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Commission 4 : Le SNCS en 2020 ?

mmSNCS-FSU30 janvier 2007

(fonctionnement, syndicalisation, communication…) Comment attirer les jeunes ?

Coordonnateurs : Dimitri Peaucelle, Luc Brossard, Claude Chevillard

Quel syndicalisme pour le SNCS ?

Introduction

Le congrès du SNCS est l’occasion de faire le point sur la vie du syndicat. Globalement, il ressort que le SNCS est toujours aussi nécessaire en tant que force collective au service des personnels et en tant qu’organisation favorable à un service public de la recherche ouvert sur la société et l’international. Mais les difficultés sont également nombreuses. Nous les abordons en mettant l’accent en premier lieu sur l’engagement militant, ses différentes formes, ses réussites et ses manques. Le recrutement plus important de nouveaux syndiqués est d’ailleurs le questionnement central de ce document. En second, la situation financière est évoquée pour dégager des pistes de possibles développements. Finalement, une troisième partie est consacrée aux outils de communication du syndicat. L’outil Web est mis en avant pour ses potentialités à répondre à certaines difficultés.

I – Engagement militant

Depuis toujours, les buts et les fonctions du syndicat sont basés sur la « défense des intérêts matériels et moraux » de tous les chercheurs (et depuis peu des ingénieurs) des EPST (CNRS, INSERM, etc.), intérêts élargis à la défense et la promotion des missions de service public des organismes de recherche (budgets, créations de postes de titulaires, mission d’évaluation des labos, des équipes et des chercheurs). Il faut aussi y rajouter une composante de transformation des rapports sociaux (héritée de la Charte d’Amiens) dont l’absence nous cantonnerait dans un corporatisme étriqué et à courte vue.

Pour renforcer leurs points de vue, les chercheurs qui le désirent s’associent en adhérant au syndicat qui est structuré en comités de liaison (CL) constitués sur la base des disciplines scientifiques et en sections locales regroupant les adhérents sur un même site géographique. Des militants sont élus dans les commissions du CN ainsi que dans les instances des EPST et des Universités (CA, CS, conseils de départements scientifiques). D’autres militants sont désignés ou élus pour défendre des analyses syndicales sur les questions sociétales (CES national et régionaux, CCRDT régionaux), sociales (CORAS, CAES, CRAS et CLAS), de défense des statuts (CTP), d’environnement sanitaire (CHS), de formation permanente, etc. De même, des militants représentent le SNCS dans des structures syndicales nationale et régionales de la FSU (qui s’est investie dans les luttes contre la réforme des retraites, pour la défense de la Sécurité Sociale, pour le retrait du CPE, pour la défense des enfants d’immigrés dans RESF, dans les FSE, etc.), et internationales (IE, CPESR européen, INES, UNESCO). C’est dire combien l’engagement du SNCS est diversifié et doit être multiforme pour pouvoir répondre à tous ces lieux d’investissement.

Ces différents engagements militants sont d’ordres différents. En sections locales, il s’agit principalement d’organiser des réunions de discussions (ouvertes aux non syndiqués), de prendre contact avec des décideurs locaux ou régionaux pour déposer des revendications ou débloquer certaines situations, de diffuser des informations par tract ou par mail, de mettre sur pied des actions le plus souvent intersyndicales … En sections locales, à la CA, dans les instances de la FSU etc., s’ajoute un travail de réflexion et d’analyse sur la base des informations obtenues grâce à la participation à différents conseils, y compris les Conseils de Labo (CDL). Les réunions de ces divers conseils donnent (ou devraient donner !) lieu à des compte-rendus qui sont essentiels à l’information des personnels et à la transparence des décisions. Les syndiqués membres de ces instances sont le plus souvent à l’origine de ces compte-rendus et à l’origine de prises de positions sous forme de « motions ». Cette activité de terrain est sans doute celle qui est la plus appréciée des personnels et qui est à mettre en valeur.

