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Communiqué du SNESUP et du SNCS : A*MIDEX : 6 milliards pour la bulle d’excellence (18/07/12)

mmSNCS-FSU19 juillet 2012

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A*MIDEX
: 6 MILLIARDS POUR LA BULLE DE L’EXCELLENCE

La convention du projet A*MIDEX a été signée par l’État, l’ANR(1)
et l’université d’Aix-Marseille (AMU) le 5 avril 2012. Y. Berland,
président de AMU et porteur de A*MIDEX, a utilisé toutes les
possibilités offertes par la LRU pour écarter systématiquement le CA,
le CS et le CEVU(2) de l’élaboration du projet. Ainsi, ce n’est que le
24 avril 2012 que le CA de AMU a été informé du contenu de la
convention A*MIDEX. Maintenant, réduits à de simples chambres
d’enregistrement, les trois conseils élus de AMU sont appelés à
approuver a posteriori les décisions fondamentales prises par le
président Y. Berland.

Le projet A*MIDEX a pour objectif de faire entrer AMU dans le top
100 du classement de Shangaï. Concrètement, il s’agira de dépasser des
concurrents directs comme les universités de La Sapienza (Rome), de
Pise et de Jérusalem. Un verrou important dans la réalisation de cet
objectif est l’absence d’un prix Nobel dans AMU. C’est pourquoi A*MIDEX
prévoit de se doter d’un comité de « chasseurs de têtes » destiné à
recruter des chercheurs du meilleur niveau, y compris des lauréats du
prix Nobel. Plus modestement, la stratégie des ressources humaines
permettra d’augmenter le nombre de « stars », jeunes lauréats de l’ERC(3)
ou chercheurs confirmés. Leurs rémunérations, bonus et conditions de
travail seront individualisés pour être attractifs au niveau
international. Pour la formation, A*MIDEX évite soigneusement les
difficultés du service public de l’enseignement supérieur accessible à
tous et propose la création de filières sélectives dites d’excellence.
Leur réussite sera déterminée par le taux de sélectivité à l’entrée des
formations et pour l’octroi des bourses. Aussi bien dans la recherche
que dans la formation, A*MIDEX imposera ainsi une compétition et une
concurrence décomplexées à l’intérieur et à l’extérieur de AMU.

Le projet A*MIDEX recevra une aide relativement modeste de 26
millions d’euros par an, soit 4% du budget de AMU. Cette aide pourra
cependant compter sur un effet de levier de 2250 % pour atteindre un
budget de presque 600 millions d’euros par an ! Les plus gros
contributeurs seront le CNRS et AMU qui se sont engagés à apporter
annuellement au projet 185 millions d’euros pour le premier (plus de 7%
de la subvention d’État du CNRS) et 139 millions d’euros pour le second
(plus de 20% du budget de AMU). Ce financement sera concentré sur un
périmètre dit d’excellence représentant 30% de AMU. Résultat : les
enseignants-chercheurs et chercheurs recevront en

moyenne de la part de A*MIDEX et de ses Labex(4), 14 fois plus de
moyens pour leurs recherches si leur thématique tombe dans le périmètre
dit d’excellence. Pis, AMU pourrait être mise à contribution pour la
partie non-financée de A*MIDEX et de certains Labex, dans la mesure où
l’aide obtenue est réduite de moitié par rapport à la demande initiale.
En effet, AMU est engagée « à flécher, le cas échéant, des moyens
supplémentaires nécessaires à la réalisation des projets investissement
d’avenir […] ». En tout état de cause, la mise en oeuvre de A*MIDEX
introduira des différences démesurées entre les personnels qui exercent
exactement les mêmes missions : c’est une véritable injustice au
travail au sein de AMU !

L’instance stratégique de A*MIDEX sera un comité de pilotage de 10
membres présidé par le président Y. Berland. Une fondation
universitaire dédiée sera chargée de la mise en oeuvre opérationnelle
du projet. Aucun membre élu ou représentant des personnels n’est prévu
dans ces instances de pilotage qui seront, par construction,
entièrement contrôlées par le président Y. Berland. Durant le projet,
il est prévu de généraliser à AMU certaines des pratiques expérimentées
dans A*MIDEX : la gouvernance avec l’absence de collégialité, le
fonctionnement en mode projet, les recrutements pilotés par un comité
de « chasseurs de têtes », et les rémunérations et conditions de travail
sur mesure. A ce titre, le projet A*MIDEX se révèle être le laboratoire
qui prépare la transformation de AMU en une véritable « entreprise
université ».

La justification du projet A*MIDEX repose sur un double pari.
D’une part, les « excellents » produiraient un effet d’entraînement qui
tirerait vers le haut l’ensemble de AMU. D’autre part, AMU transformée
en « entreprise université » deviendrait plus efficace et plus
fonctionnelle. Ce pari, imposé aux personnels de AMU pour soutirer 260
millions d’euros en 10 ans, drainera plusieurs milliards d’euros de
dotation d’État qui manqueront cruellement au service public de
l’enseignement supérieur et de la recherche. Ce pari de presque 6
milliards d’euros doit être abandonné. D’abord, parce que la
collégialité est nécessaire dans l’université, et que AMU transformée
en « entreprise

université » se détournera de ses missions de service public.
Ensuite parce que l’effet d’entraînement n’est qu’un miroir aux
alouettes de plus, destiné à justifier l’installation de la concurrence
et la compétition à outrance au service d’une seule priorité : faire
entrer AMU dans le top 100 du classement de Shangaï en se conformant à
toute une série d’indicateurs purement quantitatifs et déconnectés de
la réalité de l’enseignement supérieur et de la recherche de qualité.

Pour ces raisons, nos syndicats ont souhaité qu’un recours
gracieux soit adressé à madame la ministre de l’enseignement supérieur
et de la recherche pour demander l’annulation de la convention
attributive d’aide en faveur du projet A*MIDEX.

Marseille, le 18 juillet 2012

Boris Gralak, secrétaire de la section
SNCS-FSU Aix-Marseille, élu au CS de AMU.


Caroline Mauriat, secrétaire académique
du SNESup-FSU Aix-Marseille, élue au CA de AMU.


(1) Agence
Nationale de la Recherche

(2) CA : Conseil d’Admininistration; CS : Conseil Scientifique
; CEVU : Conseil des Études et de la Vie Universitaire
(3) ERC : European Research Council
(4) Laboratoire d’excellence





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