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Compte-rendu de la réunion du Syndicat National des Chercheurs Scientifiques (SNCS-FSU) au Ministère des Affaires étrangères et européennes (MAEE) le 26 novembre 2013

mmSNCS-FSU29 novembre 2013

Participants MAEE : Pascal Le Deunff (Sous-directeur de la recherche et des échanges
scientifiques) ; Yannick Le Roux (responsable du pôle des échanges scientifiques et de
recherche pour le développement) ; Alexandre Foulon (rédacteur pour le pôle des échanges
scientifiques et de recherche pour le développement, en charge du dossier IRD)

Participants SNCS : Patrick Monfort (Secrétaire général du SNCS, DR CNRS); Jean-
François Guégan (DR IRD); Marie-Pierre Ledru (DR IRD, élue au Conseil Scientifique de
l’IRD)

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Le SNCS a rencontré les représentants du MAEE afin d’échanger sur les retours du rapport
d’inspection conjointe MAEE / MESR portant sur l’IRD et l’AIRD ainsi que sur les
orientations envisageables ou possibles sur l’avenir de ces deux institutions.

Le MAEE a précisé que les différentes rencontres avec les représentants des personnels et la
Direction de l’IRD ont lieu en concertation étroite avec le Ministère de l’Enseignement
Supérieur et de la Recherche (MESR) et la direction du Budget du Ministère des Finances
(dont 1 réunion a eu lieu au cours de la dernière semaine). Ces entretiens feront l’objet d’un
point d’information lors du prochain Conseil d’Administration de l’IRD du 6 décembre 2013.

Après un bref rappel sur les fondamentaux et les interrogations actuelles sur la recherche
nationale, le SNCS a expliqué sa position vis à vis de la multitude voire de la redondance des
structures pilotant la recherche et nuisant à sa liberté d’orientation ainsi qu’à ses
questionnements scientifiques. Il rappelle que les Alliances sont des structures intermédiaires
supplémentaires complexifiant l’organisation d’ensemble, et qu’elles ne sont pas pourvues de
conseil scientifique incluant des élus de la communauté scientifique. De plus, ces structures
contribuent à retirer les missions pour lesquelles les organismes de recherche ont été créés.
Répondant à une interrogation du MAEE concernant l’Alliance AVIESAN et ses instituts
thématiques multi-organismes (ITMO), le SNCS a indiqué que celle-ci était essentiellement
organisée autour de l’INSERM expliquant son succès opérationnel. D’autre part, les
financements sur projets devenant majoritaires dans les laboratoires, le SNCS rappelle que de
ce fait les équipes de recherche n’ont plus l’initiative de leur propres projets de recherche issus
de leur questionnements, mais doivent se contenter de répondre à des projets définis par
ailleurs. Aussi le SNCS ne peut que s’inquiéter d’une dissolution des montants dédiés à la
recherche pour le développement si les financements actuellement gérés par l’AIRD / IRD
devaient être confiés à l’ANR ou à toute autre agence.

Force est aussi de constater qu’il existe une divergence entre le positionnement actuel des
pays développés en matière de politique de développement durable et de recherche pour le
développement, en net recul en France, alors qu’aux USA et en Allemagne, par exemple, elles
font figure d’innovation et de priorités stratégiques. Ce constat nécessite un positionnement
affirmé de la part du MAEE, dont la traduction actuelle s’exprime en terme de diplomatie
scientifique et médicale ; un aspect sur lequel le MAEE paraît être très sensible. En
particulier, afin d’apprécier l’effort de recherche pour le développement d’une nation et a
fortiori d’un institut, des indicateurs adéquats pour évaluer la part de coopération bi- ou multilatérale
restent à définir et à être pris en compte dans le processus d’évaluation individuelle ou
collective (formation de partenaires et jeunes docteurs, participation à des enseignements
mixtes, équipes internationales, programmes de recherche en commun…). Si la transformation
de l’ORSTOM en IRD a été bénéfique scientifiquement, la réflexion sur la recherche pour le
développement (un développement issu d’une pensée occidentale versus plusieurs types de
développement ; nécessité d’approches comparatives, mondialisation et changements
planétaires…) n’est pas encore aboutie.

Force est aussi de constater qu’il existe une divergence entre le positionnement actuel des
pays développés en matière de politique de développement durable et de recherche pour le
développement, en net recul en France, alors qu’aux USA et en Allemagne, par exemple, elles
font figure d’innovation et de priorités stratégiques. Ce constat nécessite un positionnement
affirmé de la part du MAEE, dont la traduction actuelle s’exprime en terme de diplomatie
scientifique et médicale ; un aspect sur lequel le MAEE paraît être très sensible. En
particulier, afin d’apprécier l’effort de recherche pour le développement d’une nation et a
fortiori d’un institut, des indicateurs adéquats pour évaluer la part de coopération bi- ou multilatérale
restent à définir et à être pris en compte dans le processus d’évaluation individuelle ou
collective (formation de partenaires et jeunes docteurs, participation à des enseignements
mixtes, équipes internationales, programmes de recherche en commun…). Si la transformation
de l’ORSTOM en IRD a été bénéfique scientifiquement, la réflexion sur la recherche pour le
développement (un développement issu d’une pensée occidentale versus plusieurs types de
développement ; nécessité d’approches comparatives, mondialisation et changements
planétaires…) n’est pas encore aboutie.