Ce mode de militantisme s’institua à une époque où la recherche était financée soit par des budgets alloués aux organismes (loi de finances votée par le Parlement) soit par des contrats directement passés entre les équipes ou laboratoires et des entreprises ou des programmes européens. Cela permettait aux organismes de définir leur politique recherche (via notamment les travaux de conjoncture établis par les commissions du CN) et aux personnels des laboratoires de définir collectivement les orientations à promouvoir au niveau scientifique et à définir ensemble les priorités de recrutement et d’achats de matériels. Cela contribuait à créer des liens même si surgissaient au sein des labos des conflits d’intérêt liés à la compétition entre les différents projets à financer. Mais au moins, la confrontation par la discussion pouvait servir à dépasser ces conflits sinon à les résoudre, notamment en réclamant auprès des gouvernants un accroissement des moyens alloués. Ainsi, chercheurs et techniciens pouvaient avoir le sentiment d’appartenir à un même ensemble et de partager des objectifs et des démarches communes qui faisaient lien social.

Aujourd’hui, les données ont changé : le mode de financement éclaté privilégie les projets à court terme et à rentabilité immédiate avec l’embauche de plus en plus importante de précaires dont la coexistence avec des personnels permanents de moins en moins nombreux va renforcer jalousies, rancœurs et comportements « hiérarchiques de petits chefs ». La pression renforcée qui s’exerce sur les personnels engendre des situations de stress généré par des durées de thèse raccourcies, des post-doct. en CDD à répétition et par le « publish or perish » qui pèse fortement sur l’équilibre psychique de certains chercheurs ou d’ingénieurs de recherche (cf. taux de suicide dans certains labos). Au directeur du labo qui défendaient les programmes de recherche de ses équipes se sont substitués des porteurs de projet qui peuvent être responsables d’équipe ou simple chercheur individuel. Cette mise en concurrence des chercheurs et des équipes entre elles entraîne une fragmentation encore plus grande du milieu. Tous ces éléments ont renforcé l’individualisme au détriment de solidarités collectives, sauf dans les grands équipements qui ont un rôle de service et où la collaboration de plusieurs dizaines de personnels (ingénieurs, techniciens, etc.) est nécessaire.
Cependant, le syndicat, par ses structures locales et nationales, peut être un refuge face à cette fragmentation. Les syndiqués doivent s’impliquer aussi personnellement i) pour dénoncer l’imposture scientifique et l’inefficacité sur le long terme des projets gouvernementaux, ii) pour que la Recherche soit au service de tous et que les lois qui la régissent tiennent compte des avis du milieu et iii) pour que la composition des instances d’évaluation soit une émanation majoritairement élue du milieu. De plus, de nombreux chercheurs et ingénieurs révulsés par les guerres de pouvoir et les comportements carriéristes sont attentifs au discours alternatif du syndicat. Pour les attirer, les intéresser, le SNCS se doit de porter fortement son discours en faveur d’une réflexion collective, tout en n’étant pas perçu comme un frein à la réussite individuelle pour ceux qui s’engageraient à participer activement à ses actions. Alors que le milieu de la recherche pousse à une intensification du travail (au détriment d’une réflexion approfondie), l’implication syndicale doit, par la force du collectif et dans un esprit d’entre aide, être efficace sans être trop consommatrice en temps. Les pistes à explorer pour aller dans ce sens sont : une plus grande répartition des rôles (moins de cumul et des mandats courts, mais plus d’accompagnement des nouveaux militants); une meilleure transmission des informations (rapidité de diffusion, simplicité de recherche); un soutien aux initiatives locales. L’outil Web est essentiel pour cela.

