchaînant télés et radios, multiplie les déclarations spectaculaires sur les records atteints par son ministère, priorité des priorités, selon elle, depuis qu’elle a été nommée par Nicolas Sarkozy. Jamais ainsi les universités n’auraient connu une telle hausse de leurs crédits. Le 23 septembre, la ministre claironnait sur Public Sénat : «Quand je suis arrivée en 2007, l’Etat payait 7 200 euros par étudiant et par an. C’était unique, une honte française. Aujourd’hui, on est à 9 200 euros par étudiant et par an. On a augmenté de 1 900 euros en trois rentrées.» Une image qui frappe les esprits. Mais le PS lance aussitôt la polémique. «Faux, la ministre ment, réplique le secrétaire national à l’enseignement supérieur Bertrand Monthubert, si on prend les dépenses consacrées à la recherche et à l’enseignement supérieur, il est impossible d’aboutir à une telle hausse. Ou alors si c’est vrai, que la ministre le prouve.» Qui faut-il croire alors ?

DESINTOX D’abord Pécresse s’emmêle dans ses propres chiffres. Pour l’année 2007, si l’on prend le dossier de presse présentant le budget 2010, la dépense par étudiant était de 7 801 euros, et non de 7 200 euros – Pécresse semble avoir pris ici le chiffre de 2006. Elle se trompe aussi sur la dépense par étudiant en 2010 – de 9 511 euros et non de 9 200 euros. On arrive ainsi à une hausse de 1 710 euros – ce qui est déjà beaucoup – et non de 1 900 euros en quatre ans. Autre problème, les chiffres ministériels sont eux-mêmes fluctuants : dans le dossier de presse du budget 2009, la dépense par étudiant en 2007 est de 7 540 euros. Et on la retrouve à 7 801 euros dans le dossier de 2010. Au ministère, on explique qu’il y a eu entre-temps les crédits du plan de relance. Mais pas en 2007.

Plus grave, le ministère se contredit lui-même. Dans «L’état de l’enseignement supérieur et de la recherche», ouvrage statistique publié par ses soins en décembre 2008, la dépense par étudiant en 2007 est estimée à 10 150 euros, très loin des 7 801 annoncés aujourd’hui. Renseignements pris, il ne faut pas prendre ce chiffre qui est une moyenne de dépense des étudiants en facs, en IUT, en prépas, mais le chiffre concernant les étudiants d’université. Et il tombe à 8 970 euros, encore bien supérieur aux 7 801 euros. «La différence s’explique très simplement, répond-on au ministère, dans l’ouvrage, on prend en compte toutes les dépenses, y compris celles des collectivités locales, des entreprises, des chambres de commerce et d’industrie, et les droits d’inscription. Alors que dans notre dossier, nous ne prenons que les dépenses de l’Etat.» Mais pourquoi changer de mode de calcul sans prévenir, au risque de perdre tout le monde et de nourrir les soupçons sur une manipulation des statistiques ?

Bertrand Monthubert a tenté de faire ses calculs, avec les données budgétaires. En vain. Dans son fameux tableau de rentrée, le ministère précise que la dépense par étudiant augmentera de 379 euros entre 2009 et 2010. Si on multiplie cette somme par les effectifs étudiants en 2009 – 1 252 000 -, on arrive à 474 millions d’euros. Mais où sont-ils ? Dans la dépense profitant aux étudiants, on compte les crédits allant à la Vie étudiante (en hausse de 33 millions d’euros en raison d’efforts pour le logement, de la hausse des bourses, etc.), au Plan «Réussir en licence» (en hausse de 66,5 millions), ainsi que les salaires des enseignants, les crédits de fonctionnement, etc. Mais là il est pratiquement impossible de s’y retrouver dans le dédale des intitulés, des sous-chapitres. D’après Monthubert, pour arriver à une telle hausse, le ministère compterait, à tort, les «dotations en capital» qui vont servir à payer un loyer aux firmes privées qui vont construire des campus. Faux, réplique le ministère.

«Tout ça est un grand bazar, conclut Monthubert, or lorsqu’on avance de tels résultats, il faut dire comment on les a obtenus. Or personne n’a les moyens de le vérifier, car le gouvernement publie de moins en moins d’études statistiques. Et cela pose problème en démocratie.» Il réclame une mission parlementaire pour étudier l’évolution de la dépense par étudiant et une analyse plus indépendante de ces statistiques.



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