Dans un contexte actuel où l’on assiste à une homogénéisation des pratiques et de la pensée
scientifique ainsi que des produits qui en sont issus et où « tout le monde fait la même chose,
et ne se distingue de personne !», peut-on espérer avec cette réunion au MAEE une reprise en
main de l’IRD par une de ses deux tutelles ? Finalement, comme pour l’INRA pour lequel le
Ministère de l’Agriculture affirme son autorité, pouvons-nous espérer de la part du MAEE des
orientations stratégiques et une prospective de recherche pour le développement fondatrices
d’un IRD renouvelé et ouvert sur le XXIème siècle et ses chantiers ?

Le MAEE confirme qu’il est entièrement conscient de la qualité de la recherche menée à
l’IRD, tout en admettant que l’Institut doit réfléchir en concertation avec lui à sa stratégie
géopolitique afin d’éviter une trop grande dispersion géographique et thématique.

Le SNCS a regretté l’absence d’invitation des organisations syndicales et des scientifiques de
l’IRD comme des autres organismes et des universités, à participer aux Assises pour le
développement organisées sous l’égide du MAEE. Acceptant cette erreur tout en la
relativisant eu égard à son manque d’expérience dans le dialogue avec les partenaires sociaux
de l’IRD, le MAEE souhaite y remédier en multipliant ces échanges qu’il juge fructueux et
constructif.

Le SNCS rappelle son positionnement sur la réforme de la recherche française. Celle-ci doit
nécessairement pour sa composante recherche aux Suds, comme pour toute la recherche en
général, impliquer tous les personnels et organismes acteurs de cette recherche. Le
renouvellement de la direction à l’été 2014 ne devra pas négliger cette phase de concertation
avec les personnels de l’IRD.

Deux points du rapport d’inspection ont particulièrement choqué les personnels de l’IRD ; il
s’agit de la durée de l’expatriation et du rôle des représentations de l’IRD à l’étranger. Le
SNCS rappelle que l’expatriation est à l’origine des compétences exceptionnelles développées
par les personnels IRD sur le terrain comme la pratique des langues étrangères, permettant
notamment d’assurer un enseignement de grande qualité dans les universités du Sud, la
connaissance des rouages politiques, scientifiques et administratifs, des contextes et des
civilisations. Ce dispositif est unique et nécessaire pour faire aboutir les projets de
développement aux Suds. Quant aux représentations, elles sont une entité essentielle des
dispositifs au sud (partenariat, logistique, échanges scientifiques) et ne peuvent pas faire
l’objet d’une fusion avec les services scientifiques et culturels des ambassades en charge des
aspects plus politiques et diplomatiques. En revanche, le SNCS ne s’oppose pas à une
meilleure organisation voire une fusion des représentations de plusieurs instituts français
lorsqu’ils existent sur place voire pour certaines situations particulières (représentation de
faible taille, par exemple) et à ce que la représentation IRD soit directement hébergée au sein
de l’ambassade.

Conscient de l’échec de l’AIRD, le MAEE a souhaité connaître notre positionnement sur ce
sujet. Nous avons rappelé qu’il s’agit d’une structure additionnelle à un système national déjà
très complexe. Le SNCS s’oppose à ce que l’AIRD évolue vers une nième Alliance mais voit
parfaitement ce rôle joué par un IRD renforcé et confirmé par ses tutelles. Nous interrogeant
sur les raisons d’un manque relatif de poids de l’IRD dans l’appareil national de recherche, le
SNCS a évoqué les nombreuses séquences de réorganisation de l’institut, dont certaines
programmées devant conduire à sa suppression, tout au long de son histoire. Une deuxième
raison largement discutée concerne les problématiques scientifiques et médicales aux Suds
qui intéressent aujourd’hui d’autres institutions françaises (INRA, INSERM, autres) n’ayant
pas vocation initialement à se développer dans ces régions. Enfin, en accord avec le MESR, le
MAEE reconnaît que la délocalisation du siège à Marseille a été une erreur.

A notre question sur l’absence de mention des COM-ROM dans le rapport d’inspection, le
MAEE avoue un simple oubli et reste conscient de leur importance dans le dispositif de la
recherche aux Suds.

Le SNCS a fait part de la situation sur les baisses de recrutement chercheurs et ITA en
général, et en particulier à l’IRD avec l’annonce de seulement 4 CR et 4 DR2 aux concours de
recrutement en 2014. Une telle situation qui va se répéter dans les prochaines années à cause
de la baisse des départs en retraite et de suppression d’emplois peuvent déboucher à court
terme sur une remise en cause de la pérennité de l’organisme et de ses actions. Le SNCS
demande au MAEE d’assurer la concordance des moyens avec ses priorités.

Le SNCS s’est félicité des discussions directes et constructives avec les représentants du
MAEE et partage cette volonté de progression dans le débat mené conjointement par les
tutelles de l’IRD. En conclusion, le SNCS souhaite que ce débat débouche sur une vraie
politique de recherche pour et avec le Sud établie conjointement entre le MAEE et le MESR,
après dialogue avec tous les scientifiques concernés, et que l’IRD, en tant qu’opérateur dédié,
soit l’organisme de recherche qui la mettra en oeuvre, en partenariat avec les organismes de
recherche et les universités en France, et ses partenaires à l’étranger.



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