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CTPMESR mai 2008: boycott de la réunion d’information sur le rapport d’Aubert

mmSNCS-FSU24 juillet 2008

Analyse autour du rapport d’Aubert, remis par la FSU lors d’une réunion d’information sur ce rapport, du CTPMESR. Etant données les déclarations récentes faites par la ministre dans les médias à propos du découpage du CNRS, l’ensemble de la parité syndicale a boycotté la réunion.

Déja dans les états généraux de la recherche il était souligné que celle ci devait se développer au niveau des universités, et qu’un meilleur équilibre devait être recherché entre les niveaux national, régional, et international.

Ce n’est donc pas cette aspect de la loi LRU qui peut nous contrarier, mais plutôt les menaces qu’elle fait peser sur le service public de recherche,

  abandon progressif du soutien de l’État, gage d’indépendance, au profit d’une dépendance croissante envers le secteur privé et de ses intérêts particuliers;

  développement d’un mode de gestion faisant la promotion du pouvoir personnel, de l’arbitraire : une soi disante « excellence » qui aboutit en réalité à une authentique perte de qualité.

Le rapport d’Aubert qui vise à rénover le partenariat pour la recherche entre universités, grandes écoles et organismes de recherche propose certaines perspectives attractives :

  affirmation de la nécessaire pérennité (évolutive) des laboratoires

  rôle national des organismes, UMR réaffirmées, double tutelle ,

  Partenariat enseignement recherche équilibré, avec une capacité d’autonomie scientifique (par des unités propres) pour organismes et universités

  organismes et universités doivent assurer conjointement le suivi des laboratoires

  simplification et harmonisation concernant les marchés, nomenclatures associées, gestion des frais de missions

  Mise en cohérence des systèmes d’information (finance, personnels)

  Reconnaissance de la nécessité des reports budgétaires d’une année sur l’autre, en matière de planification scientifique en particulier, et de la définition de regles claires

  harmoniser la fiscalité (TVA) sur le plus avantageux pour les laboratoires

  réflexion sur la valorisation et les questions de copropriété, les relations industrielles

  Le besoin de restauration sociale est pris en compte

  Recommandations nationales pour la présentation des affiliations dans les publications scientifiques

Mais au dela de ces annonces, d’autres propositions semblent déboucher sur des perspectives funestes pour le service public de recherche. Les organismes et la représentation élue de la communauté scientifique, en particulier le comité national et les conseils scientifiques qu’il contient sont ils en passe d’etre remplacés par des structures opaques type ANR, AERES, et le ministère ? Le rapport contient des contradictions qui peuvent être des ferments de telles évolutions
• Contrat quadriennal géré uniquement par l’université, avec les organismes s’y associant après coup par convention : n’est ce pas en contradiction avec l’idée de partenariat global autour de la gestion scientifique des UMR ?
• la plupart des unités seront hébergées par une université, sous mandat de gestion unique : quelles sont les garanties que cela ne conduise pas à une partition des unités dans la gestion scientifique des organismes ? On évoque d’ailleurs l’abandon de la labellisation pour de nombreuses unités
Par ailleurs les fluidification et harmonisation annoncées dans la gestion des personnels débouchent aussi sur des perpectives de bricolages locaux des statuts par des comités ad hoc, et l’externalisation de l’administration :

  La systématisation de l’usage local de primes pour l’harmonisation débouche de fait, donc en réalité, sur la suppression des statuts et l’arbitraire pour tous

  CDD et CDI sont développés en concurrence des postes statutaires

  la mission de recherche est mise en danger pour les chercheurs et enseignants chercheurs, notamment par une modulation du temps de recherche des chercheurs à travers des conventions prises par les organismes

  la systématisation de comités locaux, déjà largement contestable pour le recrutement des personnels de l’université, est étendue aux chercheurs des organismes.

  Contrairement a ce qui était affirmé par la ministre il y a un an, l’affectation des personnels des organismes dans les universités semble de fait programmée par de telles mesures

  Outre cette apparente perfidie dans la communication ministérielle, c’est surtout le comité national, élément essentiel de la qualité de la recherche publique francaise, de sa nécessaire liberté intellectuelle, qui est ainsi discrètement étranglé

  Le rapport confirme la tonalité générale des réformes : elles programment une dégénérescence de la collégialité par nettoyage ethnique des élus

  Ce n’est pas seulement au niveau scientifique que se joue la disparition du service public, comme le programme d’ailleurs systématiquement la RGPP : concernant l’administration et la gestion, les perspectives de mutualisation universités-organismes suggèrent même aussi une externalisation de ces services

On note de plus qu’aucune précision n’est donnée sur les modalités de financement des mesures préconisées.

En résumé, Mme la ministre a annoncé que l’on passait maintenant dans la phase II de modification des fonctionnements des organismes et des universités. Pour que cela soit un progrès et non pas une régression pour le service public de recherche, il faudrait que cela corresponde a une meilleure articulation entre universités et organismes, et en particulier entre leurs instances représentatives qui sont souvent négligées ou menacées par les réformes prétendument modernes actuelles qui imposent en fait les mesures les plus régressives.
Il faut améliorer encore le service public de recherche, pour tirer le meilleur parti à la fois d’organismes comme le CNRS, qui sont parmi les plus visibles et les plus reconnus au niveau mondial, et qui sont des références mondiales en matière de qualité grâce en particulier au comité national de la recherche, et des universités de grande qualité et qui sont présentes sur tout le territoire national.
Pour cela il faut s’appuyer sur la communauté scientifique de l’enseignement supérieur et de la recherche, c’est-à-dire sur ses instances représentatives dans les universités et les organismes, qu’il convient de développer et d’impliquer partout ou elles peuvent jouer un rôle. Il y a la un défi à relever à la fois pour la communauté scientifique et pour les autorités en charge de l’administration de la science.