Ces orientations sont à mettre en rapport avec les nouvelles formes d’investissement sociétal momentanées, plus fugitives et moins « organisationnelles » (en termes d’appareil syndical) qui sont apparues soit avec SLR grâce à Internet, soit avec des structures sociétales (bistrot des sciences). Après les manifestations importantes du milieu de la recherche, initiées par SLR et auxquelles nombre de militants syndicaux ont pris une part active jusqu’aux Etats Généraux de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur à Grenoble en 2004, force est de reconnaître l’échec de nos mobilisations avec le vote par le Parlement de la loi d’inspiration libérale « Pacte pour la Recherche ». D’autre part, quel que soit le résultat des prochaines élections présidentielles de 2007, l’avenir de nos démarches syndicales et de notre syndicat lui-même ne sera sans doute pas « rose » : après la création de l’agence d’évaluation AERES, la survie de la représentation démocratiquement élue des personnels dans les commissions du CN risque en effet d’être posée. Or, il faut bien reconnaître que les élections sur listes syndicales constituent encore un des volets de notre recrutement syndical d’élus – dont seule une minorité est carriériste – qui relayent nos analyses dans le milieu.

Concernant les bistrots de la Science, y sont abordés les peurs et les questions que les citoyens s’estiment en droit de poser aux scientifiques quant aux applications technologiques de certaines recherches (nucléaire, PGM en plein champ, nanotechnologies, clonage, cellules souches, etc.). Face aux campagnes idéologiques menées contre la Science, accusée d’être responsable des nuisances de certaines applications technologiques qui sont faites par d’autres de nos découvertes, il devient important que le syndicat défende la nécessaire prise de risque inhérente à la Recherche, la non moins nécessaire application du principe de précaution devant relever de l’interaction entre les décideurs politiques, les citoyens (dont les scientifiques) et les industriels.

Notre syndicat qui ne se refuse pas de prendre position sur des sujets de société (comme la controversée position contre le projet de traité de constitution européenne) reçoit un accueil favorable quand il prend position sur des sujets qui concernent les innovations, les changements sociaux, les risques environnementaux, du fait que son analyse s’appuie à la fois sur des résultats de recherche, une pluralité de points de vue et un engagement citoyen. Ce champ de discussion devrait avoir une place plus importante dans la vie syndicale en y consacrant une part des débats de la CA et en lui donnant une visibilité plus grande dans les outils de communication (place déjà accordée dans la VRS par des sujets thématiques). Un signal en ce sens serait le changement de nom du syndicat en « Syndicat National de la Recherche Scientifique » (SNRS), ce d’autant que nous ne syndiquons plus que des chercheurs, mais aussi des ingénieurs. Le changement de nom de SNCS à SNRS (ou autre appellation) serait l’occasion d’une action de communication d’ampleur pour relancer la syndicalisation.

En accompagnement de ce changement d’appellation, il serait pertinent de s’interroger sur le fonctionnement du syndicat en tranchant des questions maintes fois remises en jeu lors des CA et que peu de syndiqués comprennent : la structuration en tendances et la participation aux structures. Si l’on veut recentrer le syndicat sur les débats issus du terrain, ne serait-il pas préférable de donner plus de poids aux sections locales et disciplinaires ? Si l’on ne veut pas donner l’image de mandarins utilisant le syndicat pour participer aux instances des organismes dans leur intérêt propre, ne doit-on pas clairement afficher les raisons de notre participation (transparence des décisions, remontée des réalités vécues par le personnel…) et faire qu’elle soit bénéfique à tous (pluralité des participants, compte-rendus…) ?

II – Moyens financiers

Avant 2002, le « matelas financier » du SNCS tournait autour de 150 000 euros. Avec le lancement des premières formules de la VRS et l’augmentation croissante des cotisations FSU depuis notre premier versement en 1998 (et réévaluées en 2005), il est tombé à 87 000 euros depuis 2004. Nous aurons à faire face à un budget plus important pour la tenue du congrès en mars 2007 à Montpellier. En raison de sa masse d’adhérents beaucoup plus conséquente, la FSU peut se permettre de fonctionner avec un « matelas financier » équivalent à 2 mois de fonctionnement. Ce ne peut être le cas pour un petit syndicat comme le nôtre, aussi faut-il tout faire pour que notre « matelas » ne diminue pas plus. Or (cf. le rapport financier soumis au congrès pour plus de détails), la balance entre nos entrées et nos dépenses de fonctionnement s’établit à une perte de 10 à 15 000 euros chaque année, prélevées sur notre matelas. Dans les 4 à 5 ans qui viennent, il nous faut donc absolument redresser la barre pour survivre car, en termes financiers, le flux d’adhésion des jeunes CR ne compense pas celui des départs en retraite : vu le niveau des rémunérations (et donc le taux des cotisations) c’est deux adhésions de CR qui sont nécessaires pour compenser le départ en retraite d’un DR.

On ne peut guère rogner sur nos dépenses de fonctionnement (salaires des personnels, édition de la VRS) sauf une plus stricte réglementation des frais de mission (certains préférant prendre l’avion plutôt que le TGV 2ème classe). Concernant la VRS, l’édition et le routage sont actuellement équilibrés (30 000 euros de pub en 2005 + les numéros qui nous sont achetés par le SNESup) : en revenir à une édition moins « luxueuse » (mais donc moins lue car plus rébarbative) ne nous ferait gagner que 500 euros/numéro !

Reste donc à augmenter nos entrées en explorant les quelques pistes suivantes qui ne s’excluent pas mais qui sont classées selon leur importance croissante. Elles sont soumises à vos réflexions :
Attribuer les décharges syndicales que le SNCS n’utilise pas à des emplois administratifs payés par le CNRS pour remplir certaines taches de secrétariat.
Fusion avec le SNESup qui est plus riche que le SNCS car les enseignants-chercheurs étant plus nombreux, ils sont donc plus nombreux à être syndiqués. Ne faudrait-il pas lancer une consultation auprès de tous les syndiqués (car seule une minorité d’entre eux risque de participer activement au congrès) pour savoir leur état d’esprit concernant un rapprochement d’avec un syndicat dont nous nous sommes jadis séparés pour des raisons de fond toujours pertinentes (le peu d’investissement que trop d’enseignants accordent à la Recherche) ? Cette question est sans doute d’actualité car nombre de chercheurs font aussi de l’enseignement (quel en est le % et pour quelles raisons autres que de pouvoir passer PR2 en raison du blocage CR-DR ?).
Le site Web : à condition de rester maîtres de leur contenu, pourquoi ne pas « offrir » des bandeaux publicitaires (10 000 Euros/bandeau !) ?
Les cotisations. Elles sont beaucoup plus faibles qu’au SNTRS-CGT. Il est proposé de les réévaluer avec la condition de n’augmenter que de 5 à 10 % celles des jeunes entrants (pour qui les coûts de la vie et des logements dans les grandes villes sont un réel problème) et de 15 à 20 % celles des « gros » revenus (CR et DR en fin de carrière, dont certains ne déclarent pas forcément au syndicat les compléments de salaire qu’ils perçoivent pour les enseignements ou les « consulting » dispensés, etc.).
Lancer une souscription exceptionnelle auprès des syndiqués avec un objectif ciblé (cotisations versées à la FSU ?) : les CR2 en étant exemptés, elle pourrait facilement rapporter 15 000 euros si 50 CR1 donnent 50 euros, 100 DR2 donnent 75 euros et 50 DR1 donnent 100 euros (dont une partie est déductible des impôts), sans oublier les IR et certains retraités dévoués à la cause ? Ne pourrait-on pas s’adresser aussi à d’anciens syndiqués actuellement en retraite ?
Syndiquer beaucoup plus de jeunes que maintenant : c’est la piste la plus importante et des orientations pour aller vers cet objectif ont été abordées dans le premier chapitre. Le déploiement de l’outil Web que nous développons ci-après est important pour cela, notamment pour faire du syndicat un lieu de vie où les syndiqués de base (et même les non syndiqués) pourraient s’exprimer et dialoguer.

Quel syndicalisme pour le SNCS ?



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