Le service public de recherche et d’enseignement supérieur français est composé de personnels compétents et motivés qu’il convient d’associer pleinement a ce grand projet ambitieux du dépassement des frontières de la connaissance et du progrès humain associé. Même si des données statistiques peuvent toujours être utiles, ce ne sont pas des procédures de gestion automatisées qui doivent conduire l’exploration de ce qui n’est pas encore connu. En matière de stratégie scientifique, la créativité et l’intelligence doivent être les ultimes références. Il faut pour cela s’appuyer d’abord et pleinement sur la communauté scientifique la plus large.
La mauvaise solution serait d’aboutir, par abus de fluidification du type de celle envisagée à travers les fondations, à une dissolution de la communauté scientifique de la recherche publique du niveau des personnes a celui des structures, par dégradation des statuts, remplacement des instances représentatives élues par des comités ad hoc instituant une nouvelle féodalité, réduction progressive du rôle des organismes par transfert vers des structures opaques type ANR ou fondations RTRA, évaluation superficielle et brutale par des indicateurs quantitatifs grossiers, et pilotage automatique irresponsable à partir de telles informations.
Les instituts qui sont envisagés dans le plan stratégique du CNRS à la suite de la lettre de mission ministérielle sont des organes à fonctionnement administratif visant à être conseil de l’ANR et surtout à effectuer la mise en œuvre de ses programmes, à l’aide d’un système de gestion de projet technocratique. Derrière eux se profile l’objectif ultime de tout cette plomberie manageriale : un édifice désespérément cadré, militaro bureaucratique, peut etre sur le modèle d’ EPICs, qui s’il existe devrait en tout cas se limiter à la sphere militaro industrielle.
Mais justement, l’objectif du pouvoir actuel est probablement d’enfermer toute l’activité humaine dans cette sphère….
En 2007 l’internationale de l’éducation a voté une motion intitulée « pour un service public d’enseignement supérieur et de recherche » qui dénonçait ces dérives managériales, y compris dans des pays qui ont un système très différent du notre, basé essentiellement sur des universités complètement autonomes. Ceci s’inscrit dans une politique de prise de contrôle par le pouvoir politique ou financier qui n’est pas limitée à la recherche publique, par une normalisation vers un système de plus en plus privé. Ceci s’est particulièrement développé dans les années 90 avec en particulier l’AGCS. Actuellement cela s’accélère en France avec les effets du développement du pouvoir personnel : ce qui menace la presse à travees l’AFP et la télévision procède des mêmes recettes managérialo économiques avec lesquelles on envisage de faire disparaître le palais de la découverte, pourtant le fleuron centenaire de la communication scientifique, dont on prétend par ailleurs reconnaître le besoin urgent et la rareté.
Faire disparaître le palais de la découverte au profit d’un restaurant serait comme de raser le petit et le grand palais pour en faire grand projet immobilier moderne et juteux : une trahison du patrimoine historique, esthétique et culturel. Pourrait on d’ailleurs avoir ici quelques informations sur les intentions du ministère par rapport au palais de la découverte ?

En l’absence de garanties quand aux dérives qui sont meme annoncées en filigrane, on ne peut que dire non au projet décrit dans le rapport Aubert, même fardé de quelques bonnes propositions. Le temps est encore moins que jamais à la confiance aveugle, alors que les sondages indiquent qu’en un an la moitié des supporters initiaux du gouvernement ont réalisé qu’ils n’avaient pas voté pour ce qu’ils croyaient.
Il faut refuser avec détermination que sous couvert d’objectifs prioritaires on mette les moyens avant la fin, qu’on oublie le sens pour la gestion, créant ainsi une bureaucratie moderne qui n’a rien a envier à la féodalité ou la monarchie pour l’appauvrissement intellectuel qu’il génère: cette soi disant culture à base de projet qui ressemble fort a la culture star academie et ses boy’s band.
Au CTP du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche nous avons le devoir de dire non à cette normalisation abrutissante.
Il faut sauver le CNRS. A travers sa disparition et l’arbitraire qu’on cherche à imposer dans toute la recherche et l’enseignement supérieur public avec la LRU et le pacte, c’est la référence de qualité scientifique et d’expertise indépendante qu’on cherche à manipuler, ce sont la liberté académique, la diversité intellectuelle et la liberté intellectuelle qui sont attaqués.
C’est l’affaire de tous les citoyens de défendre la démocratie, la liberté, et en fin de compte l’humanité comme qualité, et à travers le progrès de ses connaissances, comme étant les principaux objectifs et performances qui devaient être réellement la priorité.

note :

1)université est utilisé ici pour universités et grandes écoles

2)CTPMESR = comité technique paritaire du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche



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